Event n°1 spécial Pâques 2021 ▬ Ouvert à tous [FINI]

Le coeur de Perceval rate un battement.

Non ! Non ! Ventre saint gris nooooon !?

Mais l'œuf n'est pas trop abîmé, juste un peu écrasé mais encore en état pour être mangé et une preuve de son dur combat dans cette compétition. Un soupir de soulagement s'échappe de la poitrine frêle de l'adolescent. Les jurons latins et en vieux norrois seront réservés pour une prochaine déconvenue.

En attendant, le Word se relance de nouveau dans la course avec un pas plus fragile par crainte de transformer en bouillis chocolatée l'un des trésors éparpillés dans les jardins. Cela serait fâcheux pour les autres orphelins mais surtout Perceval a appris à craindre le courroux de Mello sur le moindre manque de respect envers l'or cacao.

Avec une assurance maladroite, il traîne sa carcasse malingre au-dessus des parterres de fleurs. Le pire serait maintenant qu'il trébuche et là non seulement les chocolats pourraient être perdus mais la colère de Mhing serait sans doute terrible. Il s'accroupit pour mieux chercher un éclat brillant entre les tulipes et les jonquilles.

Soudain.

Encore un ! G-génial !

Et d'une main fébrile, Perceval se saisit de son nouveau butin et retourne vers la vieille bâtisse de l'orphelinat. Un peu plus loin, près du potager, il voit quelques orphelins s'agiter. Il croit reconnaître la silhouette du premier de l'orphelinat et la voix pleine de prestance et de sarcasme de Dainty. Cependant son attention est vite attirée par un autre orphelin occupé à dessiner sur l'une des tables du jardin.

Rien qu'un instant la course aux œufs est oubliée pour la fibre artistique du jeune Word.

B-bonjour Eye. Tu vas bien ? Tu dessines quoi ?

Perceval aime bien les dessins de Eye. Il ne comprend pas toujours tous les sens cachés mais il y a quelque chose dans ces coups de pinceaux et de bombe une sincérité qui le touche. Et puis lui aussi dessine dans son carnet. Pas le même style mais il comprend un peu cette envie de s'exprimer autrement que par la parole.

Caché dans un trou dans un arbre, un ancien nid d’écureuil

Ma foi, j'ai un ticket gagnant.

Après le Nain de Jardin, voilà l'homme et ses oeufs d'Or. Voilà pourquoi je disais précédemment que Pâques était TRES étrange. Je vois un type à terre, avec des cheveux noirs, une peau bronzée et plutôt connue du bataillon. Je le vois aussi me lancer des yeux de Merlan fris.

Alors, ouais. La main sur le coeur, je ne feins pas ma surprise...


A moins que Wave ne soit vraiment un mec louche ?

Je l'observe, de la tête au pied avec son insecte qui glisse le long de sa manche et qui me fait tiquer. Il m'explique. Je trouve ça bizarre, et un peu creepy. Louche dans le sens transparent : il trébuche tellement dans la portée de ses mots que j'aurais pu ressentir de la pitié, si ça avait été dans ma nature.

Et...Mince, qu'il est maladroit... Je me reprends de justesse, en étouffant un rire au moins aussi véridique qu'intimidant.

Il parle de quel plan ? De moi ou d'autres choses ?
Je sais que je vends du rêve, mais tout de même !
Il faut pas me lancer des perches sur les plans ainsi, voyons !


Ce foutu rire ne quitte pas ma gorge. Les soubresauts se manifestent encore dans mes épaules et je peine à réprimer un violent tacle. Tout en m'écartant, je l'invite à se relever.

Ca ne fait pas Dainty. Mais c'est bon d'en rire...


Car j'ai d'autres chats à fouetter. A quelques mètres à peine, j'aperçois mes deux potentiels concurrents. Avec une gueule et un look pareil, n'importe quel orphelin aurait pu les reconnaître sans mal. Near et Mello étaient dans la place ?

Bah ! Ca ne changerait pas grand chose...Mais je comprends un peu mieux les intentions de Wave.


Ma main saisit mon baume à lèvres dans ma poche, pour clore le débat d'un murmure si doux qu'il aurait pu être susurré à l'oreille, presque démoniaque.  


Moi, j'en pense beaucoup de choses. Suffisamment pour jouer avec ma crinière solaire d'un air las. J'ai envie de lui dire le fond de ma pensée : il vaut mieux achever la bête quand elle souffre trop. Et visiblement, Mello n'avait pas conscience de l'image qu'il renvoyait dans cette école. Une telle obsession compulsive vis-à-vis du nain bizarre avec ses jouets, moi-même je ne sais que dire...

Pourtant, c'est la question de mon interlocuteur du moment qui m'interpelle.


D'un doigt presque accusateur, je désigne la moitié d'un arbre, ni trop haut, ni trop grand, mais ce qu'il faut pour réveiller l'imagination débordante d'un enfant. Le trou d'un arbre, le foyer d'une chouette mais encore l'habitat d'un écureuil, ces endroits n'ont-ils pas la prétention d'avoir un certain potentiel, en terme de cachette ?


Tu le pourrais ?
Je l'espère.
Rho, ce n'est pas vraiment "aider" à tricher...
C'est juste savoir donner un coup de pouce à la bonne personne....

Quelque part, je pense que Swan aurait cherché là-haut. Pour cette chasse aux œufs, c'est mon seul référentiel, ma seule grande Ourse dans cette compétition de merde, ma seule logique pertinente. Je me dis que ce trou d'écureuil, au moins aussi roux que la fillette, est un bon commencement. Je pourrais me tromper, mais je ne l'espère pas..

Je tente donc de continuer dans cette lancée, en invitant Wave à m'aider à grimper dans l'arbre de ses petits bras de mâle.

« C'est un jeu. D'ailleurs, si tu ne veux pas jouer, tu peux me donner ça. »

Mello se retourne brusquement, dardant son regard le plus sombre sur son rival de toujours.
L'audace–
le culot–
cet insupportable petit machin tout de neige et de coton, à peine foutu de se traîner soi-même hors de sa forteresse de dominos, gardée par une armée de robots pathétiques qui font bip bip, ose se payer sa tronche ? L'unique œuf qu'il déterre du fond moisi de la botte de Mhing exacerbe une frustration déjà bien présente – la godasse dégueu' du vieux jardinier ventripotent en valait au moins deux. Animé par une soudaine poussée de colère, le blond lance puissamment (quoique la précision souffre de cette impulsion mal maîtrisée) la première – puis la deuxième chaussure vers Near.

«  Tu vas voir, Near, rira bien qui rira le dernier ! qu'il gronde tout en reprenant ses recherches. »

Il décide d'abandonner pour de bon le potager au profit de la cabane du jardinier, vers laquelle il court. Bien sûr cela lui permet de gagner en rapidité – le paramètre paraît tellement évident que son esprit ne le verbalise même pas – mais, surtout, ce petit sprint épuise un peu (un tout petit peu) de cette rage qui bouillonne au creux d'ses entrailles.

«  Eh, cassez-vous, les bouseux, grogne-t-il à l'adresse de Perceval et Eye, qu'il trouve agglutinés autour de la table de jardinage. »

Ce qu'ils ont fait pour mériter une telle animosité ? rien. Seulement, à cet instant précis, leur simple  existence le dérange. (A ce stade, l'existence de n'importe qui ne peut être qu'une source de profonde irritation.) Il observe les environs avec une rapidité acérée, cible quelques points d'intérêt hypothétiques... D'une main frémissante de colère, il repousse quelques mèches qui lui chatouillaient le front.

Les œufs, Mello.

Il trottine jusqu'à la brouette, qu'il farfouille rigoureusement, soulevant et secouant tout ce qu'il y déniche et qui pourrait contenir ou dissimuler un (plusieurs ?) œuf(s).

«  Gimme, gimme more ; gimme more... ; gimme, gimme more, se surprend-il à chantonner entre ses dents serrées. »

Dainty : Oh bordel... j'ai cru que c'était un type louche, mais t'es juste...le mec du journal, non?

Il parlait à Dainty. De toutes ses années à Wammy's House, certes ils avaient été en cours ensemble, s'étaient croisés au QG mais jamais Wave n'avait osé adresser la parole à la jeune femme. Entre autres car elle était souvent fourrée avec Sulfur et qu'il lui semblait parfois que s'il osait lui parler il sentirait les opinions de Sulfur à travers la voix de Dainty. Mais....elle n'était point agressive avec lui? Et connaissait son journal.

Dainty :  Et, tu dois avoir un sacré point de vue sous cette bâche de rêve, en effet ! Entre nous, je n'ai pas tout compris, ou j'ai dû comprendre de travers. Mais je ne vais pas approfondir pour le moment.

Dainty riait, Wave se prit au fou rire de l'anglaise et riait lui aussi, haussant les épaules, les mains, l'air de dire "oui c'est vrai j'ia l'air bien con mais bon". C'était un mélange pour sa part de véritable fou rire et de nervosité exacerbée.

Wave : Ha ha ha ! Oui c'est...c'est bizarre, ha haha arrête j'arrive plus à respirer!

C'est alors que la blonde se tourne vers les deux successeurs potentiels qui se chamaillent à quelques mètres de là, et au vu de la question de Dainty il ne lui a visiblement pas fallu longtemps pour comprendre ce qui intéressait vraiment Wave.

Dainty : Tu lui veux quoi, à Willy Wonka juvénile ? Ah. Oui. Je vois. Faudrait leur dire un jour d'arrêter cette parodie de haine et d'amour. Personne n'est dupe. T'es journaliste, non ? T'en penses quoi ?

Tout dans l'attitude de Dainty le fascinait il fallait bien le dire, un moment douce, un moment succubesque pour eventuellement revenir au sarcasme. Wave ne savait plus où se mettre, il jette un coup d'oeil vers Mello et Near puis regarde Dainty.

Wave : ah mais oui, oui c'est exactement ce que j'essaye de savoir parce qu'il y a vraiment trop de signes, toi aussi tu t'en étais rendu compte, ça veut dire que je ne suis pas fou ! Et puis j'avais demandé à Arsène, c'est ta meilleure amie non ? Arsène elle est persuadée que Mello réfrène toutes ses "pulsions" quelles qu'elles soient en lui...J'ai bien essayé d'interrorger Near...Bon oui j'avoue je cherchais des infos sous cette bâche tu m'as eu, au final je n'ai eu aucune réponse sur Mello et Near mais au moins on...on a pu enfin se parler...! Arsène m'a souvent parlé de toi, enfin elle me ...elle me dit rien sur toi hein! Juste que t'es..cool!!

Il ose un petit sourire, vraiment quel nul il fait, pathétique comme speech, il se masse un peu la nuque, c'est alors que Dainty change de sujet.


Dainty :  J'avais pas prévu de jouer, mais la chance me sourit tellement que je vais peut-être m'y pencher davantage. J'ai besoin d'un p'tit service et...Tu gardes ça pour toi.

Inutile de dire que Wave rit nerveusement, complètement troublé par ces sortes de ...sous-entendus ? Et ce ton de voix...menaçant ? Son interlocutrice lui parle de ses théories sur la chasse aux oeufs, Wave acquiesce, un peu trop. Il acquiesce pour ne pas donner l'impression de s'être transformé en statue et car il est réellement d'accord avec Dainty. Il tente de reprendre un air cool pendant qu'elle lui montre un arbre.

Wave : Le ...le danger ? -S'éclaricit la voix- ah ouais clairement, faut du challenge !

Dainty : Tu serais capable de m'aider à grimper ? T'auras ton bon plan en plus. Un Plan nature et champêtre, un plan vu de haut. Un plan qui claque !

Wave : un plan nature??? ah euh...euh oui un plan de ... de caméra c'est bien ce que je pensais, ahem, attends, on fait comment.

Il pose son matériel par terre et tourne un peu autour de Dainty d'un air idiot, lui demandant visiblement où il devrait se placer, désireux d'aider, mais pas assez sûr de lui pour établir comment aider.

Wave : Je ...on fait la courte échelle, ou je te porte ? Attends haha j'aide pas souvent à monter à un arbre, attends ça va le faire.


C'est qu'il n'est pas particulièrement musclé le petit Wave, enfin au moins sa main reste entrainée chaque soirée -pour écrire évidemment- il n'est pas non plus une loque, alors il tente le tout pour le tout et se positionne devant Dainty pour lui faire la courte échelle. En espérant qu'elle s'aide des branches car sinon il n'est pas assez fort. Enfin elle n'est pas très lourde non plus. Mais il a maintenant le nez vers le ventre de son crush. Il est en sueur totale.

Wave : ....aaah....ça va tu y arrives? Fais gaffe de pas te faire mordre par une bestiole?? J'avais fait un article sur les écureuils de la Wammy's House, je crois que la sélection naturelle a créé une nouvelle race à cause des orphelins fous qui essayaient de les attraper du coup ils sont super agressifs dans ce parc !!

Dainty récupère visiblement des oeufs et Wave sourit, tout content d'avoir pu l'aider à progresser dans la compétition.

Wave : ah mais trop bien!!! Tu avais grave un esprit d'enfant du coup  ! Enfin pas que tu sois une enfant...tu es clairement pas une enfant...enfin euh pas que je pense que tu ne sois pas une enfant, enfin bref tu avais bien pensé le truc! Si ça te dit je le noterai dans mon journal ? Aïe par contre je vais lâcher!!

La chaussure lui échappe des mains et il perd l'équilibre, tombant sur les feuilles mortes, Dainty avec lui, afin de créer une scène tout à fait clichée de séries télévisées où les deux héros se retrouvent l'un sur l'autre par terre après une chute, et le petit coeur de Wave explose un peu dans sa poitrine. (parce qu'il a eu peur pour sa caméra. Mais bien plus car Dainty n'a jamais été aussi physiquement proche de lui)

Wave : ........PARDON, CA VA ?? Tu ??? Tu respires?? Dainty??

Mello esquisse un maigre sourire alors qu'il jette ces deux nouveaux chocolats dans le seau, avec les autres. Voilà une récompense digne de ce nom. Il recompte rapidement, hausse un sourcil dubitatif – il va lui falloir accélérer davantage encore, s'il souhaite remporter cette foutue chasse aux œufs.
(… D'ailleurs. Avant qu'il ne se laisse emporter – comme chaque année – dans ces histoires, il s'apprêtait à faire quelque chose – mais quoi ? Avec quelle facilité la compétition lui fait oublier tout le reste.)

Il essaye d'ouvrir la porte de la cabane – fermée à clé. L'idée de crocheter la serrure lui traverse l'esprit – après tout, ça fait partie de ce qu'on leur apprend à faire –, toutefois il n'a rien sur lui qui pourrait lui servir à faire sauter le verrou, et chercher quelque outil lui paraît contre-productif. Il n'y a que Matt pour s'amuser à aller chercher un objet à la con, qui lui permettra d'obtenir une clé, avec laquelle il ouvrira le donjon, au fin fond duquel se trouvera l'Epée ultime de merde, sans laquelle il ne pourrait vaincre Dieu seul sait quel ennemi en 2D...

Le jeune garçon se mord brusquement l'intérieur de la joue. Il n'arrive plus à maintenir sa concentration. S'ils n'étaient pas déjà morts, à l'heure actuelle, il vendrait père et mère pour...

Un peu de.
Chocolat.
…
Non.
Ça suffit.
Ça. Suffit.

Il s'oblige à prendre quelques profondes inspirations, les yeux entre-fermés, après quoi il farfouille les environs proches de la cabane. Les pots, les sacs vides ou remplis de terreau, les boîtes à outils... Au cours de ses recherches acharnées il trouve ce qui semble être... l’œuvre la plus récente de Eye (dont il aurait bien volontiers arraché la langue).

A vrai dire il... il a de la peinture, d'un bleu aussi clair que le ciel en ce jour de printemps, étalée sur les doigts.

«  … Putain Eye ! »

Mello empoigne le tissu noir de son tee-shirt et s'essuie les mains avec, maculant donc le coton léger de la trace bleuâtre de ses mains ; après quoi il s'emploie à vérifier la lampe posée à même le sol, à côté de cette maudite table de jardin. Il la secoue, l'entend émette comme un bruit de grelot sourd. Bingo. Résistant à l'envie de casser l'objet, il décalotte le chapeau de cuivre, retire le cylindre de verre...

Le soleil brillait, pour une journée à Winchester il faisait chaud et vu que tout le monde était dehors il aurait été bien triste de rester à l'intérieur de la froide bâtisse. Non, Vin préférait bien plus les bains de soleil pour les journées ensoleillées. Il avait sorti sa serviette préférée, celle qui représentait un dauphin sautant devant la pleine lune et l'avait étalée sur l'herbe fraiche dans le parc. Il fallait bien qu'il maintienne son teint hâlé car en ce moment personne ne le croyait lorsqu'il se disait italien. Il se transformait petit à petit en anglais et ce n'était pas avec ça qu'il allait être séduisant.

Alors voici Vin, en maillot de bain, lunettes de soleil, allongé dans le parc sur sa serviette, une petite ombrelle posée à même le sol lui apportant un peu de fraicheur. Il avait pris sa gourde qui contenait de la limonade faite maison, des petits crackers de riz dans une boite et un bon livre qu'il allait commencer : 50 shades of gray. Oui mes amis. Cela allait être une fantastique après-midi. Et Vin souriait, riait, marmonnait, en tournant les pages, ou fronçait parfois les sourcils. Il avait cette tendance à être vraiment expressif dés qu'il lisait, à commenter pendant les films et au cinéma, ce qui lui avait valu de plus être invité aussi souvent qu'il l'aurait voulu.

"ahmm coquinou ce gray" qu'il marmonnait tout seul dans sa barbe en gloussant. Autour de lui les orphelins cherchaient les oeufs mais ils n'étaient que des silhouettes, il s'était caché derrière la serre pour ne pas qu'on le voit.


C'est alors qu'il aperçoit une silhouette fantômatique qui tombe sur le sol non loin de lui. Vin pousse un cri aigüe, pensant voir les fantômes de son passé revenir le passé, ou il ne sait quel pauvre orphelin qui aurait rendu l'âme entre les murs. Ah non, ce n'était que Near. Mais un Near qui était tombé.

Vin : Near?

Le professeur de théâtre se lève de sa serviette, sa bouteille de limonade à la main, il porte toujours son petit slip de bain coloré. Il s'approche du pauvre enfant étendu dans l'herbe et s'accroupit devant lui, le tâtant, bon il est conscient au moins.

Vin : NEAR! Ca ne va pas Near ? Qu'est ce que tu fais là sans protection solaire hein ? Alala ça ne va pas du tout mon petit père ça, viens là.

Near avait toujours eu droit à un traitement de faveur de la part du cadre enseignant, pas vraiment au niveau des notations mais chacun devait faire particulièrement attention à lui. Etant le successeur numéro 1 et doté d'une constitution assez fragile les professeurs étaient briefés pour lui apporter ce qu'il voulait. Même sans ça, Vin considérait tous les orphelins comme ses enfants et il avait bien compris au fil des années ce qui faisait du bien, ou pas, à l'enfant albinos. Vin donne alors à Near sa gourde de limonade et commence à lui tartiner le visage de crème solaire, ce qui le rend plus blanc que blanc, reluisant. Il pourrait aveugler ses adversaires tant il était blanc.

Franchement, j'ai du mal à comprendre ce qui s'est passé.

Moi, Dainty, j'ai tâtonné le trou d'un écureuil de la paume de ma main. J'avais l'espoir un peu fou de trouver quelques œufs pour une période aussi subtile (non) que celle de Pâques, alors que je rechignais il n'y a pas une heure à participer à cette chasse. C'est fou, hein ? Seulement voilà : je suis maintenant accompagnée d'un acolyte improvisé. Et du bout de l'oreille, je l'ai subi un peu, je dois l'avouer. Je l'ai entendu me marmonner des mythes folklorico-Wammysienne sur des bestioles au moins aussi radioactives que celles qui peuplent le petit monde de Tchernobyl. J'esquisse un sourire, certaine d'être la seule à le visualiser mentalement sur mon visage. Merci Wave. Voilà qui est encourageant !

Les secondes passent, et il ne s'arrête pas de trébucher sur ses mots; Une âme aussi pipelette et maladroite ne devrait pas exister. Une terrible envie de lui taper l'arrière de son crane m'est passé par la tête, mais j'ai fini par me raviser. Alors, je me suis concentrée sur ma paume nue et le bout de mes doigts. Sur ce que j'ai à saisir. Pourtant, Wave a l'air de vaciller. Je devine l'équilibre sur ses jambes incertaine. .

Je dois faire vite. La position met à mal mon propre équilibre et, entre nous, je n'ai aucune envie de m'empaler sur une branche d'arbre...

Sans mauvais jeu de mots, hein !


Bref, voilà le topo. C'est comme ça qu'on est tombé au sol, avec toute la dignité d'une chenille. Et j'ai eu mal. Très mal aux genoux. J'ai bien mis une seconde à capter que mon amortisseur était en réalité Wave. Mes yeux l'observent. Le détaillent. Je le sens gênée. Du coup ça me gêne aussi.

C'est fou, ce que la gêne est contagieuse...

Être à terre, ce n'est pas mon rôle pour autant. Prestement, je me relève et je l'invite à en faire de même. Hélas, l'ire au fond de moi réémerge plus vite que n'importe quelle autre émotion. Les sourcils froncés, je m'approche du pauvre homme. Et l'intimide. Autant que faire se peut.


Tournant des talons, j'ébouriffe mes cheveux d'une main, laisse les feuilles tomber avec légèreté sur le sol. Je sors du jardin, pour rejoindre le début du parking. Je croise au passage le vélo de Vin, mon professeur de théâtre. Instinctivement, ma main fouille le panier. Une personne de bon goût pourrait-elle me porter chance ?

Gagné ? Ou pas ?

Au pire, il y a forcément quelque chose d'intéressant, dans le panier du vélo de Vin !

« MELLOOOOOOOOOOO T'ES OU?? »

Le susnommé se retourne vivement – grâce à son ouïe singulièrement développée (comme, d'ailleurs, chacun de ses autres sens), il détermine sans difficulté que les échos de cet appel lui parviennent du Sud-Est. Il réfléchit quelques instants – a-t-il intérêt à répondre à Hyper (il reconnaîtrait entre mille la voix claire et puissante de ce sale gosse) ? sans doute le gamin, qui le connaît assez bien, ne l'interpellerait pas pour rien ? … Sauf que si, à vrai dire. Ce serait totalement son genre.
Cependant.
Cependant, s'il parvenait à le convaincre de chercher pour lui, il gagnerait un avantage incontestable. (Mais... est-ce que ce serait bien juste ?)

Peu importe.

Après avoir reposé la lampe par terre, puis récupéré son seau (dans lequel il jette, avec une moue de mépris, l'unique œuf débusqué sous la cloche de verre), Mello court afin de rejoindre Hyper. L'état déplorable du garçon, couvert de feuilles et de brindilles, ne l'interpelle aucunement – il fronce toutefois les sourcils, perplexe, en voyant la maison à oiseau qu'il tient de ses deux mains.

« Qu'est-ce que... bref on s'en fout, s'interrompt-il lui-même, secouant brièvement la tête comme pour en chasser quelque pensée parasite. Hyper, tu tombes bien ! j'ai une mission de la plus haute importance à te confier ! »

L'éternel second avait quelque chose comme quatre ans, quand il a vu ce tout petit machin babillant et bouillonnant d'énergie débarquer à l'orphelinat. Il le connaît autant que s'il s'agissait, véritablement, d'un petit frère, alors il sait quels mots, quel ton employer pour le rallier à sa cause. Il en oublie d'ailleurs qu'à l'origine, il venait pour voir ce qu'Hyper pouvait bien lui vouloir, à lui, et non l'inverse.

« Il faut que tu m'aides à trouver le plus d’œufs possibles pour... »

Il se préparait à élucubrer quelque histoire de gentils et de méchants qu'il faudrait abattre – en les... bombardant d’œufs au chocolat ? – lorsqu'à nouveau ses yeux s'appesantissent sur la petite maison de bois.

« Non, en fait je dois poser la question : qu'est-ce que tu fous avec ça ? … A moins que – il penche légèrement la tête de côté – … Dis. Par hasard, tu n'aurais pas trouvé des œufs là-dedans ? »