What if we rewrite the stars ? - Jewel [Terminée]

Port de tête altier, grâce naturelle qui la suit comme un doux nuage parfumé. Jewel est svelte et grande. Du moins se considère-t-elle comme telle du haut de son mètre soixante-dix. Tantôt habillée de façon très élégante, tantôt totalement décontractée, certains diraient de Juliet qu’elle est superficielle. Peut-être. Peut-être l’était-elle. Cependant Juliet n’est pas du genre à se soucier beaucoup de ce que l’on pense d’elle. Il n’y a que l’avis de ses amis proches qui l’importe. Elle déteste les rumeurs et n’hésitera pas à balancer la vérité si elle la détient surtout si ça concerne quelqu’un qui lui est cher. En revanche, si elles sont à son propos, elle les laissera courir sans jamais rien dire juste pour faire mariner tout le monde.

Bien que je m’en foutiste à un certain point, Jewel déteste l’injustice et ne se laisse tout de même pas faire. Elle est d’ailleurs assez rancunière quand elle s’y met et il vaut mieux être avec elle que contre elle. Cela vaut aussi pour la compétition. Aimant relever les défis et se dépasser elle-même ainsi que les autres, Juliet est une compétitrice dans l’âme, cependant elle reste toujours réglo et abhorre la triche. Gagner oui, mais pas à n’importe quel prix. Étonnement, la jeune femme reste bonne perdante et sait reconnaître sa défaite quand elle est légitime avant de retourner s’entraîner encore et encore pour pouvoir analyser ce qui lui a fait défaut et combler cette faille.

Ce côté perfectionniste est d’autant plus exacerbé dans la pratique de sa spécialité. Toujours plus, toujours mieux. La jeune femme n’est jamais pleinement satisfaite de ce qu’elle fait et trouvera toujours des choses même insignifiantes de prime abord à améliorer, se poussant bien souvent au-delà de ses limites, ce qui lui a déjà valu quelques problèmes de santé, heureusement sans grande gravité jusqu’à maintenant. Et malgré les avertissements, Jewel continue, parce que c’est cela qui la fait vibrer. L’adrénaline, le fait de se dépasser, d’aller toujours plus loin, toujours plus haut, de faire des choses toujours plus loin hors de sa zone de confort, d’être vivante. Elle n’a pas peur du danger et fonce souvent tête la première dedans. Il est, de toute façon, difficile de dissuader Juliet. Elle est bornée et quand une idée se loge dans sa petite tête blonde elle n’est pas ailleurs.

Jeune femme débrouillarde et un peu touche à tout. On peut parfois être étonné par sa personnalité à la fois explosive et douce. Dynamique et quasi tout le temps en action, elle aime cependant se poser et profiter d’un moment calme à lire ou à prendre soin d’elle. Elle a cependant besoin du contact des autres et supporte mal la solitude au point de ternir ses yeux azur si vifs et pétillants en temps normal.

Acte 1, Scène 6 :

Visage poupin ravagé par les larmes, les joues et les cheveux sales et désordonnés. Petite rescapée du brasier qu’est devenue sa maison. Dans ses mains d’enfant un vieux livre déchiré, corné par endroit, un peu brûlé aussi, qu’elle serre avec une force insoupçonnée. Impossible de le lui enlever, elle se met à crier et se débat dès qu’on essaye. Elle n’a pourtant pas encore l’âge de lire, mais c’est tout ce qui lui reste. Le livre préféré de sa mère. Le reste a péri dans les flammes, tout le reste. Même ses parents. En la sauvant, ils se sont condamnés eux-mêmes. Petit être ravagé par le choc, le chagrin et la culpabilité, qui ne comprend pas tout ce qui se passe, mais bien plus qu’elle ne le devrait alors qu’on l’éloigne peu à peu de ce qui était sa maison.

Séjour entre ces murs blancs où elle est entourée de fils, de trucs qui font bip-bip et qui sont insupportables. Petite fille qui aimerait bouger, se sent impuissante. Elle écoute les adultes avec attention, mémorisant chaque phrase, chaque mot la concernant elle ou ses parents. Morts, orpheline, arythmie, accident peu probable, pas assez de preuves. On lui explique des choses, mais pas tout. On lui parle le moins possible de ses parents et très souvent de son cœur et des problèmes qui vont la suivre toute sa vie. Limiter l’effort physique, chose quasi impossible pour cette gamine qui ne peut rester en place, qui a commencé à apprendre la danse, dès l’âge de trois ans en éveil. Silence dans lequel elle se mure face aux médecins, les écoutant simplement.

Une fois assurés de l’état de santé de Juliet, les médecins prennent contact avec l’orphelinat le plus proche. Son transfert se fait rapidement. L’intégration est difficile, la petite ne parle pas, elle s’y refuse, elle n’a rien à leur dire. Toutes ses émotions se battent entre elles à l’intérieur de son petit corps, mais elle est incapable de les exprimer. Jusqu’à ce qu’elle se mette à danser. Malgré les contre-indications des médecins, Juliet danse. A sa façon, avec les quelques pas qu’elle connait et ceux qu’elle a vu à la télévision, mais déjà il y a quelque chose. Quelque chose de fascinant dans ses mouvements.


Acte 2, Scène 8 :

Changement d’orphelinat. Juliet devient Jewel. Il s’avère que ce n’était pas juste une facilité de mémorisation. Malgré les problèmes de santé et ses multiples visites à l’hôpital, on a découvert chez Juliet une certaine virtuosité poussée de son art ainsi qu’une maturité et un raisonnement plutôt développé pour son âge. Tests passés, elle intègre alors la Wammy’s House. L’intégration se fait plus facilement, Jewel est prise en charge plus sérieusement par les professionnels de santé présents sur place qui sans vouloir l’empêcher de danser, amènent à elle l’idée d’une rééducation progressive en plus de la médication quotidienne qu’elle abhorre afin de rendre son coeur plus fort. La négociation est difficile au début, jusqu’à ce que Jewel rencontre Diamond, un autre danseur de trois ans son aîné. Elle tombe alors en admiration devant lui et lui, la prend sous son aile. Rapidement, et malgré la différence d’âge, les deux jeunes se lient d’amitié et deviennent bientôt inséparables.

Diamond, à qui on a sans doute tout expliqué en la voyant proche de la petite, réussit à convaincre Jewel de prendre sa rééducation au sérieux et l’accompagne dans le processus. Jour après jour, la petite fille gagne en endurance, en résistance et progresse à vitesse grand V dans sa discipline. Petit joyau encore brut qu’on commence à tailler pour lui donner plus d’éclat encore.


Acte 3, Scène 10 :

Duo inséparable, on peut souvent apercevoir Diamond et Jewel courir et danser dans les couloirs sans aucune gêne. Le rire heureux de Jewel résonnant entre les murs de l’orphelinat. Quelquefois attrapés pour avoir été surpris l’un dans la chambre de l’autre parce qu’ils ne voulaient pas se séparer pour aller dormir et autres bêtises sans gravité, les deux danseurs font les quatre cents coups ensemble. Une alchimie indescriptible les relie autant dans la danse qu’en dehors. Ils s’adonnent à d’autres styles que ceux qu’ils connaissent, essaient de nouvelles choses, de nouveaux mouvements, de nouveaux portés. Se donnent des défis farfelus et sont souvent punis l’un à cause de l’autre lorsqu’ils dépassent les bornes.

Le cœur de Jewel est à présent solide. Malgré quelques accidents, sa pratique régulière et l’augmentation progressive de l’intensité et de la quantité d’effort ainsi que la rééducation et la médication quotidienne ont stabilisé les choses et lui permettent de vivre presque normalement. D’autant plus que Diamond met un point d’honneur à forcer la demoiselle à s’arrêter quand elle en fait trop.


Acte 4, Scène 15 :

À l’ombre du kiosque romantique, une adolescente est adossée à l’un des grands piliers. Elle ferme les yeux et profite de la brise délicate et fraîche qui passe. Soudain, elle sent une main sur sa taille et ouvre les yeux. Un immense sourire se dessine alors sur son doux visage à la vue de celui qui se tient devant elle. Il ne peut s’agir que de lui. Diamond. Prenant l’une de ses mains dans les siennes, le jeune homme la fait tournoyer sur elle-même avant de la ramener contre lui et de la serrer avec tendresse dans ses bras. Ils s’étreignent ainsi un instant puis Jewel relève le visage pour pouvoir le regarder. Un échange visuel qui vaut plus que tous les mots du monde. Cette discussion silencieuse et amoureuse n’est brisée que par leurs lèvres qui se scellent dans un baiser langoureux.

Le soir même, après avoir échappé à la surveillance des adultes, les deux amants se retrouvent dans le grenier. Ils ont chacun apporté des coussins et des couvertures pour se faire un petit nid douillet malgré le parquet poussiéreux. Allongés l’un contre l’autre, leurs mains se baladent avec douceur sur le corps de l’autre. Lui est plutôt habile, elle plutôt hésitante encore. Cela fait quelques mois qu’ils font ça à présent. Se cachant de tous pour unir leur corps et leur âme au nom de l’amour jusqu’à s’endormir dans les bras l’un de l’autre, essoufflés, mais heureux. Ils veillent néanmoins toujours à regagner leur chambre respective avant que quelqu’un ne s’aperçoive de leur absence et s’en sont toujours bien sorti jusque-là.

Cependant, ce petit manège ne dure pas longtemps. Quelques mois plus tard, Diamond quitte la Wammy’s House pour poursuivre sa vie, promettant à Jewel de garder contact avec elle et de revenir la voir.


Acte 5, Scène 17 :

Diamond n’est jamais revenu. Il n’a plus jamais donné signe de vie. Avec son départ, l’arythmie de Jewel a refait des siennes, de manière plutôt violente puisque la demoiselle ne faisait plus attention à rien, se négligeant complètement. Jusqu’à la crise qui a failli lui coûter la vie. C’est l’électrochoc.

Lentement, la jeune femme en devenir se reprend en main, se créant enfin sa propre personnalité et continuant de se rendre toujours plus fort physiquement et dépassant toujours plus ses limites. Elle est persuadée que le silence de Diamond n’est pas volontaire. Qu’il lui est arrivé quelque chose. Jamais il ne l’aurait laissé tomber comme ça. Jamais. Elle en a l’intime conviction. Mais malgré ses recherches, aucune trace de lui nulle part. Elle est cependant bien décidée à faire la lumière sur cette histoire, à le retrouver et à éclaircir le mystère qui entoure la mort de ses parents apparemment pas si accidentelle que ça.

La danse reste sa seule échappatoire, son seul pilier, son pied dans la réalité pour ne pas tout envoyer en l’air.

To be continued...