All the good girls go to hell - Dainty

Dainty la Peste. Dainty la Terreur. Dainty la Fourbe.

Tant de surnoms qui n'ont pour origine qu'une seule et même orpheline. Car Danty a le visage d'un ange, ce qui, entre nous, n'est pas un débat au sein de la Wammy House. Cette beauté, elle l'entretient et la cultive chaque matinée. Facile à repérer dans une foule, elle a l'aura de la Word sûre d'elle, charismatique et intelligente, belle et pleine de répartie. Hélas, c'est à peu près tout ce que l'anglaise montre d'elle durant ses beaux jours et dieu sait que les apparences sont trompeuses : de prime abord, n'attendez aucune forme de délicatesse de sa part. Son langage est celui d'un démon qui tue au moins aussi vite qu'une balle de fusil, avec toute la vulgarité d'un chasseur indifférent face à sa victime.

Oh oui, Danty a fait couler beaucoup de larmes à la Wammy House. Elle en a laissé derrière elle, des Egos pourfendus là où ça fait mal...

Bourreau des cœurs ou simple collaboratrice dans un sale coup signé par le trio maudit (à savoir, le trio Arsène-Sulfur-Dainty), cette actrice a mis le feu aux poudres plus d'une fois. Dainty impressionne et ne craint ni les retombées, ni le karma. Au sein de la Wammy House et en général, on a plutôt peur d'elle et de son allure, d'elle et de ses masques, d'elle et de son verbe.

"T'es gentil Sulfur, mais t'es vraiment qu'un sale con parfois. Heureusement que t'as une belle gueule."

En dehors de ses deux grands amis (et quels amis), la Word se montre particulièrement méfiante malgré le petit jeu de chaud/froid qu'elle joue dans la Wammy House. Il faut dire que parfois, l'Anglaise semble mettre à l'épreuve ses débuts d'amitié en prenant volontairement de la distance. Un moyen comme un autre de tester leur patience et leur fidélité. Car Dainty a une peur bleue, une peur viscérale de s'attacher à la mauvaise personne pour finalement être trahie de nouveau.

Au final, elle est telle une abeille qui s'affole lorsqu'on la chasse ; prête à piquer, mais également prête à se faire un peu de mal dans le processus. Mais on sait aussi de l'abeille qu'elle sait butiner ce que la Vie à lui offrir : les fêtes, principalement. L'alcool. Les jeux, le théâtre, les déguisements, le maquillage...Ces artifices représentent son échappatoire. Sa carapace. Son indifférence. Heureusement, l'alcool délie les langues. Et une certaine blonde sera toujours là dans les moments de fêtes. En bonne âme au service des soirées, Dainty allumera peut-être la passion des fêtes déjantées et animées comme les aime. On lui découvre alors un caractère plus amusant et ouvert qu'au préalable, quoique facilement influençable quand il s'agit de prouver sa valeur, son courage...

Hélas, Dainty n'a jamais su trancher ses désirs. Un coup, elle veut se faire détester. Un autre, elle veut se faire aimer. Mais elle s'y prend mal, très mal. Taquine, bonne vivante et un peu, la Word assume ses préférences. Elle ne se pense pas peste, pas plus que fourbe. Et puis, aimer la gent masculine leur permet-il d'affirmer qu'elle est une fille facile ? Ce genre de préjugés, elle les trouve finalement croustillant sous la dent. Du coup, il lui est arrivé de hocher la tête et de justifier le ressentiment par un énième coup pendable. C'est jouissif, c'est mérité et ça lui fait plaisir d'affirmer la garce qui sommeille en elle. Tout comme il lui arrive de faire preuve de gentillesse, de responsabilité en de rares cas. Pour se faire pardonner. Mais aussi pour avoir de nouveau le coeur chaud.

Bref, Dainty est perdue. Si elle met les autres orphelins à rude épreuve, la jeune fille est au moins aussi dure avec elle-même. Intérieurement, elle craint toujours de ne pas être à la hauteur. De ne répondre à ses attentes. Alors, lorsque la pression se fait trop insupportable ou lorsque les larmes menacent de tomber, c'est Arsène qui est toujours là pour elle. Pour la récupérer à la petite cuillère. C'est Arsène qui la voit et qui la découvre pour ce qu'elle est véritablement : quelqu'un de fatiguée par le monde et par ses reproches.

La Word est donc de celle à s'être fait la promesse de vivre pour elle-même. De ne plus souffrir pour autrui. De ne pas vaciller face aux ragots qui la concernent. De briller pour ses beaux cheveux dorés, et seulement les siens. Alors elle est là, au sein de la Wammy House, à capturer les regards tantôt indiscrets, tantôt méprisants. Et elle déambule en silence, juge et papillonne. Elle est le soleil qui brûle, la personne pleine d'assurance que le monde aime et déteste à la fois.

Dainty a vécu son arrivée à la Wammy House comme un échec. "Papa" était parti, s'il avait jamais existé auparavant. Quant à "Maman", elle n'en avait plus entendu parler.

En conséquence : Dalia se retrouvait plus seule que jamais.

Dans la voiture et sur un trajet qui lui avait semblé durer des heures, ses pensées s'étaient tournées vers les psychologues, vers leurs conclusions. Là-bas, on lui avait annoncé avec beaucoup de compassion qu'elle n'était pas véritablement une enfant comme les autres, qu'elle apprenait vite et qu'elle était intelligente. En temps normal, la petite anglaise leur aurait fait ravaler leur expression à grandes insultes. Mais il n'y a plus "de temps normal". Aujourd'hui, TOUT était différent. Son passé s'envolait, et plus que jamais, elle était en deuil. Ils ne comprenaient rien. Sa vie était sur le point de prendre un autre tournant, pour le meilleur...et pour le pire

D'après les dernières explications, l'endroit où on allait la placer n'étant pas si loin de son ancien chez elle, près de Londres.

On lui avait dit que "ça" s'appelait la Wammy House.

Sa première pensée, fidèle à elle-même, fut la suivante : "Quel nom de merde".

Toutefois, quand elle s'était présentée devant les grilles de l'orphelinat, c'eut l'effet d'un déclic. Oui, ce truc, c'était la Wammy House. Elle avait chialé toute la nuit, persuadée qu'on la foutrait dans un environnement encore plus réduit et moins libre que le petit appartement pourri dans lequel elle avait grandi. La réalité la frappa pourtant avec d'autant plus de surprise lorsque ses yeux dardèrent l'architecture froide et typiquement anglaise de la bâtisse. L'orphelinat était beaucoup plus grand, perdue et sinistre que dans ses suppositions. A la recherche d'une confirmation, sa tête pivota en direction de l'homme qui l'accompagnait, à ses côtés...

"C'est dans ce truc là que je vais vivre maintenant ?"

Aucune réponse. Ce silence portait néanmoins au son sein autant de significations qu'un oui. Alors Dainty sut comment elle allait faire son entrée. Pas de larmes, pas de moue, pas de faiblesses apparentes. L'Anglaise s'était avancée avec fierté, le port de tête haut, comme si rien ne pouvait ébranler ses convictions les plus profondes.

C'est ainsi que Dainty fit son entrée.


Forcément, les orphelins avaient mal vécu son arrivée. Au départ, la Word s'était tenue à carreau. Dainty avait alors sondé et découvert les us et coutumes de l'orphelinat. Si elle avait prévu le pire, force était de constater qu'elle s'était trompée de A à Z.

Certes, Wammy House tranchait énormément avec ses habitudes, en bien. Pire encore, l'orphelinat dénotait avec les douze premières années de sa vie, chaotiques au demeurant. D'un côté, les orphelins souriaient, jouaient ensemble, étudiaient avec intérêt, et chacun pouvait développer sa passion pour révéler un potentiel latent, aussi petit soit-il. Cette chance, elle l'avait entre ses mains désormais. Un club de théâtre était ouvert, et tendez bien l'oreille : on l'encourageait même à suivre ces cours. Ca, à l'époque, c'était la chose la plus déroutante dans tout cette affaire. Dainty n'avait plus besoin de marcher à la rage durant ses représentations. Petite, elle avait cheminé seule, s'était piquée le doigt seule durant ses coutures, avait imaginé ses propres rôles et ses propres costumes un peu seule aussi.  Les heures défilaient et elle réunissait toute sa volonté pour poursuivre ce qu'elle aimait, pour attirer l'attention de sa famille brisée malgré...Malgré tout ça. Aujourd'hui, il n'y avait plus personne pour douter d'elle.

Finalement, la Maison était une bouffée d'air frais. Mais d'un autre côté, cette sérénité un peu morne lui donnait envie de vomir. La blonde s'était vite aperçue que la plupart des résidents de la Wammy House agissaient comme des poupées de chiffon. Des gens à part, des gens hors normes. Des poupées fragiles, placées dans une bulle imperméable, aisément impressionnables par quiconque aurait passé trop de temps dans les rues, à se démerder avec sa cervelle et ses poings...

Evidemment, sa conclusion tomba : ce milieu était fragile. Très fragile. Illusoire, même.

Comme tout bon nouveau, on testa rapidement  ses limites. D'ailleurs, on avait même fait l'erreur de tenter de l'intimider à la cantine dès la deuxième semaine. Grave erreur. Car Dainty n'avait jamais été réceptive aux intimidations. Ce jour-là, tout le monde s'en souvient encore. Elle avait souri, mais d'un sourire au moins aussi charmant, digne et calme que celui d'un ange. La seconde suivante choqua tout le monde. Son bras avait littéralement frappé le plateau du petit caïd par en dessous, avec une violence si rare que le poulet, la purée et le plateau avaient fini par claquer le nez du fautif sous les yeux ahuris des autres orphelins. Voyez-vous, son bras avait bougé tout seul avant qu'elle ne passe son chemin. Son majeur aussi, s'était levé tout seul par la même occasion. "Reflexe."

Les années suivantes creusèrent encore un peu plus la véhémence et toute l'acidité de ces paroles, qui susurrent à l'oreille de la plèbe qu'il ne faisait pas bon de vouloir s'approcher d'elle : une source de haine autant qu'une source d'admiration refoulée au sein de la Wammy House. Certains la détestaient cordialement : et ils avaient raison. D'autres souhaitaient certainement avoir son répondant et son détachement. Toujours est-il qu'il y avait quelque chose d'imprévisible, de logique, de subtile et de violent avec la jeune fille. Dainty était-elle une personne calme , impulsive, joyeuse ou plutôt morne ? Cette question se posait plus d'une fois après de violentes rixes, dans les salons de la Wammy House...

Bref, la méfiance était de mise lorsque les ragots échangeaient sur ce qu'ils qualifiaient être "une Langue de Vipère". Sa réputation ternit encore un peu plus quand elle tissa des liens d'amitié avec Sulfur et Arsène. Le premier était de la même trempe qu'elle, charismatique mais connard à la fois : C'était un loup prêt à se faire les crocs. Un loup avec deux pas d'avance. Mais un loup qui devait faire ses preuves. Et plus que quiconque, la Word comprenait : il n'était jamais simple de porter une peau de bête. De voir les failles des autres, leur vulnérabilité. Ca donnait envie de mordre en retour parce que bon : à côté d'eux, les autres étaient tout de même très fades ! Quant à Arsène...S'il devait exister une personne susceptible de la comprendre, c'était bien elle. Dès le début, elle avait vu au travers de ses masques. Elle avait pu voir son malaise vis-à-vis de la Wammy House, son irrépressible envie d'être aimée et enfin, elle avait été la témoin de cette sensibilité qu'elle ne s'acceptait pas...

Ô, à trois, ils formaient un trio un peu maléfique. Manipulateurs en herbe, compétiteurs névrosés, observateurs maladifs et compulsifs, capables de faire d'une vie un véritable Enfer...


Et aujourd'hui ? Maléfique est encore un mot pertinent. Dainty en est consciente. Mais au moins, Dainty n'est pas seule. Ce qu'ils font, ils le font par nécessité. Pour se défendre. Pas forcément contre tout le monde, non. Juste contre ceux qui se mettent en travers de leur chemin. Mais soyons clair à ce sujet : le trio n'a pas toujours les mêmes cibles, car celles de Sulfur sont parfois trop nombreuses, même pour elle.  Et puis surtout, le Word a la fâcheuse manie de ne pas toujours assumer ses némésis, et ça, ce gros déni comme elle les déteste, elle ne veut pas toujours les encaisser pour ses beaux yeux. Pourquoi irait-elle donc flinguer mentalement le journaliste de la Wammy House alors qu'il...est tout bonnement évasif, si ce n'est timide à l'excès ? Un jour, une initiative serait prise à ce sujet, d'ailleurs. Dainty a le sentiment que ce "Wave" dont Sulfur parle tant a quelque chose à lui dire.

Et, en dehors de la bibliothèque détenue par les Words, Dainty est encore au coeur de toutes les rumeurs. Quand elle ne fait pas la fille sage pendant une journée, le défi l'emporte et elle s'essaie à des expériences de vie controversées. Et puis, on dit d'elle qu'elle avait les dents longue, et qu'elle a la fâcheuse manie de cumuler les flirts ...

Et que dire de la scène ? Après son arrivée, c'est devenue sa seconde maison. C'est là qu'elle a découvert une face bien plus saine de sa passion. Ici, c'est une autre Dainty qui apparait. Une Dainty apaisée, une Dainty dans son élément. C'est cette pièce qui la remet en question : il y a bien des personnes qui méritent de connaître un peu la réalité. Et puis, il y a les nouvelles recrues, ces petits "ça" tout mignons qui font leur apparition dans l'orphelinat. De Mean Girl, la blonde devint très rapidement la grande soeur patiente et attentive, toujours là pour les amuser avec ses anecdotes rocambolesques et ses imitations trépidantes. Car, s'il y a quelque chose que la Word entend bien, c'est que personne n'a réellement eu une vie facile dans cet orphelinat. Alors, il y a bien un schéma que Dainty ne veut pas reproduire pour les plus petits. En particulier avec cette petite qui lui rappelle tant la Mini-Dalia et sa fascination pour le théâtre...

Un talent et une passion aussi ardente, ça se voit autant qu'un millier d'étoiles en pleine mer. Avec ses boucles de feu, son verbe et son petit minois à en faire craquer plus d'un, Swan a déjà tout pour plaire. Plus tard, la Petite deviendra une merveilleuse actrice. C'était un fait. Et si les circonstances ont fait qu'ils sont ce qu'ils sont, à savoir des orphelins, Dainty est là pour lui apporter ce qu'elle n'a jamais eu :  Des conseils rassurants et bienveillants sur ses performances, et puis un soutien moral dans cette prison dorée. L'Anglaise prévoit déjà de former la petite et d'y veiller bec et ongle à ce sujet. En couture, Swan n'aura jamais à se piquer les mains pour se faire son propre déguisement. Et en dehors du théâtre, on ne forcera pas la voix sur cette petite fée de la scène...

Et maintenant ? Eh bien, tout n'est pas terminé. Peu importe la personnalité arborée, l'Anglaise n'a jamais sa langue dans sa poche. Ô, elle met dans l'ambiance, la Dainty. Elle représente encore la valeur sûre d'une soirée bien arrosée, des Egos brisés et du bon goût.