BATTLE ROYALE L'EXAMEN ▬ Event n°2 [FINI]

Alors que les professeurs, avec l'aide des surveillants, passaient entre les derniers candidats, Perceval faisait de même son carnet en main. Il avait dessiné un plan de la carte sur une double-page, de tête et en regardant par-dessus l'épaule de MadMax quand de nouvelles zones avaient été éliminées.

Puis, il avait continué à marcher, suçotant son crayon pour aider sa concentration. Liste de participants sur le côté, il avait rayé avec grand sérieux les noms de Dainty et Ginger, les dernières éliminées de la compétition. Pour Ephélide, Hammer et Blythe qui s'étaient tordus de douleur récemment, il émettait encore une mine indécise à rayer. Visiblement chacun semblait avoir eu de la chance et de n'être que blessé mais à quel prix ? Vu comment Blythe avait chuté sur le dos dans l'aire de jeu des enfants et la Shape criait instinctivement à cette réalité "trop vrai" dans l'herbe du parc, les blessures devaient être aussi moches que celle d'un Jinx levant en l'air sa main comme si il lavait sa plaie imaginaire à l'alcool.

D'une moue dubitative, le Word reprit sa marche en griffonnant ses suppositions quant aux déplacements de chaque groupe et des armes qu'ils devaient détenir. Vu le mouvement de poignet de Spray ça devait être une grenade et Nihil un arc. La question serait quel type d'arc ? Puis occidental (quel siècle ?) ou japonais ?

Il étouffa un grognement de dépit, sa défaite encore coincée dans la gorge. Son expérience dans l'île avait été déroutante au début. Il y avait eu d'abord la peur indicible de sentir le collier exploser (quand bien même une part de lui répétait que tout n'était qu'une simulation) puis l'horreur de devoir choisir de tuer l'un de ses camarades. Rien de comparable aux campagnes D&D où le dilemme de tuer ne touchait toujours que de la fiction. Là ça n'était pas tuer le personnage elfe d'Angel mais bien Angel lui-même. Après réflexion, il en était arrivé à la conclusion qu'il n'aurait pas les tripes de le faire. Contrairement à certains, si ce n'est tous les orphelins. Parce que Perceval avait eu trop l'habitude d'être un bouc émissaire pour ne pas être sceptique quant aux valeurs de quelques uns.

Pourtant, au lieu de se suicider, il avait choisi de rester dans la compétition uniquement par pur défi de vivre une campagne grandeur nature et de voir comment il pourrait parvenir à contourner les règles et déduire les stratégies de chacun. Par chance, on lui avait attribué comme arme un shinai. Pas de quoi à tenir conte un fusil - encore moins contre un Shape (pire Bully et ses talents à l'escrime) - mais au moins dans un corps à corps il pouvait espérer tenir quelques secondes de plus.

Hélas, alors qu'il avait quasi déduit l'emplacement du drapeau, lui et son binôme avaient été éliminé par un groupe adverse. Avant même la fin de la première nuit. Quand il disait que les autres avaient pas de race.

— Je te jure, ça me déprime j'aurais pu avoir le drapeau. Il m'aurait suffit trois zones et on y était, grommela le jeune garçon en s'asseyant près d'Angel à l'ombre de l'arbre ou Pure continuer de lire son livre.

Un temps où il ne fit que regarder, coude sur son genou et menton dans sa main. La brise anglaise était fraiche, tellement plus fraiche que cette humidité lourde sur l'île. Floyd et Matt avaient vraiment fait quelque chose d'incroyable même si le principal génie n'était autre que Wammy. Perceval se demanda ce qu'une telle invention apporterait dans des campagnes D&D ou des reconstitutions historiques dans les musées. Puis, la compétition sembla s'emballer.

— Purée...mais Spray est tellement une brutasse j'aurais jamais cru... siffla-t-il.

Avant que Nihil ne vienne réviser son jugement en décochant une flèche à un.e Smooth qui n'avait visiblement jamais mesuré le poids de cette mise en situation. Il abandonna casque VR, carnet et ses amis un instant pour venir près de lae Shape qui retirait son casque.

— Hey, ça va ?

Le coeur affolé par les horreurs qu’il voit sur l’écran, Kama court de droite à gauche, transportant tantôt des carafes de limonade glacée (pour étancher la soif des sportifs et sportives du jour), tantôt des chocolats chauds (pour réconforter ceux qui venaient de subir une mort explosive).

En foulées rapides et légères, il fait des allers-retours entre la cuisine et le parc, apportant avec lui des scones tièdes et des cookies encore moelleux.

Silencieusement bien sûr, il distribue les douceurs et s’assure que les revenants•es ne sont pas blessé•es, prodigue des sourires et des tapotements réconfortants.

Lui-même n’avait pas tenu bien longtemps sur son île avec DJ. Il avait à peine compris ce qu’on lui avait hurlé à l’arrivée, mais l'ak-47 dans ses mains avait suffi de lui faire comprendre qu’il ne voulait pas participer à ce jeu-là.

Ils avaient vite jeté les armes et exploré la forêt, goûté des baies, des champignons (même si à la fin, ils n’avaient fait que piller le potager de Mhing), escaladé des arbres, profité de ces vacances virtuelles en somme, jusqu’à ce que leur zone explose d’elle-même et ne les fasse revenir au jardin à Winchester.

Il s’arrête devant deux filles (Ginger et Pure), assises main dans la main qui semblent communier leur colère sourde et douloureuse, s’agenouille près d’elles et pose le plateau sur lequel des tasses de thé cliquètent. C'est au même moment que Wave arrive et leur parle d'ailleurs, mais le flot de ses paroles lui échappe, alors il souffle doucement, comme pour lui-même, en leur tendant les tasses de thé :

— Ça va vous faire du bien.

Kama les regarde dans les yeux, verts et perçants de l'une, sombres et expressifs de l'autre, ce qu’il n’oserait pas faire en temps normal.

— J’admire beaucoup votre courage.

Lea Shape manqua de les faire tomber par son étreinte. Perceval tangua mais il réussit à reprendre son équilibre et rit avec iel. Comme à son habitude le débit de Smooth était sans le souffle et avec l'énergie d'une pile duracel mais contrairement à tous les jours, Perceval se prenait à apprécier sa frénésie et son affection. Quelque part cet examen avait un goût inhabituel et se retrouver prenait un autre sens.

— Vrai ? Toi aussi tu m'as manqué s'étonna-t-il d'un sourire mais sans le sarcasme de coutume parce que les démonstrations d'affection de Smooth lui semblaient moins superficielle que de coutume.

Il désigna à son aîné.e le buffet pris d'assaut par des orphelins éliminés mais affamés.

— Tu dois avoir faim et si tu me racontais ce que tu as vécu pendant qu'on mange ?

Alliant le geste à la parole, le Word commença à marcher. Non sans avoir ramassé le casque de Smooth (non cassé ouf). Il le rendrait à un surveillant près du buffet.