Time in a bottle || MadMax [terminée]

Physique : 1m82 pour 75kg / Des yeux verts, des cheveux bruns tellement foncés qu’ils paraissent noirs / Quelques cheveux blancs apparaissent doucement au niveau de ses tempes / Une vue exécrable derrière ses lunettes rondes / Une barbe toujours parfaitement bien taillée / Pattes d’oie et rides du lion / Une grosse cicatrice sur le visage, au-dessus de l’œil droit / Une seconde plus discrète dans sa barbe, toujours à droite, qui taille sa lèvre en deux / Assez musclé, s’entretient alors qu’approche la quarantaine / S’habille très sobrement, jeans, pulls, chemises / Peut porter toutes les couleurs mais jamais de motifs / Une alliance striée en or cuivré à son annulaire gauche

Caractère : A trop se taire, on peut devenir invisible. C’est que parfois on peut entendre, au détour d’une conversation sur sa personne. Max est une personne discrète et peu bavarde, il est le muet que l’on peut ne pas entendre parfois une journée durant. Max ne parle que rarement, sans s’embourber dans les détails, toujours direct et droit au but. Renfermé sur lui-même et pourtant étonnamment au courant de tout, de tout ce qui se dit, de tout ce qui se passe - pas peu fier de son sens de l’observation affuté, de ses oreilles qui trainent et qui captent tous les détails. Max est un travailleur aguerri, sérieux, concentré et rigoureux, en plus doté d’un instinct et d’une intuition rarement faillible. Des mots qui font fureur sur un CV, il est vrai. Pourtant, Max peut vite devenir colérique si les choses ne se passent pas comme lui l’avait prévu, si les délais s’allongent, si des détails se rajoutent, si on ne le comprend pas immédiatement.

Max est un solitaire certain, apprécie peu les équipes et les équipes le lui rendent bien, il préfère travailler dans l’autonomie puis mettre ensuite en commun, profiter des compétences de chacun sans pour autant se marcher dessus les uns les autres. Rarement il prend des initiatives, parfait suiveur, il est quelqu’un de calme et de discret, d’une apparente impassibilité, d’un sang-froid et d’un savoir-faire qui inspire la confiance d’autrui.

Une carapace de calme et de sang-froid, qui pourtant peut rapidement se briser dès lors que lui échappe la situation, le contrôle, la conversation. Alors Max facilement se braque, se met sur la défensive et se renferme sur lui-même. Il est excessivement désorienté par la société qui évolue autour de lui, souvent perdu dans toutes ces conventions, souvent déboussolé, souvent maladroit tant dans les gestes que dans les mots. Max peine à maintenir ses relations sociales, c’est souvent les autres qui le supportent et le maintiennent plutôt que lui qui va vers eux. Max peut sembler ambivalent sur ce point, curieux de tout et incapable de rester sobre, à s’émerveiller de tout et d’un rien, pourtant vieux-jeu et terriblement en retard, dépassé par ce monde qui avance trop vite pour lui. Max reste un grand enfant, encore un peu trop rancunier, encore un peu trop gamin dans ses réactions. Toujours à garder une peur panique du noir.

La première image qu’il possède dans sa mémoire, c’est celle d’une chambre d’hôtel miteuse, aux fenêtres colorées de vermeil. Ici, il ne fait jamais vraiment nuit, il ne fait jamais vraiment noir. La lumière du jour est bien vite remplacée par celle des néons rouges lorsque le soleil se couche. Maman travaille la nuit. Dans ces moments-là, il peut aller voir les réceptionnistes de l’hôtel pour qu’elles s’occupent de lui. Elles sont gentils les réceptionnistes, elles lui font des poffertjes, elles jouent aux dés avec lui.

Il ne faut pas déranger Maman. Maman travaille.

Maman n’est pas souvent là, la nuit ou le jour. La nuit, elle travaille. Le jour, elle dort. Parfois, il va dormir avec elle, une fois qu’elle est seule dans sa chambre. Il traine toujours avec lui derrière lui sa peluche de Miffy. C’est Maman qui lui a offert, Maman est gentille, Maman est jolie.
Maman est jeune.

Aujourd’hui, Maman ne se réveille pas. Maman reste endormie dans le creux du lit, Maman a froid et les lèvres bleues. Maman est allée dans la chambre avec un homme, en pleine journée ce n’est pas si commun. Et lui, caché dans le placard, a entendu le ton monter et les coups pleuvoir. Les mains restées autour de son cou, un peu trop longtemps probablement.


Aujourd’hui, Maman ne se réveille plus. Il ne comprend pas vraiment. Après tout, il n’a que quatre ans.


Maxi-…milian ? C’est bizarre comme prénom.

Voilà trois mois qu’il est dans sa nouvelle famille, famille d’accueil comme ils disent. Trois mois qu’il n’a pas pipé mot, trois mois de silence et de mutisme. Trois mois à tenir du bout des doigts sa peluche de Miffy. Il a découvert l’école, quelques semaines et déjà il étonne. Le gamin a déjà appris à lire, il sait déjà compter, des opérations basiques comprises en jouant aux dés, il recopie ce qu’il lit, il dessine ce qu’il entend, une mémoire visuelle affolante, mais également des chiffres, des nombres, des dates.


Maxi-…milian ? C’est bizarre comme prénom.

Elle, c’est Lydia. On a pensé que le mettre en relation avec d’autres enfants de son âge pourrait être bénéfique. Elle, c’est Lydia, la fille de sa famille d’accueil. Lydia, elle parle tout le temps, elle parle de tout. Lydia ne s’arrête jamais. Lydia, elle a déjà pris Miffy pour lui dessiner un sourire au feutre - il a pleuré, on a défiguré Miffy - mais maintenant, il refuse qu’on l’efface. Lydia, elle sera la première à entendre sa voix, bien des mois encore plus tard.

Lydia, c’est son premier grand amour.


Un établissement pour les enfants comme lui, lui a-t-on dit. Il sera l’un des premiers à y mettre les pieds, cinq années déjà derrière lui. Souvent, il demande pourquoi Lydia n’est plus là, pourquoi Lydia n’a pas pu venir ici elle-aussi. Et à toujours traîner derrière lui sa peluche de Miffy, c’est ce nom qu’il finira par adopter ici.


Cap ou pas cap ?
Le jeu fait fureur ces derniers temps, paraît-il. C’est ainsi qu’il se retrouve en équilibre sur les branches du grand chêne. Une ascension difficile d’autant plus qu’il n’a plus ses lunettes sur son nez. En bas, les plus grands rigolent de leur jeu, ses yeux dans leurs mains. L’orphelinat n’est plus si vide qu’à son arrivée désormais, ils sont nombreux, bien plus nombreux. Tous pareils, tous différents.


Trois ans déjà, anglais parfait.

Et alors il s’exécute, avec maladresse et hésitation, hésitation fatale. Une branche en plein visage, la vitesse de la chute, on a cru qu’il allait perdre un œil, le droit pour être précis. Une cicatrice pour un pari raté. En vérité, il ne se souvient plus vraiment de l’après, juste quelques mois alité – il s’est également cassé le poignet. Au moins, il a de nouveau ses lunettes sur le nez.


On grandit un peu loin de tout ici, loin de la vie, loin des autres. Pourtant, on finit par s’attacher à cet endroit, bien loin de l’unique famille qu’il ait eu – parfois, ça lui rappelle des souvenirs, les réceptionnistes de l’hôtel qui étaient si gentilles à jouer aux dés avec lui. Tout ceci semble aujourd’hui si loin.


Il tousse à s’en déchirer les poumons, toux sèche et douloureuse, odeur âcre de la fumée autour de lui. A quinze ans, il fume sa première cigarette. Parce qu’on la lui aura proposée, tout simplement. Il suit toujours un peu le groupe, cherche à faire comme les autres, s’intégrer de cette manière vicieuse qui est la sienne. Parfois il apprend des secrets, menace de les répéter pour se faire apprécier, il force les interactions maladroitement. En vérité, il n’a pas vraiment d’ami ici.


Il se dit que ce sera probablement sa dernière.


Oh, il pensait qu’il l’aurait oublié. Depuis toutes ces années.

T’as toujours cette vieille peluche ?

Retour au pays, maintenant que l’école est finie. A commencer des études supérieures, master de psychologie. A recroiser Lydia, après toutes ces années maintenant. Miffy a un peu une tête catastrophée, la peluche vieillit et les traces de feutre se ternissent. Lydia a eu du mal à le reconnaître, lui il ne lui a pas fallu plus d’une seconde. Il a toujours été un peu amoureux de Lydia, depuis gosse, depuis gamin.


T’as toujours cette vieille peluche ?

Elle, c’est Lydia. Il a toujours été un peu amoureux de Lydia, depuis gosse, depuis gamin. Jamais il ne l’a dit, à personne, jamais, pas même à lui-même. Alors encore il le cache, voit les autres l’aimer, multiplie les conquêtes et les coups d’un soir pour faire passer cette obsession.


On ne sait pas comment, on ne sait pas pourquoi, mais on finit ensemble main dans la main. Un soir qui se transforme en plusieurs, des doigts qui glissent dans ses cheveux, des petits-déjeuners ensemble, des journées qui s’allongent. Peu à peu et les années passant, les affaires se rassemblent, d’abords des shampoings et des gels douche, puis des quelques vêtements et enfin une armoire commune. Quelques mois plus tard, la voilà en robe blanche et lui en costume noir.


Il commence une carrière, la police scientifique sans être dans les laboratoires, ça sonne toujours un peu étrange aux oreilles d’autrui. Expert en documents et écriture, savoir déchiffrer une signature, déceler le vrai d’un faux, une copie et une reproduction. Déceler la contrainte dans les écrits. Parfois aider les enquêteurs, à définir un profil psychologique.


C’est incroyable comme un simple bout de papier peut changer une vie. Aujourd’hui, Lydia a pleuré parce qu’une carotte était plus petite que les autres, dans le bocal. Maintenant, bébé carotte trône dans la cuisine, à côté des couteaux en céramique. Lydia est étrange, Lydia ne veut plus manger de viande rouge, mais Lydia avale du poisson pané trempé dans de la crème anglaise. Des envies étranges, Lydia en a souvent maintenant. Elle a acheté un tapis rouge et rose, elle dit que ça ira bien avec les rideaux verts achetés la vieille.  Lydia est un yoyo émotionnel, colère et tristesse se succèdent, euphorie parfois, déprime souvent.


Oh, il voulait savoir lui. Mais tant pis.

Le ventre de Lydia s’arrondit de jour en jour, à craindre un peu plus chaque matin son physique, à lui demander s’il la trouve toujours aussi jolie. Lydia est sur les nerfs en ce moment, encore plus avec le déménagement. Il a fallu investir dans un appartement plus grand, plus spacieux, une chambre en plus.


Il ne pensait pas que l’accouchement serait aussi intense. Terrifiant. Effrayant. Long. Dix-sept heures de travail, des salles blanches et Lydia qui s’énerve toujours plus à mesure que le temps passe. Il ne se souvient pas tellement de la suite des évènements, juste qu’il a vomit ses tripes dans un récipient en forme de haricot, Lydia qui lui tape sur le dos entre deux contractions, un air ailleurs et absent alors qu’il coupe le cordon.

Stanley.

Stanley, c’est un mini-lui, à trop lui ressembler étant enfant, les cheveux trop bruns, des lunettes sur le nez à un an à peine. Sa mère seulement se remarque dans ses yeux, d'un brun noisette teinté de vert. On change de boulot pour s’adapter à son arrivée, au revoir la police et les enquêtes, les soirées qui s’allongent et qui n’en finissent pas, les heures passées au bureau et les soirées à ne pas rentrer. Stanley, c’est tout ce qui compte désormais. Stanley, il a hérité de Miffy, à se séparer de son bien le plus précieux pour son fils.


Revenir à cet endroit où il a grandi, déménager plus proche encore, amener avec lui Lydia et leur fils. Rechercher une vie plus stable et plus tranquille, un poste d’enseignant qui se libère, déjà une tête connue ici, ultra-spécialisé dans son domaine. Revenir à cet endroit où il a grandi, rentrer après ces années d’absence.



Encore. Stanley est souvent malade. Très souvent. Trop souvent. Aujourd’hui, Stanley est à l’hôpital, son dernier rhume s’est aggravé. Une pneumonie, dit-on. Jamais ses infections ont été aussi graves, souvent ce sont des otites, des rhumes longs et latents, candidoses orales, beaucoup d’infections ORL. Plus tard, ce sera une varicelle particulièrement sévère. Aujourd’hui, c’est donc une pneumonie. Et l’enfant dans une bulle.


Immunodéficience innée, et un asthme chronique causée par ses infections répétées. Oh. Ça explique bien des choses. Pas si grave, néanmoins, pour en faire un enfant-bulle. Mais Stanley sera traité, tous les mois environ, par une injection d’anticorps à l’hôpital. C’est gênant, mais Stanley vivra sa vie comme les autres enfants.


On s’occupe un peu trop de Stanley, à craindre la moindre infection, la moindre maladie. Lave-toi les mains, lave-toi les dents, à vérifier sa fièvre dès qu’il tousse, qu’il éternue, éviter le contact avec les personnes malades. De plus en plus, Stanley s’énerve et s’en agace. Après tout, il a huit ans maintenant. Doucement arrivent ses neuf.