hanging by a thread ft. MadMax

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Spray & MadMax

Son corps se balançait, se baladait de prise en prise comme si de rien était. Muscles pleinement conscients de leurs capacités, Sheryl ressemblait à un véritable oiseau virevoltant gaiement et gracieusement sur le mur d'escalade. Âme Alter piégée dans un corps de Shape, corps de Shape enfermé avec une âme Alter, la cohabitation n'était pas si difficile puisqu'elle avait réussi à allier ses deux passe-temps préférés : courir sur les toits et les taguer. Comportement à risque, comportement trop souvent jugé comme dangereux par son entourage, ses professeurs, ceux qui étaient supposés l'encadrer, elle ne voyait pas le mal qu'elle faisait. Personne n'était en danger mis à part elle-même. Et encore, elle possédait suffisamment de matière grise pour connaître ses propres limites. Pourquoi personne ne lui faisait confiance ? Elle était majeure désormais. Envie de liberté qui l'accompagnait, Spray ne pouvait se contenir aux règles ennuyantes et barbantes de cette société. Gamine pleine d'espoirs et de rêves colorés, elle devait évacuer ce trop plein d'inspiration avant d'imploser. Dans un soupir de frustration, l'artiste prit impulsion sur ses jambes pour essayer d'attraper une prise un peu trop haute avant de sentir son corps basculer en arrière.

Pas assez de vitesse, pas assez de force et pas le moindre harnais. Chute libre qui s'engageait, aucun cri ne fut poussé tandis que la masse de chair que sa cervelle contrôlait tombait inéluctablement. Bientôt, l'énorme tapis entra en contact avec elle, la sauvant d'une chute qui aurait pu être dramatique autrement. Étendue sur cette protection, tel un cadavre, elle attendait simplement. Le cerveau bouillonnant, les synapses en alertes. La vie ne tenait qu'à un fil et pourtant elle jouait quotidiennement avec de véritables lames de rasoir. Comprendre le concept de mortalité n'avait pas eu l'effet escompté chez elle. Sheryl voulait mourir. Enfin. Pas exactement. Pas maintenant en tout cas.
Quel était le point commun entre Van Gogh, Modigliani, Gauguin et d'innombrables autres artistes ? Leurs oeuvres avaient explosé après leur mort, tout simplement. Thème morbide mais récurrent chez les créateurs, la demoiselle savait pertinemment que précipiter sa fin la projetterai au-devant de la scène artistique; du moins c'était ce qu'elle croyait. Alors elle devait mourir de manière spectaculaire. Une chute depuis un immeuble semblait en raccord avec la vie qu'elle avait mené jusqu'à présent. Elle se redressa lentement avant d'entendre derrière elle le claquement de la porte du gymnase. Quelqu'un était entré. Chevelure en bataille, sa tête se tourna alors vers l'intrus avant d'hausser un sourcil. C'était MadMax. Un des rares profs que la demoiselle trouvait cool. "Oh wow, je m'attendais pas à te voir si tôt !" À le voir du tout d'ailleurs. Ils n'avaient pas prévu de séance pour aujourd'hui, mais cette coïncidence était très amusante. Un sourire se dessina alors sur ses lippes. "Z'ont pas été chiants tes élèves aujourd'hui ?" Demanda-t-elle tranquillement. "Moi mes cours étaient barbants." Se contenta-t-elle de dire pour ne pas insulter ses collègues. Puis, sans rien ajouter, elle sauta sur ses deux pieds et recommença à jouer l'araignée sur le mur d'escalade. Toujours sans harnais.

awful

S’étirer les muscles, les bras, les jambes, les épaules. Oublier la crainte du vide et de la chute, celle qui a vu naître la cicatrice sur le visage et le poignet cassé. La tenue de sport, profiter de ces quelques heures de calme et de tranquillité - avant de rentrer à la maison, retrouver Lydia et Stanley - serrer le harnais autour de ses hanches, étaler du talc sur ses mains. Et à peine rentre-t-il qu’il te voit.

Tomber.
Chuter.

Il panique - un instant seulement, l’estomac qui se retourne, les tripes qui se sert. Car voilà que tu atterris sur l’épais tapis de mousse. Les pans d’échauffement, quatre ou cinq mètres, sans protection si ce n’est cet épais tapis au sol. Alors tout va bien - n’est-ce pas ?

Je m'attendais pas à te voir si tôt !
J’ai fini plus tôt que prévu.

Il ne voulait rester ici, pour corriger des copies. Il le fera ce soir, tant pis - Lydia n’apprécie pas vraiment, il lui arrive de travailler jusque tard le soir. Et Stanley non plus, mais il est bien plus renfermé, plus discret, plus secret. Jusqu’au jour où il finira par exploser entièrement.

Z'ont pas été chiants tes élèves aujourd'hui ?
Moi mes cours étaient barbants.

Il secoue juste la tête, de droite à gauche. Juste une fois. En vérité, la journée a été bonne mais il ressentait ce besoin. Ce besoin de venir se défouler. Un peu à grimper sur les murs, évacuer la douleur dans ses jambes, de ce trop d’immobilisme. Et alors que tu reprends directement la montée, le voilà qui te suit. L’échauffement, les quelques mètres de ce pan de mur, les pieds qui s’enfoncent dans le tapis. Il prend son temps, il prend toujours son temps. Il y a toujours cette crainte, celle de la chute. Il fait ça comme pour - évacuer cette peur, cette peur qu’il traîne depuis ses huit ans maintenant.

Arrivé en haut, il se laisse tomber.
Savoure la chute.
Les quelques mètres de liberté.

Souffle une fois atterri dans le tapis, enfoncé jusqu’aux joues, regarder le plafond sans un mot. Evacuer. Evacuer. Et profiter également. Du silence de la salle vide. Et il tourne les yeux vers toi, cheveux en vrac et air absent.

Je t’assure ?

Passons à des pans de mur plus
Intéressants.

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Spray & MadMax

"C'est bien parce qu'on avait pas cours ensemble ça, qu'tes élèves étaient calmes." Blague lancée sur un ton léger, la demoiselle repartit de plus belle sur le mur. Mains et pieds synchronisés pour lui procurer une ascension à la fois rapide et fluide, Sheryl avait fini par prendre l'habitude de grimper le long de parois difficiles pour atteindre des zones normalement hors d'accès. Longues étaient les recherches pour trouver la toile parfaite; elle devait généralement escalader une petite dizaine de bâtiments de façon à dénicher l'endroit idéal pour poser ses chromatiques adorés. Longues nuits en solitaire, longues heures passées à peindre avec pour uniques témoins la lune et les astres. Et lorsque la pénombre tombait, l'artiste devait grimper et descendre à l'aveugle sans pouvoir voir sur quoi elle allait s'appuyer. Alors les prises du gymnase ne représentaient absolument rien pour elle. Mieux, cela rendait le tout plus simple. Le code couleur aussi d'ailleurs.
Le professeur se mit alors à la suivre, surement en quête de sensations fortes et d'une certaine libération de la monotonie quotidienne. Laisser les muscles travailler pour finalement laisser la gravité s'exprimer. S'élancer dans le vide comme s'il s'agissait de son dernier instant sur Terre. Sans peurs. Sans regrets.

Première au sommet, première à chuter. Et le tout dans un saut périlleux arrière pour quelques points de style supplémentaire. Puis l'atterrissage, retour sur la terre ferme. Le professeur la suivit une nouvelle fois, s'écrasant à ses côtés. Puis ils se redressèrent, leur regards plongés dans celui de l'autre. "M'assurer ? C'est un défi c'est ça ? Tu m'crois pas capable de monter seule ?" Elle le prit comme tel et sauta sur ses deux pattes avant de courir vers le parcours le plus difficile, en riant comme une véritable hyène. "Eh, MadMax, qu'est-ce que le monde sans un peu de folie ? Eheh, get it ? MaaaaadMax ?" Jeu de mot très bancal, elle traitait le personnel enseignant comme ses amis ... Pas comme il fallait en somme. Et avant qu'il ne puisse réagir ou lui mettre de force un harnais comme on ferait pour un bébé, elle bondit sur le mur sans la moindre sécurité ni la moindre envie d'en posséder.. Les premiers mètres furent tranquilles, l'habitude, mais plus elle progressait moins ses mouvements furent inconscients et bien plus calculés. Sheryl, gamine pas très bonne à l'école malgré son statut de génie, elle savait au moins escalader correctement. "D'ailleurs j'me demandais, ça fait quoi d'être un adulte ? C'est pas chiant la vie un peu ?" Lança-t-elle par-dessus son épaule au principal intéressé. "J'veux dire, vous êtes rarement fun et toujours trop stricts." Un instant. Elle s'agrippa fermement à une prise et se hissa vers le haut. "Enfin, pas toi hein mais ... !" Enfin. "Un peu quand même." Murmura-t-elle. Après tout, c'était lui qui voulait l'assurer au lieu de faire un concours sur qui grimperait le plus vite !

awful

Le bruit des mains qui s’agrippent aux prises, du talc que l’on étale sur les doigts. Il est calme, bien, serein. C’est agréable, un peu de -lâcher prise. Se laisser aller, tomber, chuter. Et atterrir dans ce matelas de mousse. Évacuer, la crainte qui lui sert le ventre. Profiter. Et souffler un peu, face au plafond. Avant de s’intéresser, à plus exaltant.

Je t’assure ?

M'assurer ? C'est un défi c'est ça ?
Tu m'crois pas capable de monter seule ?
Non, c’est pas...

Mais tu le prends de court, déjà sautes sur tes jambes. Prends d’assaut, la voie 6c, sans corde et sans harnais. Et tu ris, tu ris fort. Il n’avait pas ri, lui. Quand il avait chuté de son arbre. Quelques mètres, deux ou trois à peine. Suffisant lui marquer le visage, lui péter le poignet et lui passer l’envie de recommencer. Alors il panique un peu, panique que tu puisses suivre la même voie que lui - vers le bas.

Alors il te fixe.
Redescends. Redescends.
Avant que tu ne chutes.

D'ailleurs j'me demandais, ça fait quoi d'être un adulte ?
C'est pas chiant la vie un peu ?

Il n’écoute pas. Pas vraiment.
Panique. Panique.

J'veux dire, vous êtes rarement fun
et toujours trop stricts.

Pas lui, pas lui dis-tu. Mais si seulement tu savais, ce qui se passe dans sa tête, à tout instant et encore plus maintenant. Tu ne dirais pas ces mots, mais plutôt les suivants. Un peu quand même. Un peu plus que tu ne le crois. Car il n’aime pas, te voir là-haut, si haut, si haut. Sans rien pour te sauver. Si tu décides de chuter.

C’est beaucoup de responsabilités.
Redescends. Si tu tombes...

Qu’est-ce qu’il fait ? Si tu tombes, qu’est-ce qu’il fait pour te rattraper ? Lui, trois mètres, un poignet cassé et une cicatrice à garder à vie. Ici, huit mètres au plus haut. Tu pourrais en -mourir. Alors redescends. S’il te plaît, redescends.

Grimpe en tête, si tu le souhaites.

Si tu souhaites jouer au plus fort, si tu souhaites l’impressionner. Mais ne te mets pas en danger. Pas pour si peu.

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Spray & MadMax

Goût du risque prononcé, poitrine qui ne battait qu'au rythme de l'adrénaline qu'elle consumait, créait, à force de jouer avec sa vie comme si de rien n'était. Besoin, impulsion, envie impossible à assouvir pleinement, son corps semblait perpétuellement en demander. Et en redemander. Corps pendu à ce mur aux prises colorées, elle narguait gentiment le professeur depuis son perchoir, les lippes arquées. Oiseau impossible à mettre en cage, ses ailes se déployaient toujours pour lui permettre de s'envoler et passer outre les règles qu'elle aimant tant briser. Puis voilà que l'adulte tenta de l'amadouer en lui demandant de cesser ses bêtises, de peur qu'elle ne se blesse ou pire. Esprit de contradiction, soucis avec l'autorité, Sheryl n'avait pas envie d'obtempérer. Cervelle trop étriquée pour comprendre les dangers que représentaient une chute de cette hauteur, s'être déjà cassée un os lors d'une escapade nocturne n'avait pas suffit à lui apprendre la leçon. "Arrête MadMax ! T'as jamais été jeune ou quoi ?" Lâcha-t-elle tout en tenant fermement les prises, regard par-dessus l'épaule. "J'suis sûre j'peux être Spider-Gwen avec assez d'motivation ! J'ai déjà sa classe ! Pas vrai ?"

Puis il insista. Une nouvelle fois. Martèlement de logique dans son crâne, la demoiselle lâcha un soupire frustré suivit d'un léger grommellement avant de commencer à descendre doucement. Se prendre une heure de colle pour ça ne valait pas le coup, il valait mieux pour elle qu'elle se plie à la volonté du professeur. À environ deux mètres cinquante du sol, l'artiste se laissa simplement tomber au sol dans une réception quasi-parfaite avant de finalement se tourner vers MadMax. Sans rien dire. Juste une mine boudeuse; la manifestation de sa frustration. Harnais récupéré, elle serra rapidement l'équipement avant de donner la corde à celui qui allait l'assurer. "T'étais un dingue d'escalade avant nan ? J'veux dire, à part la prof qui s'en occupe, j'vois pas d'adultes en faire. C'est un sport de jeunes pourtant la grimpette, donc ça m'surprend de te voir dans le coin." Fausse moquerie, elle lui confia la corde. "Tu me dis quand t'es prêt, histoire que j'y aille." Murmura-t-elle avant de refaire face au mur. Parcours le plus difficile, évidemment.

awful

Il ne te demande qu’une chose : redescendre de ton perchoir, ne pas tomber, ne pas te blesser. Pas face à lui, pas en face de lui parce qu’il ne saurait -pas quoi faire pour t’aider. Ça le boufferait de responsabilités, de ne pas avoir pu t’aider, de ne pas avoir pu te sauver. Alors redescends, s’il te plaît.

Arrête MadMax ! T'as jamais été jeune ou quoi ?
Si, je...
J'suis sûre j'peux être Spider-Gwen,
avec assez d'motivation !
J'ai déjà sa classe ! Pas vrai ?
Qui ?

Il pince un peu les lèvres. Ça le vexe, en vérité. Sans savoir pourquoi ni comment, juste ça le vexe. Tes mots, tes paroles, ton apparente jeunesse - la sienne est loin mais tant que ça, pas vrai ? Soudainement, le voilà qui s’en inquiète. Il demandera à Lydia - plus âgée que lui mais à ses yeux toujours aussi jeune. Et il se frotte un peu les tempes, là où quelques cheveux blancs ont commencé à apparaître ces dernières années.

Et voilà qu’enfin tu daignes redescendre. Jouer encore une fois avec ses nerfs à vif déjà, sauter d'une hauteur un peu trop importante à son goût - le tapis n’est plus aussi épais que l’autre mur d’échauffement, vois-tu. Il serre les dents en te voyant atterrir sans mal sur tes pieds.

Souffle par le nez.
Soulagé.

Tu finis de t’équiper, lui tend la corde qu’il tiendra entre ses mains. Et tu continues dans ta drôle de moquerie sur son âge, ça commence un peu à -vriller dans son esprit. Il n’est pas si vieux pourtant. Il n’est plus si jeune non plus.

J’ai commencé quand j’avais huit ans.
En montant à un arbre. Au Grand Chêne.
Ça s’est pas bien passé.

C’était un Alter lui-aussi. Un Alter qui a voulu montrer qu’il n’était pas si peureux qu’on le décrivait, un Alter qui voulait juste qu’on lui rende ses lunettes sans lesquelles il ne voit rien. Et puis il a chuté. C’était sale, c’était violent et il ne s’en souvient pas. Juste qu’il s’est réveillé à l’hôpital, avec un poignet cassé et le visage en lambeaux. Il a eu un œil masqué quelques mois durant, comme ce fut le cas des années auparavant tant sa vue était mauvaise.

Il serre un peu la corde, pensif un instant seulement.
Avant de revenir sur terre avec toi.

Je suis prêt.
Tu peux y aller.

Il s’éloigne un peu du mur, tandis que sans surprise, tu choisis le parcours le plus difficile de la salle.

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Spray & MadMax

La mention du Grand Chêne qui semblait allumer une lumière au sein de son esprit. Quartier général Alter dissimulé sous un arbre gigantesque, quartier général qu'elle ne visitait que trop rarement. Pourquoi s'enfuir sous terre alors que la surface abritait les plus belles créations de l'Homme ? Si cela ne tenait qu'à elle, Spray aurait déménagé l'endroit au niveau de toit, histoire que son groupe puisse profiter d'une vie imprenable.
Enfin. Son groupe. Elle n'en était pas leadeuse. Bien que l'idée restait attrayante et lui traversait de temps en temps l'esprit. Sheryl se pensait capable d'assumer ce rôle à la perfection, après tout, quoi de mieux que la plus tarée des Alters pour les représenter. Entre les memes qu'ils s'envoyaient quotidiennement dans leur groupchat, les caricatures des autres orphelins accrochés aux murs du QG et les débilités qu'ils faisaient en général, elle ne trouvait pas ça trop déconnant.

"Tu veux dire ... C'est comme ça qu't'as eu ta cicatrice ?" Tête tournée vers l'adulte, elle cligna plusieurs fois des yeux et le sonda avant de sourire en coin. "Badass. Tu devais être le gars le plus populaire de l'école." Lâcha-t-elle, croyant dur comme fer que l'imbécilité projetait tout le monde au-devant de la scène. Si ça marchait pour elle, alors pourquoi pas pour le reste ? Autorisation de grimper reçue, la demoiselle fit mine de s'échauffer avant de commencer son ascension sans douter du moindre de ses mouvements. Agilité féline devenue naturelle au fil du temps, comment pouvait-elle peindre les toits des bâtiments si elle était incapable d'escalader correctement. Mais être assurée et savoir que ses erreurs ne lui seraient pas fatales lui donnait des ailes. Alors elle bondissait, de prise en prise, sans réellement y réfléchir, profitant simplement de cet instant de liberté.

"Ça fait quoi d'revenir ici après avoir goûté au monde extérieur, en vrai ?" Demanda-t-elle avant de laisser pendouiller ses pieds dans le vide, histoire de muscler ses bras. "Genre ... L'orphelinat te manquait ou pas ? Fin si t'es revenu j'imagine que ouais. J'comprends qu'on veuille pas partir, j'ai passé les meilleures années d'ma vie ici et j'ai personne dehors mais ..." Un instant. Le temps de respirer. Elle posa ses pieds sur des prises et se retourna pour faire face à l'adulte en bas. "J'sais qu'un jour j'vais devoir m'casser. Car c'pas à Winchester qu'j'vais pouvoir réaliser mes rêves." Hélas cela voulait dire tourner la page pour débuter un nouveau chapitre et dire adieu à cet endroit magnifique. "T'as pu réaliser les tiens, de rêves, avant de revenir en vrai ?" Question posée sur un ton inquiet, Sheryl voulait savoir s'il était possible pour les orphelins de réussir; et par extension savoir si sa quête de célébrité et d'immortalité serait un jour sa réalité ou s'il ne s'agissait rien de plus que d'un simple rêve démesuré.

awful

Ah, bizarrement cette histoire semble soudainement t’intéresser. Un peu trop. Un peu trop soudainement. Il n’aime pas ça, pas vraiment. Ni même la question qui suit.

C'est comme ça qu't'as eu ta cicatrice ?
Oui.
Badass.
Tu devais être le gars le plus populaire de l'école.
Hm non. Non pas vraiment.

Lui, il était celui qui restait à l’arrière, jamais à se mettre en avant, qui s’insinuait dans les groupes d’amis en découvrant des histoires sur leurs comptes, sous menace de les répéter à autrui. Malgré sa cicatrice qui faisait peur aux plus petits, et qui faisait rire les plus grand. L’art et la manière. C’était ridicule, comment il l’a obtenu.

Et enfin, tu commences ton ascension.
Il s’éloigne un peu du mur.
Le regard fixé sur toi.

Ça fait quoi d'revenir ici
après avoir goûté au monde extérieur, en vrai ?
Genre ... L'orphelinat te manquait ou pas ?

Ah, ça fait... Bizarre. Comme s’il avait eu deux vies. L’une ici, l’autre à l’extérieur. Et il les chérit. Les deux, désormais imbriquées. Il ne regrette rien de son passé. Sauf peut-être les cauchemars qui lui tordent encore le sommeil des années plus tard, pour un souvenir bien trop flou dans son esprit. Mais sans ça, peut-être n’aurait-il goûté à aucune de ces vies.

Quitter la Wammy’House, Winchester. Tu sembles pas vraiment craindre tout ceci. C’est bien, tu as sûrement raison. De vouloir t’accrocher à ce qui t’anime.

T'as pu réaliser les tiens, de rêves, avant de revenir en vrai ?
Oui. J’ai ma famille.

Il n’est pas très ambitieux, et ne l’a jamais été. Bien moins que vous. Bien moins que toi. Toi qui rêves de faire de la ville ta toile géante, lui ne rêvait que de confort et de calme, de tranquillité et de sérénité. Il l’a obtenu. Sa famille, son mariage, son fils. C’est bien là ce dont il est le plus fier.

C’était ça mon rêve.
Je m’en suis rendu compte après...
Après l’avoir obtenu.

Il resserre ses doigts autour de la corde, sourit.
Il est ennuyeux à mourir.

Alors il tire un peu sur la corde, vers le bas. La réaction te fait décoller de ton perchoir, de quelques centimètres à peine - tu n’es pas bien lourde, tu sais ? Ce n’est pas dangereux, ce n’est pas périlleux. Ce n’est qu’un jeu, à ses yeux. Et derrière ses lunettes, ses yeux se plissent en un regard malicieux. Accentué par ses pattes d’oie qui se font de plus en plus visibles de jour en jour.

Tu es lente.
Je parie que je suis plus rapide.

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Spray & MadMax

Les rêves nourrissaient l'espoir et l'espoir maintenait la flamme de la vie. Braises inextinguibles dans son regard, son envie de grandeur surpassait tous les obstacles que l'univers lui concoctait et lui jetait jours après jours. Née sous l'étoile de la solitude comme tous les pauvres gamins qui avaient foulés cet endroit, la peine et la douleur ne la ralentissaient pas dans sa quête de beauté éternelle. Peu importe si les gens la laissaient, l'abandonnaient, la maltraitaient, les marques qu'elle avait laissé dans leurs coeurs étaient gravées à jamais et bientôt, la planète entière le serait. Nom échappé de la bouche de ses géniteurs, 'Sheryl' qui n'a jamais été prononcé à un âge où son cerveau aurait pu l'enregistrer; elle se délectait de leurs futurs regrets. Génie de l'art, reine de chromatiques capable de manier le beau avec la justesse des plus grands, la Terre entière représentait une toile à peine commencée. L'Oeuvre de sa vie, démarrée à la seconde où ses fins doigts avaient pour la première fois touché un pinceau, tout ça dans l'unique but d'avoir plus, beaucoup plus que tout ce que ses parents auraient pu lui donner. Une manière de leur dire qu'ils n'étaient rien pour elle. Comme elle n'avait jamais été rien pour eux. Une erreur ? Surement. Pfff. Complètement.

"Une famille ?" Elle resta silencieuse quelques secondes avant de retourner à son ascension. Elle réfléchissait. "Une famille ..." Répéta-t-elle tout bas, sur un ton moqueur. Non. Faussement moqueur. Amertume entre ses lippes, elle sauta sur une autre prise sans continuer. Concevoir que le bonheur pouvait se trouver dans la procréation renforçait cette idée d'être le résultat d'une simple maladresse, d'un oubli même. Elle déglutit en l'écoutant continuer. "Tant mieux. Au moins y'aura un daron correct sur Terre." Sheryl ne s'était pas retournée pour voir le sourire tendre de l'adulte et tant mieux, elle n'aurait peut-être pas apprécié. Pourquoi ? Car la jalousie. Car elle n'avait pas eu cette chance insolente que possédait le ou les enfants de MadMax. D'avoir quelqu'un pour les accompagner dans la vie. Pour les forcer à faire leurs devoirs. Pour jouer. Pour parler. Pour prouver qu'ils existaient. Et qu'ils comptaient.

Puis elle se sentit décoller. Crispations instantanées, elle ne s'y était absolument pas préparée. "Hey !" Se plaignit-elle, toujours pendue dans les airs, en essayant tant bien que mal de se retourner. L'expression du professeure la fit froncer les sourcils, enfin, c'était plutôt toute la conversation qui avait précédé qui lui avait fait perdre le sourire. Mais c'était une bonne excuse. "Ah ouais ? Bah t'as qu'à essayer de faire mieux tiens ! J'peux t'parier dix pounds que non !" Une habitude qui venait de Lux. Ton plus ennuyé que joueur, elle leva les yeux au ciel avant que l'homme ne s'occupe de la faire redescendre pour échanger les rôles. Sans rien rajouter elle s'exécuta et se retrouva à assurer. Malgré son manque d'intérêt pour ce rôle et les règles de sécurité, Spray comptait correctement travailler pour ne pas recevoir une punition pour mise en danger. Mais parler famille lui avait énormément déplu et elle faisait la moue. Telle l'enfant qu'elle était intérieurement.

awful

Il ne capte pas pourquoi tu sembles soudainement si contrariée. Il ne capte pas, comme toujours, ce qu’il a pu dire pour que tout parte en vrille. Ainsi. Comme ça. Soudainement. Alors il essaye, comme il le peut, de détourner ton attention. Il n’a jamais été vraiment doué, avec les autres. Les relations, ce genre de choses. Inaccessibles à son esprit. Trop flous, trop lointain.

Au moins y'aura un daron correct sur Terre.

Il ne répond pas, il ne répond rien. Il ne pense pas être un bon père, parce qu’il n’a jamais appris comment faire. Son père à lui, il n’a jamais existé. On ignore, jusqu’à son nom, son visage, son âge. Et probablement ignore-t-il qu’il a un fils, qui traîne quelque part dans la nature. Son père, c’était très probablement un client de sa mère, quelqu’un de passage dans le Quartier Rouge. Et sa mère, c’était une gamine, elle avait -ton âge peut-être quand elle est devenue mère. Il n’en a pas tant de souvenir. Mais le visage dont il se remémore parfois, c’est le même que celui des jeunes qui traînent ici.

Lui, il n’a jamais été que Personne.

Ah ouais ?
Bah t'as qu'à essayer de faire mieux tiens !
J'peux t'parier dix pounds que non !

Si tu veux.
Ça me payera un café.

Il a encore tapé à côté - pas vrai ? C’est ce à quoi il songe, alors qu’il te fait lentement redescendre de ton perchoir. Désolé, désolé, il n’aurait pas dû en parler. Parfois il oublie, qu’il balance son bonheur à la gueule d’autrui et qu’il ne devrait peut-être pas dans cet environnement si particulier. Est-ce qu’il l’aurait pris comme tu le prends, lorsqu’il était enfant ? Il n’en sait rien, il n’en sait rien. Il sait juste qu’il aurait suivi, comme toujours.

Alors il ne dit rien de plus.
Ne pas enfoncer ce clou, encore un peu.

Il se contente de s’équiper en silence, comme trop concentré par ce pari bateau. En vérité la tête qui tourne et tourne de ces mots prononcés plus tôt. Il inspire, expire. Commence doucement son ascension, à se saisir des prises vertes. Pour arriver en haut au bout d’un certain temps. Plus long que le tien ? Ou plus court ? Il n’en sait rien, il n’a pas vraiment -compté. Alors comme tu l’as fait plus tôt, il se retourne vers toi, inspire en voyant le vide sous ses pieds.

Alors ?
Ça donne quoi ?

En vérité, il s’en fout.

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Spray & MadMax

Elle n'avait pas répondu à sa blague préférant détourner le regard. Peut-être qu'il y avait une raison à cet abandon, quelque chose qui faisait Sheryl plus qu'une simple erreur de la nature. Manque d'espoir causé par le manque de réponses, questionnement qui la suivrait probablement jusqu'à la tombe. Ou peut-être que la célébrité l'aiderait dans sa quête, que ses géniteurs finiraient par se manifester ... Un jour.
Et encore, que comptait faire la gamine s'ils revenaient dans sa vie ? Les chasser ? Les insulter ? Les frapper ? Les ignorer ? Les accepter ? Les aimer ... ? Si les arguments étaient convaincants et les raisons justes, pouvait-elle réellement continuer de les haïr pour un choix fait dans son intérêt ?  Impossible de savoir. Injustice dans ce monde terne qu'elle tentait tant bien que mal de peindre pour effacer sa peine, elle n'avait jamais appris à mettre une couleur sur son esprit et n'avait jamais tenté de le déchiffrer. Abysses toujours inexplorées après 18 ans de vie sur Terre, Sheryl usait de tous les stratagèmes disponibles pour s'empêcher de réellement penser. Mettre des mots sur ce qu'elle ressentait l'étouffait et dessiner ses douleurs semblait au-dessus de ses moyens.

L'ascension du professeur débuta alors. La demoiselle ne connaissait pas son propre temps et tenta de juger à vue de nez la rapidité de celui qu'elle assurait, en vain. Cela ne rimait à rien. Puis il se retourna, l'imitant, surplombant cette partie du gymnase et elle avec. "Je ... Égalité parfaite !" Bien que son égo lui donnait envie de réclamer la victoire, par pure fierté et vanité. Puis, doucement, elle s'assura qu'il redescende correctement avant de rester silencieuse quelques instants. "Dis." Yeux ambrés détournés, la jeune adulte trifouillait sa manche à la recherche de ses mots. "Est-ce que tu penses que mon rêve va se réaliser ?" Ton bien plus triste qu'habituellement, elle se demandait à quoi allait ressembler sa vie si elle échouait. Bonne à rien mis à part peindre, orpheline et sans aucune expérience professionnelle, Sheryl allait s'élancer dans la vie sans aucun filet de sécurité. Si elle devenait une ratée -comme hélas beaucoup trop d'artistes- elle finirait probablement sa vie sous les ponts de Londres à attendre que la mort vienne la cueillir. Force intérieure et détermination qui ne suffisaient malheureusement pas à conquérir les critiques, le doute logé dans son crâne refusait de partir et la laisser vivre. "Je sais que je vais pas devenir célèbre d'un coup, que les premiers mois seront difficiles, mais j'm'entraîne à pas graille pour m'préparer c'est pas ça le soucis." Elle soupira. Elle sautait trop souvent le repas du soir. "Genre ... Si ça vient jamais ? Je vais probablement être la seule """surdouée""" de la WH qui va finir à la rue. En soit, c'est un exploit." Blague pas drôle, elle se força d'y rire en haussant les épaules, l'air de dire qu'elle s'en fichait. Rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. "Enfin je dis ça mais ... Je pense pas que tu puisses comprendre." Puisqu'il n'avait jamais connu son rêve avant de le réaliser.

awful

Égalité parfaite ?
Il plisse les yeux.

Oh qui a compté pour ce pari ? Personne, voilà bien la preuve qu’ils ne s’en occupaient pas. Il souffle légèrement, avant de se retourner vers le mur. Descendre lentement en rappel. Et une fois arrivé au sol, voilà que tu parles à nouveau, toujours de ton rêve.

Est-ce que tu penses
que mon rêve va se réaliser ?

... Je ne sais pas.

Il te regarde quelques secondes seulement, avant de baisser les yeux sur son harnais. Jouer avec les sangles et les boucles afin de le retirer. Il ne sait pas vraiment quoi te dire de plus. Parce qu’il ne sait pas, il ne voit pas l’avenir. Et puis, tout dépendra -de toi.

Je sais que je vais pas devenir célèbre d'un coup,
que les premiers mois seront difficiles,

mais j'm'entraîne à pas graille
pour m'préparer c'est pas ça le soucis.

Il fronce les sourcils.
Il n’aime pas vraiment tes mots.
Arrêter des manger ? Pour s’entraîner ?

Et tu continues. La seule à finir son un pont ? A la rue ? Tu te forces à rire, mais lui ne voit pas -où est la blague. Y en avait-il seulement une ? Lui ne rigole pas. Reste ainsi, visage fermé. Même pas l’ombre d’un sourire sur les traits. Tes mots lui font peur, tu sais ?

Enfin je dis ça mais ...
Je pense pas que tu puisses comprendre.

Non, effectivement.
Alors je ne vais pas m’aventurer
à essayer de comprendre.

Mais qu’est-ce qu’il aurait fait, lui ? S’il n’avait pas retrouvé Lydia ? Probablement pas grand-chose de sa vie. Parce qu’il considère que sa vie de famille est là sa plus belle réussite. Et que c’est ainsi qu’il laissera sa trace. Non pas en devenant célèbre, non pas en entendant son prénom sur toutes les lèvres. Mais en survivant, dans ce petit cercle que l’on appelle famille.

Mais... Mais je peux te dire que.
Que la peur est normale.
Et que c’est ce qui te fera avancer.

Je te connais et...
Et tu trouveras toujours un moyen de rebondir.
Et d’atteindre ce que tu souhaites.

Il ne trouve que ceci à te dire, à avancer. Sans savoir encore, où il a tapé, où il a appuyé. Peut-être mal, pas là où il fallait. Il finit enfin par retirer son harnais. L’escalade, c’est bon pour aujourd’hui. Plus de hauteur, plus de vertige. Vertige du vide, vertige de la jeunesse. Ah, heureusement qu’il n’est pas devenu psychologue comme son diplôme aurait pu lui permettre.

Oh, et.
Ne saute plus les repas.

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Spray & MadMax

Seule sur ce chemin sinueux qu'elle espérait mener vers le succès, sa véritable destination lui était inconnue et le serait jusqu'à la fin du trajet. Personne ne pouvait l'aider, la guider, lui tenir la main jusqu'à la ligne d'arrivée. Aventure risquée dans laquelle la demoiselle s'était élancée depuis plusieurs années, un manque d'affection et d'amour qui l'avait traumatisé au point de lui faire rechercher la célébrité. Sheryl n'avait su acquérir l'amour de ses paternels alors elle allait compenser avec celui du monde entier. Mais pour ça, elle devait se faire remarquer pour ne pas une ratée, comme la plupart de ces artistes oubliés qui l'avaient précédé.

Les paroles de l'adulte la confortait dans sa solitude. Il était probable, même quasi-certain qu'aucune personne dans l'enceinte de ces murs ne pouvait comprendre à quel point son désir de reconnaissance la déchirait de l'intérieur, la bouffait. Puis MadMax continua sur sa lancée, essayant de trouver les mots pour panser ses plaies et faciliter ses maux. Cette peur qui la tiraillait était normale pour une jeune de son âge entrant dans un monde qui lui était méconnu; un moteur qui allait lui permettre d'avancer et ce peu importe les obstacles. Puis de nouvelles paroles qui la touchèrent en plein coeur. Tir de précision dans sa poitrine, un sourire de gratitude s'étendu progressivement sur ses lippes gercées. Gamine née sans rien ni personne, gamine qui avait voyagé de foyer en foyer sans pouvoir se poser, gamine qui savait réagir à une vie cruelle et sans pitié. Effectivement, le professeur avait raison, Sheryl savait se tirer des plus mauvaises situations; un don qu'elle maîtrisait à la perfection. Comment avait-elle pu survivre autrement après avoir fait tant de bêtises, fait le mur plus de fois que nuits à l'internat autrement ? "C'est gentil ..." Fit-elle simplement en passant une main dans sa chevelure glacée avant de rire à sa dernière phrase. "Ouais ... T'façon l'entraînement porte pas ses fruits, je finis par grailler un truc dans ma chambre la nuit." Ou dehors, tout le temps dehors. Les kebabs restaient ouverts jusqu'à très tard à certains endroits.

À son tour, la demoiselle retira son équipement et s'en alla le ranger soigneusement sous l'oeil avisé de l'adulte pour ne pas se faire coller. "J'vais aller m'balader un peu avant l'début du couvre-feu je pense, j'dois récupérer un colis à la poste ... Ils ont mes nouvelles bombes." Car elle avait tout cramé lors du défi qu'Eye lui avait lancé. "T'es grave cool comme prof' tu sais. T'fais pas si vieux que ça." Un sourire plus doux que les autres et elle s'étira. "Du coup tu vas rentrer chez toi c'est ça ? Si c'est l'cas, j'espère que tu passeras une bonne soirée !"

awful

C'est gentil...

Hm oui, peut-être. Probablement. En vérité, il ne sait pas, pas vraiment, pas exactement. C’est juste sorti, comme ça. Ce qu’il pense, il le dit. Toujours, sans exception. C’est comme ça, c’est ainsi. Il ne réfléchit jamais vraiment, à ce qu’il raconte. Mais il lâche ses mots avec parfois trop peu de tact.

Ouais ... T'façon l'entraînement porte pas ses fruits,
je finis par grailler un truc dans ma chambre la nuit.

Hm, j’espère bien.

Ah il ne sait pas vraiment - que tu fais le mur. Trop de fois. Et puis même s’il le savait, que dirait-il ? Les remontrances habituelles ? Pour la forme, probablement. Mais est-ce que ça t’empêcherait de recommencer ? Non. Et puis, il ne faut pas se leurrer : lui-aussi a été gamin, lui-aussi a fait des conneries. Pas comme toi, pas dans le même but. Pour s’intégrer à autrui, aux autres groupes d’amis, parce qu’il ne savait pas comment faire autrement. Mais bon, fatalement, tout revient au même.

Lui-aussi a fait des conneries.
Tandis que tu veux partir plus tôt.
Récupérer de quoi peindre sur les murs.

T'es grave cool comme prof' tu sais.
T'fais pas si vieux que ça.

Je fais vraiment vieux ?

Ça commence à l’inquiéter, cette histoire stupide.
Il demandera ce soir à sa compagne.

Du coup tu vas rentrer chez toi c'est ça ?
Si c'est l'cas, j'espère que tu passeras une bonne soirée !

Ouais. Maison. Film.
Vos copies à corriger.

Haussement d’épaules. Une vie simple. Simple et tranquille, comme il l’avait toujours voulu. Ennuyeuse probablement à tes yeux, mais parfaite selon les siens. Il n’a jamais eu besoin de beaucoup dans le fond. Juste de l’approbation de ses paires - et il a l’approbation de Lydia. Alors il lui suffira juste de rentrer à la maison ce soir, pour que sa soirée soit bonne.

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Spray & MadMax

La demoiselle avait ricanné en entendant l'interrogation du professeur. Haussement d'épaules suivit d'un vague sourire en guise de réponse, impossible pour elle de nier le fait que le temps avait commencé à miner son visage. Mais de là à l'avouer à haute voix, peut-être pas. Et puis, peu importe l'âge, tant que la personne restait agréable. Sheryl était persuadée qu'à quarante, cinquante ans elle resterait la même. Toujours à faire des bêtises, faire la fête jusqu'au bout de la nuit et peindre les façades des plus grands bâtiments du monde. Célébrité ou non, réussite ou échec, la demoiselle ne comptait pas devenir quelqu'un d'autre et encore moins changer. "Tu peux me mettre une bonne note s'il te plaît ? J'ai grave étudié en plus." Fit la demoiselle sur un ton blagueur en enfilant sa veste en jean. Pas plus de dix minutes n'étaient passées devant son cahier avant que son esprit ne navigue vers de nouvelles contrées; mais au moins elle avait essayé.

L'enfant se mit à marcher vers la sortie avant de se retourner vers MadMax pour l'observer du coin de l'oeil. "Bon film du coup ! On se revoit demain ou j'sais-pas-quand-on-a-cours, à plus !" Ultime geste de la main en guise d'adieu, un clin d'oeil pour l'accompagner et elle sortit du bâtiment avant d'inspirer un bon coup d'air frais. Pas le temps de laisser ses pensées s'assombrir après cette longue discussion, Sheryl avait des bâtiments à explorer et des oeuvres à créer. Mais voir que certains se suffisaient d'une vie calme et bien rangée là où elle recherchait un certain chaos artistique la déconcertait. Il fallait de tout pour un monde et tant mieux dans un sens : moins de personnes l'affronteraient dans cette course vers le sommet et le succès.

awful