The stars ignite, they flame from dust - Kismet [Terminée]

La tête blonde de Kismet vit dans son propre monde. Un monde qui n’appartient qu’à lui et dont il est le seul à avoir accès, comme un palais mental couplé à un jardin secret. Bref, un truc dont lui seul a le secret. Le jeune homme donne souvent l’impression d’être ailleurs quand bien même il peut tout à fait être en train de rêvasser et prêter attention à ce qu’il se passe autour de lui. D’un naturel très calme et plutôt solitaire, Kay est peu bavard de prime abord et semble détaché de tout, comme si les autres ne l’intéressaient pas. Pourtant, il est très observateur et curieux, tant à propos de ses camarades que du monde qui l’entoure et des possibilités infinies qui existent.

Les réactions de l’adolescent sont rarement de celles que l’on peut prévoir. Tantôt posé et compréhensif, il peut complètement vriller et devenir presque méchant et violent à cause d’un détail qui n’a parfois aucune importance quelconque, ou alors se comporter comme le ferait soudain un enfant. Certains appelleraient simplement ce phénomène crise d’adolescence, mais il n’en est rien. En réalité, il est difficile de savoir d’où lui vient ce comportement, barrière chaotique qu’il s’est forgée pour surmonter les rares souvenirs de son enfance et ce vide permanent et incompréhensible qui l’habite sans qu’il n’ait jamais compris ce qui lui manquait.

Outre les occasionnels accès de colère de Kismet, il se fait surtout remarquer pour ses longs cheveux tressés dans les couloirs de la Wammy’s House. Le jeune homme y tient comme à la prunelle de ses yeux ambrés et se braquera à la moindre mention de coup de ciseaux. Il ne les détache que rarement voire quasiment jamais selon certains. À dire vrai, il défait sa tresse quand il dort et se lave les cheveux, c’est tout. Du haut de son mètre soixante, elle lui arrive au creux des reins. Kismet n’est donc pas bien grand, mais a encore quelques années devant lui pour pousser davantage.

D’avant son arrivée à la Wammy’s House, Kismet ne se souvient pas de grand-chose. Les seules réminiscences de sa mémoire sont remplies de ténèbres. Il se souvient de cet endroit sombre, de cette cave où il a été relégué dès qu’il a su marcher. Trop turbulent, trop bruyant qu’ils disaient. À croire que ses parents n’avaient pas pris la mesure de ce que signifiait “avoir un enfant”. Pourtant Kay était un enfant tout à fait correct, un enfant comme les autres, plein d’amour et de vie. Vie qui s’est peu à peu éteinte dans les yeux du petit garçon. Privé de lumière, d’affection et de tant d’autres choses nécessaires au bon développement d’un enfant de son âge, Kismet a fini par cesser de crier, de pleurer. Il s’est renfermé sur lui-même, il s’est enfermé dans un monde qui n’existe que dans sa tête, un monde fait de nuages de coton doux et réconfortants. Il a fallu deux ans pour qu’on le sorte là. Pour que les voisins ne se disent qu’il était étrange de ne jamais voir le gamin sortir avec ses parents. Pour que la curiosité de ces gens ne les pousse à tenter d’en savoir plus. À découvrir la cruelle réalité de Kay Elsworth, à peine âgé de trois ans.

Lorsque la vérité a éclaté, la garde de Kismet a été retirée à sa famille et le petit garçon a été hospitalisé et suivi de près pour vérifier son état de santé, combler les carences dues à la négligence dont il a été victime, étudier son état psychologique avant d’être placé dans un orphelinat. Pas une fois il n’avait bronché, muré dans un silence dont lui seul avait la clé. L’adaptation était difficile, Kay avait pas mal de retard sur les autres enfants de son âge, notamment au niveau du langage et de la motricité ainsi que sur le plan relationnel. Néanmoins, il avait beaucoup rattrapé en très peu de temps malgré son comportement parfois très versatile et difficile à suivre pour les éducateurs ou même pour lui-même.

Plus que rattraper son retard, Kismet n’avait pas tardé à prendre de l’avance sur ses autres camarades. Il peinait toujours un peu dans certains domaines, mais il était bien au-dessus dans tout le reste. D’abord, on avait cru à une compensation, un rééquilibrage neurologique, mais il n’en était rien. Devant les progrès constants et hallucinants du petit garçon, on commença à s’interroger et à faire passer toutes sortes de tests au petit bonhomme, en prenant en compte son âge la plupart du temps. Parfois, ils faisaient des tests plus avancés pour voir jusqu’où ils pouvaient pousser. C’est ainsi qu’ils découvrirent le don de Kay.

Il fut alors transféré à la Wammy’s House, du haut de ses cinq ans et y passa tout le reste de son enfance et de son adolescence, au milieu de gens qui le comprenaient davantage. Mieux entouré que jamais, Kay se sentit un peu plus chez lui malgré ses traumatismes et son besoin d’être dans son monde et à l’écart des autres. Il fut, bien entendu, suivi par les psychologues de l’orphelinat pour que son intégration se fasse au mieux et il continue de les voir encore maintenant.

Le jeune homme n’a aucune idée précise de ce qu’il veut faire de sa vie à part continuer ses recherches sur la lumière et rester à la Wammy’s House dans laquelle il se plaît malgré tout. Il jette un œil curieux à la compétition acharnée sur la succession de L sans pour autant réellement y participer. Peut-être que, mené comme toujours par sa curiosité, il finira par s’y mettre un peu juste “pour voir” sans pour autant s’y investir complètement.