be who you want to be

Tes pensées sont bien trop souvent occupées, Pika. Lorsque tu te perds dedans, il n'est pas rare que tu oublies le monde qui t'entoure. Elles vont bien trop vite, elles passent d'un sujet à l'autre, sans jamais que tu ne puisses les contrôler. À peine tu penses avoir pris le contrôle sur l'une d'elle que d'un coup le fil te mène à quelque chose d'autre, que le rapport soit seulement de près ou de loin. Lorsqu'on te parle pendant que tu es dans tes pensées, tu n'entends pas au premier abord. Il faut que la personne se répète plusieurs fois, te touche l'épaule ou passe sa main devant tes yeux pour que tu réagisses et remarques que tu n'es pas seule. C'est un problème, d'être autant perdue dans toi même parce que cela peut donner l'impression que tu n'en as rien à faire des autres (ce qui n'est pas forcément faux selon la personne avec qui tu échanges) bien que ce ne soit pas forcément le cas.

La recherche est quelque chose qui te fascine, surtout dans le genre et la sexualité. Tu as fait de nombreuses études sur cela, de nombreuses conférences, parce qu'en apprendre plus sur cela, sur la place de la femme, pourquoi est-ce que les femmes et les hommes sont considérés comme cela dans la société actuelle. L'objectification de la femme, sa sexualisation, il y a tellement de choses à lire, dire, apprendre, expliquer. Oh! Cela ne t'empêche cependant d'user de cela à ton avantage. Si tu as la possibilité de profiter du système en place, rien ne t'empêche de le faire. Tes codes moraux peuvent être en désaccord avec cela, ton envie de t'amuser te pousse constamment dans cette direction. L'avantage d'étudier ces phénomènes de société, c'est que tu as appris comment les systèmes fonctionnent et comment la majorité des hommes fonctionnent envers vous, les femmes. Ce que c'est drôle, de jouer de cela pour ton propre intérêt.

Tu peux manquer de tact, parfois. Parce que c'est la façon dont on t'a élevée, de toujours dire les choses franchement et que pour toi, être douce dans tes paroles, ce n'est pas quelque chose dont tu as l'habitude. Quel est l'intérêt d'essayer de ne pas blesser la personne en face ? De toute façon les propos seront les mêmes peu importe ce qu'il se passe, autant dire directement ce que tu penses sans détour. Ce sera plus rapide. Droit au but. Peut-être que cela sera problématique avec les enfants dont tu vas devoir t'occuper, actuellement. Peut-être pas. Tu ne le sais pas. Tu verras bien.

L'éducation que tu vas devoir leur donner aussi, également, te perturbes légèrement. Parce que tu sais que ce sont des enfants surdoués et que ce que tu vas leur enseigner ne devrait pas être trop compliqué pour eux à comprendre. Mais rien n'était certain. Oh ! Pas que tu n'aies pas l'habitude d'enseigner, bien au contraire. Tu as été enseignante dans différentes facultés. Donc l'enseignement n'est pas quelque chose qui t'est étranger, tu n'aurais pas postulé ici sinon. Mais ce sera un défi différent. Intéressant.

Parce que tu aimes bien relever les défis, seulement intellectuels. Tout ce qui est physique, il ne faut pas compter sur toi. En-dehors de l'aïkido, tu ne supportes aucun sport. Inutiles, tu les trouves. Quel est l'intérêt de courir en rond ? Nager des distances en boucle sans aucun objectif particulier ? Non. L'aïkido avait un objectif particulier. Se défendre. C'était utile, dans la vie, si nécessaire. C'est d'ailleurs quelque chose que tu appliques dans ta vie de tous les jours, ne faire que des choses utiles. Il n'y a aucun intérêt à faire quelque chose d'inutile, qui n'a aucun sens, qui ne t'apporte rien. Tu préférerais ne rien faire plutôt que de te lancer dans une expédition inutile.

Tu es née dans une famille aisée et il n'était en aucun cas possible pour toi de le nier, parce que tu n'as jamais manqué de rien, as toujours eu la chance de pouvoir accéder aux meilleures écoles. Tes parents ne tarissaient pas d'éloges à ton sujet et très vite se vantaient d'avoir une fille comme toi, si intelligente qu'elle avait été capable de passer trois classes au-dessus de son niveau. Tu ne savais qu'en penser et, en réalité, cela ne t'intéressait pas tant que ça. Ce qui était le plus important pour toi était de toujours continuer à apprendre, toujours plus, dans plein de domaines différents.
Ton enfance et ton adolescence, ce n'est pas vraiment la peine de s'attarder dessus. Elle n'était ni particulièrement heureuse, ni particulièrement malheureuse non plus. Tes parents n'étaient pas forcément très présents, régulièrement en voyage d'affaire à un endroit ou un autre, mais pas assez pour être totalement absents de ta vie. Cependant, votre relation n'a jamais été une relation très fusionnelle et aimante. Les marques de tendresses étaient très limitées, avec toi, mais cela ne te dérangeait pas non plus. À vrai dire, tu n'avais jamais rien connu d'autre que cela du coup forcément cela ne te dérangeait pas, c'était pour toi la façon normale de se comporter.
La fin du lycée arriva avec la question de : qu'allais-tu étudier. Tu n'étais pas encore très sûre du domaine dans lequel tu voulais te lancer. Alors tu en choisis un qui te semblait intéressant, différent : la psychologie. Tes parents n'étaient, tout d'abord, pas vraiment heureux que tu te lances dans ce domaine mais tu ne leur laissas pas réellement le choix. Tu fis une licence, et puis un master, dedans. 5 ans d'étude dans ce domaine et ton cerveau ne pouvait désormais plus s'empêcher d'analyser absolument chaque comportement que tu voyais. Toutes tes recherches t'avaient également menée à te questionner sur la place de la femme dans la société et comment le genre pouvait influencer tant de choses dans ta vie.
Tu te décidas alors à partir à l'étranger, pour aller étudier ce domaine. Évidemment, la destination de choix était les États-Unis et tes parents avaient assez d'argent pour que tu puisses te permettre de candidater à toutes les universités de "L'Ivy League" ainsi que quelques autres, dont Cambridge au Royaume-Uni, dont le programme t'intéressait, parce que tu savais pertinemment que de toute façon tu n'aurais pas de problèmes pour payer les différents frais de scolarité peu importait ce qu'il se passait. Tu finis par être acceptée pour un master, qui se transforma en doctorat, à Cambridge. Tu trouvas cela tellement enrichissant et t'ouvris encore plus les yeux sur la société actuelle. Tu réussissais à lier tes études en psychologie avec ces études que tu faisais actuellement en genre. Le lien entre les deux était très intéressant, selon toi, et ta thèse de doctorat partait sur ce principe. L'avantage que tu as eues d'avoir sauté quelques classes durant ton enfance, était que tu avais fini tes premières études beaucoup plus tôt que la majorité de tes camarades et lorsque tu finis ta thèse, tu n'avais que 29 ans. L'année précédent ta candidature à Wammy's House. Cette année là, et même durant les quatre années de ton doctorat, tu participas à de nombreux colloques, de nombreuses réunions, écrit nombre d'articles académique... Assez pour te créer, petit à petit, une place dans le domaine, pourtant très fermé, qu'était la recherche.
Cependant, tu ressentis très vite un besoin de changer. De découvrir quelque chose de nouveau. Changer tes horizons. Avoir de nouvelles expériences.
Souvent, tu regardais les différentes annonces d'emplois qui étaient postées sur internet et il y en avait une qui t'intéressait et était désormais présente depuis plusieurs mois... Enseigner à des orphelins ton domaine de recherche ? Au début cela te semblait farfelu. Ils n'étaient que des enfants. Comment auraient-ils pu comprendre le domaine si complexe qu'était les études genre. Et pourtant... À force de voir cette annonce, tu finis par être très intriguée et postuler. De façon surprenante, tu te vis offrir le poste. Tu eues du mal à comprendre que cela arrivait au début et restas confuse. Cependant, lorsqu'il fut confirmé que cela arrivait et qu'une nouvelle expérience s'ouvrait à toi, ainsi que la possibilité de pouvoir enseigner à des enfants et les aider à développer une pensée que peu auraient la chance d'avoir à leur âge... Mais également leur apprendre les bases de l'éducation sexuelle, comme tu avais appris l'intitulé de ton poste incluait.
Cela faisait maintenant seulement deux mois que tu étais là et au début avoir un surnom, et ne pas utiliser ton vrai nom, était quelque chose qui t'avait hautement perturbée. Mais maintenant, tu t'y étais habituée. C'était un environnement agréable.