[tw : violence] what goes around comes around - avec Stun

ft. near & stun

A travers le plafond de l'observatoire, les étoiles.
Sous ses pieds, un carrelage froid, sur lequel il est tombé.

En face de lui, deux adolescents le toisent. Il ne sait plus comment ils s'appellent, et d'ailleurs, ça ne l'intéresse pas de le savoir. Ils sont médiocres, ils sont bruyants, ils sont une perte de temps. Il voudrait leur dire. D'ailleurs, peut-être qu'il le leur a déjà dit. Peut-être que c'est parce qu'il leur a dit qu'il a soudain reçu une pluie de coups.

Il ne sait plus comment ils sont arrivés au fond de l'observatoire, entre les instruments de mesure et un bureau délabré sur lequel trône un ordinateur dernier cri. Une mauvaise idée que de l'emmener au seul endroit de l'orphelinat qui vaille le coup d'être visité la nuit ; mais pour cette fois, la chance semble être de leur côté, et les lieux sont déserts. La déferlante de violence ne s'arrêterait donc qu'à leur bon vouloir.

Near s'est enfermé dans sa tête et il ne veut plus en sortir. Le monde extérieur n'est plus qu'une ombre, avec quelques éclats de lumière quand la douleur arrive, vive, par vagues.

Cette médiocrité crasseuse, hargneuse et sans la moindre valeur morale ne devrait pas pouvoir entrer dans son espace vital, elle ne le mérite pas : mais la réalité n'a que faire de ses exigences et elle lui rappelle à sa faiblesse physique à chaque fois qu'elle en a l'occasion.

Les deux ne semblent pas se lasser de leur petit jeu. Leur agressivité vaine l'écrase de son absurdité et il ne peut rien faire pour les arrêter, il ne peut que fermer les yeux et attendre que l'orage passe. Ses muscles ne lui obéissent même pas. Il ne peut ni se protéger la tête, ni se défendre, ni appeler à l'aide. Il ne peut que rester tétanisé, comme un animal pris dans les feux d'une voiture sur l'autoroute.

Pour l'instant, il ne ressent ni frustration, ni colère, ni profond sentiment d'injustice face à ces petites brutes, des sentiments qu'il éprouvera violemment quand tout sera terminé ; pour l'instant, il a juste mal, il a juste peur, il se sent juste profondément seul.

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near & stun

What goes around comes around

Stun, c’est un homme simple : on lui propose de protéger quelqu’un, en échange de quelque chose, et il accepte. C’est ainsi qu’il fonctionne, et il n’y a pas vraiment de problème. C’est un échange de bons procédés, un travail, en somme. Bien sûr, chaque contrat n’est pas à durée indéterminée et si l’on propose au blond un montant bien plus élevé, il changera très rapidement de fusil d’épaule. Heureusement pour toi, Near, cela n’est pas encore arrivé. Stun est alors bien là pour te sauver les miches. Tu peux déjà remercier ta bonne étoile qu’il se soit trouvé au bon endroit, au bon moment. Les étoiles, Stun ne déteste pas ça. Il avait l’habitude de les observer sur les toits des favelas, lorsqu’enfin, on le laissait tranquille. C’était son moment à lui, l’instant où il se retrouvait seul avec ses pensées. Il n’est donc pas rare de l’y retrouver de temps à autre. Remercions aussi sa bonne ouïe, Near. Il faut dire que les persécuteurs, ça aime scander leurs exploits. C’est toujours comme àa que cela fonctionne, les petites frappes.

Bien sûr, Stun est un véritable chien. Et lorsque son maître du moment est attaqué, le sang du brésilien ne fait qu’un tour. La porte n’est pas fermée à clé, il l’ouvre donc tranquillement. Il traverse la pièce à grandes enjambées, tranquille. Il a ce calme des gens qui sont beaucoup trop habitués aux combats. Cette quiétude qui n’augure rien de bon. Le poing est fermé, le poing est armé. Et le voilà qui l’envoie dans les côtes du premier agresseur. Le choc est tel qu’il tombe à genoux, le souffle coupé. C’est que Stun sait mettre de la force dans ses poings pour faire mal. La MMA, ça apprend à faire de ses coups, de véritables armes. Bien sûr, le deuxième s’offusque. Il hurle des insultes que Stun ne comprend pas. De toute manière, Stun est baigné par le goût de la violence, et même des mots bien placés n’auraient pas su désamorcer sa brutalité. Il y a tentative de se défendre. Un coup de poing bien placé, contré par le bras gauche du blond qui se dresse près de son visage. Il encaisse la force de l’allonge. Bien sûr, l’autre se fait mal aux jointures. Il ne sait pas frapper correctement sans se blesser.

Etrange, les jointures se renforcent quand on frappe des crânes, non ? Le brésilien ne cherche pas trop à comprendre. Son genou droit est déjà levé et c’est le tibia qui vient heurter le flan. Une zone clé lorsque l’on se bat. Encore une fois, l’assaillant tombe à genoux, il n’est pas habitué à une telle force de frappe. Aucun des deux ne rétorquent, ils ont le souffle coupé. Et plus important, ils ne savent pas se battre. Stun n’est pas satisfait, il a encore soif de violence mais, il ne s’acharne pas. Il les regarde se lever et prendre leurs jambes à leur cou, non sans lâcher quelques menaces à l’égard de Near. Stun ne sera pas toujours là pour le protéger, hein ? Ce serait douter du blond. Il se tourne vers le punching-ball qui est encore recroquevillé. Le blond dépose sa main sur son col et le force à se remettre sur pied. Déjà, il passe ses doigts sur son corps frêle, inspectant la moindre zone pour vérifier qu’il n’est pas blessé. Il va jusqu’à soulever ses vêtements, dévoilant sa peau qu’il touche par endroit, écoutant pour voir s’il lui arrache un gémissement de douleur.

- Vítima, era fácil apontar para as bolas. (Victime, c'est facile de viser les couilles).

Tu dis en portugais, par réflexe. Tu libères enfin le faiblard, massant tes poings.

-Faut appeler quand tu fais taper.

Near s'était paisiblement résigné à attendre que le temps passe jusqu'à finir sa nuit tout seul à l'infirmerie à se servir dans les placards pour trouver du désinfectant et un pansement et dormir dans un lit froid, quand il entend du bruit au-dessus de lui. Une voix supplémentaire, qu'il reconnaît immédiatement, des éclats de voix agressifs qui ne lui sont pas adressés. Il ne les regarde pas. Les coups se sont arrêtés. Ou du moins, ils ont changé de victime. Des sons désagréables de chair qui s'éclate contre de la chair lui parviennent, mais ce n'est plus la sienne, et le soulagement finit doucement par prendre le dessus.

Le petit génie abhorre la violence gratuite ; il n'a ni envie de la subir ni de la regarder, et il ne bouge pas, ne lève pas les yeux, ne regarde pas ce qui se passe et n'a qu'une idée fixe ; qu'on le laisse en paix. Pas de désir de vengeance, pas de saine colère, juste le souhait que le calme revienne au plus vite et un ego mis à mal par la frustration d'être impuissant. Ses bras minces ne le protégeaient qu'à peine mais il ne se redresse pas parce qu'il n'est pas encore sûr d'être en sécurité, et quand le calme revient, c'est une force extérieure et impressionnante qui le ramasse et le remet debout sans lui demander la permission. Des mains puissantes qui l'obligent à rester debout alors que ses jambes sont encore flageolantes. N'ayant aucune intention de le remercier, Near l'observe avec des yeux gris à demi cachés par des mèches blanches, qui fixent leur protecteur en silence et sans amitié aucune.

Near : ...

Stun n'a pas l'apparence d'un quelconque sauveur, d'un héros ou d'un ange qui intervient pour sauver son prochain. Il a les jointures rougies et une expression sinistre qui lui assombrit les yeux. Tout son être exprime l'irascibilité. C'est un jeune homme instable qu'il vaut mieux avoir de son côté. Un chien de garde imprévisible dont la loyauté ne serait probablement jamais acquise, soumise aux aléas des passions destructrices d'un orphelin qui devrait être dans la course pour devenir L mais qui semble davantage prêt à rejoindre le camp inverse.

Near a horreur de l'imprévu presque autant qu'il lui voue une sorte de discrète fascination. Quelque chose chez Stun lui plaît.

Les mains du blond passent sur son corps soudain, ce qui ne lui arrache aucun bruit à part un petit soupir soudain et surpris parce que malgré la chaleur de ses paumes, Near ne s'était pas préparé à un quelconque contact physique. Un autre genre de tension l'envahit, et il commence à être vraiment contrarié de toutes ces émotions qui lui sont imposées contre son gré.

Il a des bleus sur les bras et des écorchures sur le visage, mais rien de grave. Quand Stun le lâche pour masser ses poings, ses jambes semblent se dérober sous lui mais il fait de son mieux pour rester debout. Il ne comprend le brésilien qu'approximativement, mais peu importe.

Stun : Faut appeler quand tu fais taper.

La scène de la salle commune lui revient en mémoire. Un élan de colère déplacé envers Mello, qui s'était suivi d'une discussion où il proposait ses services au plus offrant, assumant sans vergogne qu'il cherchait seulement une excuse pour sa violence et qu'il se retournerait contre Near si quelqu'un lui demandait. L'albinos est donc un peu fâché contre lui, presque vexé.

Near: Tu es venu sans que je n'aie besoin de t'appeler.

En contrepartie de l'instabilité de leur contrat tacite, instabilité qui l'agace, il offre une froideur dénuée de toute sympathie pour l'instant. Son ingratitude pourrait lui coûter cher, mais hors de question de laisser croire à Stun qu'il est dépendant de lui.

Near: Et tu es arrivé en retard.

Il sent la brûlure sèche de sa chair à vif sur sa paume qui l'a retenue quand il est tombé par terre, et ça lui fait prendre une expression boudeuse ; il a mal partout et il déteste avoir mal. Il relève des yeux insolents vers Stun, sa chemise débraillée et la tignasse décoiffée n'enlèvent rien à son air autoritaire (ou presque).