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« mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana.

Diana
Diana
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« mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Mar 11 Mai 2021 - 22:31.
diana
atia dinesh •• quinze ans •• indienne

classe •• riddle
manie •• relire ou feuilleter ses notes et mémos. diana discourt et existe selon tout un système rigoureusement organisé de pense-bêtes.
arrivée à •• huit ans.
position par rapport à la compétition •• diana ne souhaite aucunement devenir L. elle y a pensé mais, fondamentalement, elle ne se reconnaît pas dans cette conception-là de la Justice, elle qui se destine à œuvrer pour la défense des droits de l'Homme à travers le monde. néanmoins elle donne toujours le meilleur d'elle-même – elle a le goût du dépassement de soi.

spécialité •• éloquence et logique ; rhétorique.
description •• le langage précède la pensée, diana en est profondément convaincue. la conscience, pour tout ce qu'elle a de souterrain et d'intangible, ne saurait s'exprimer sans mots – sans syntaxe – sans grammaire. la rhétorique, l'art de bien discourir, apprend à structurer sa parole selon une logique rigoureuse, à mettre en évidence les liens de causalité et de conséquences. et surtout, plus que tout, dire – bien dire – c'est être au monde.
maîtrise •• atia connaît par cœur une myriade de grands discours, qu'elle pourrait réciter à la virgule près. elle compile d'ailleurs rigoureusement les transcriptions audiovisuelles ou textuelles de toute forme d'élocution qui lui semble signifiante, importante, ou tout simplement pertinente à décortiquer. bien sûr, elle maîtrise excellemment les règles et subtilités de la rhétorique classique. jusque dans sa parole la plus quotidienne, diana exerce et affine sa parlure. tous les matins, au réveil, elle réchauffe d'ailleurs sa voix par quelques exercices de vocalises et de diction.
compétences associées •• à sa maîtrise de la rhétorique s'associent naturellement de solides connaissances en linguistique et stylistique, faisant d'elle une véritable technicienne du langage. il va sans dire, enfin, que ses raisonnements et argumentations obéissent strictement aux principe de la logique.

juste et droite •• bienveillante, douce •• charismatique •• aussi exigeante avec les autres qu'avec soi-même •• idéaliste
intransigeante •• moralisatrice •• perfectionniste •• angoissée •• secrète

« Petticoat, sari, hair, eyes haven't been burnt »


(i. exordium.)

Les paupières d'Atia s'entrouvrent lentement sur une pénombre chaude et silencieuse. Elle s'arrache sans traîner à la torpeur tiède de son lit, s'active avec une tranquillité subreptice, comme si elle craignait de briser le calme brumeux de ce matin d'hiver. Il y a dans ces moments-là, qu'elle partage avec elle-même, une douceur flegmatique qui lui convient parfaitement – s'éveiller avec le monde lui paraît d'une évidence réconfortante.
Or il n'y a rien de plus rassurant que l'évidence, car ce qui est évident obéit aux lois rigoureuses de la
logique.
Ce qui est évident ne peut pas se
contourner, se
négocier, se
nier.
L'Absolu est rare mais, s'il existe, il se trouve dans la vérité inflexible de l'évidence.
Et Atia – ou Diana ? parfois elle s'interroge – croit plus que tout à la prééminence de la rationalité.

Elle se prépare selon une foultitude de petites étapes inflexiblement ritualisées – raviver les traits endormis de sa figure à l'aide de son hydrolat de rose de Damas, brosser longuement sa chevelure brune qu'elle noue ensuite en une tresse épaisse, teinter ses lèvres charnues d'une couche légère de rouge qu'elle applique au doigt pour un rendu plus naturel... Elle ne fait que répéter, ultimement, les gestes qu'elle a appris de sa mère – un modèle de beauté majestueuse, une présence gracieuse et fragrante, une prestance tout à la fois humble et royale.

(ii. narratio.)

On pense et l'on dit souvent de Diana qu'elle est précieuse et maniérée, d'une sérénité altière. Petits et grands connaissent la ferme douceur de sa voix, la placidité réprobatrice de ses sermons, tant et si bien qu'à l'orphelinat elle joue le rôle d'une aînée exigeante et indulgente – de celles auprès desquelles on aime venir chercher conseil.

« Hyper ! – elle pose une main sur l'épaule du garçon afin de le retenir – il n'est pas question que tu sortes habillé comme ça, tu vas tomber malade... Va au moins mettre un manteau. Sinon j'appelle Abbey. »

La menace fait effet – le Shape repart en sens inverse sous son œil sévère. Peu lui importe qu'on la trouve chiante ou ennuyeuse, elle veille inlassablement au bon comportement des uns et des autres, prompte à
recadrer ce qui dépasse l'entendement–
ramener ce qui s'égare sur le droit chemin–
réprimer ce qui contrevient au Bien commun.

(iii. confirmatio.)

« Madame Penny, Mello vient d'ouvrir la fenêtre sans consulter qui que ce soit, explique Diana d'un ton indigné, or il me semble que ce type de décision doit se soumettre à un vote. »

L'intéressé a beau se retourner pour la fusiller du regard, elle n'en démord pas – et d'ailleurs l'enseignante lui donne raison. Il n'y a que cette dernière, nouvellement arrivée, pour s'étonner de cette intervention. Diana est connue de tous et de toutes pour son sens aigu de la justice et de l'équité – elle proteste pour celles et ceux qui n'osent pas, elle délibère et tranche pour celles et ceux qui n'y parviennent pas d'elleux-mêmes. La violence, la cruauté ne la découragent pas le moins du monde – confrontées à celles-ci, elle se souvient des réflexions que Malala Yousafzai développe dans son autobiographie, lorsque celle-ci s'imagine rencontrant l'un de ces terroristes qui la menacent de mort : « Si tu frappes un taliban avec ta chaussure, il n'y aura plus aucune différence entre lui et toi. Tu ne dois pas traiter les autres avec cruauté. Tu dois les combattre par la paix et le dialogue. Malala, […], explique-lui seulement ce qui est dans ton cœur. »

La communication, les mots prévalent tout ; ils sont l'outil tangible de la pensée, que l'on peut ainsi partager. Ils sont un pouvoir, une puissance bien supérieurs à toute forme de violence physique – les coups blessent
mais les mots restent.

(iv. peroratio.)

Diana se laisse bercer quelques instants par le vaste silence de la piscine, traversé de mille et un murmures mouillés ; puis elle se courbe, tend les bras, et
elle plonge–
aussitôt le bruissement sourd des profondeurs étouffe le murmure intarissable de ses pensées.

Si Atia ne s'imagine pas exister et œuvrer sans Autrui, être parmi ses congénères est un exercice qui l'épuise. Parce qu'il ne s'agit pas tant d'être que de paraître – jamais elle ne prononce le mot de trop, jamais elle n'élève la voix, jamais elle ne s'impatiente ou se désespère... Elle n'est pourtant pas moins faillible,
pas moins
humaine
que les autres.
Et l'imposture – l'illusion de la perfection – lui pèse. Parfois, c'est trop, tout simplement trop.

Mais sous l'épaisseur ondoyante de l'eau, elle
n'est plus
personne.
Ni Diana
ni Atia.
Plus qu'une âme légère, une paire de bras
de jambes
qui luttent contre la pesanteur translucide
de l'abîme.

🖋 née le 2 janvier 2006 (capricorne ascendant capricorne, lune en verseau) ; mesure un mètre soixante-quatre pour cinquante-trois kilos.
🖋 a appris dès son plus jeune âge à jouer du piano et de la harpe, deux instruments qu'elle maîtrise avec une perfection douce et paisible. celles et ceux qui la connaissent bien devinent ses humeurs au morceau qu'elle joue. les Gymnopédies d'Erik Satie sont ses pièces favorites.
🖋 fait de la natation depuis qu'elle a cinq ans. Atia épuise toutes ses angoisses dans d'interminables longueurs solitaires. parfois elle se laisse juste flotter à la surface de la piscine, savourant le frisson de l'eau tout autour de son corps.
🖋 elle a aussi fait de la danse classique, de ses quatre à ses six ans. elle n'a pas continué car, de toute façon, c'était une activité que l'on avait choisie pour elle et qu'elle n'aimait pas tant que ça. elle a cependant gardé la grâce fluette du geste, l'élégance délicate de la posture.
🖋 végétarienne depuis deux ans.
🖋 féministe intersectionnelle qui conçoit son militantisme comme une lutte de tous les jours – corriger les uns, éduquer les autres... n'a pas démérité sa réputation de donneuse de leçons bien-pensante.
🖋 lectrice assidue, ses autrices favorites sont Sylvia Plath, Anna Akhmatova et Simone de Beauvoir. elle lit aussi, évidemment, beaucoup de théorie féministe, queer et post-coloniale.
🖋 quoiqu'elle le dissimule très bien, elle a souvent le mal du pays. elle se réfugie alors dans la chaleur lactée et épicée du masala chai, dans l'allégresse chamarrée de ces productions bollywoodiennes dont, à l'époque, elle et sa sœur s'amusaient à répéter les chorégraphies.
🖋 de confession hindoue, elle se rend régulièrement au temple de Southampton.
🖋 souffrant de misophonie, tout bruit de déglutition, de mastication ou de succion lui est absolument insupportable ; le moindre grincement la raidit des pieds à la tête. à l'inverse, elle est extrêmement sensible à tous les sons infimes du quotidien – le papier d'une page qui frémit sous ses doigts, le murmure indistinct d'une conversation lointaine, le frisson épais du lait qui bout... il n'est d'ailleurs pas rare qu'elle écoute de l'ASMR pour s'endormir.
🖋 de ses longs cheveux bruns se dégage toujours une odeur entêtante et sucrée d'huile de noix de coco.

« Just because I didn't light a match was there no fire? »


a woman is a thing apart.
she is bracketed off, a
comma, semi-colon, at most »

Même pas née, Atia était déjà de trop.
Une fille.
Encore une fille.
Que va-t-on bien pouvoir faire d'une deuxième fille ? se demandaient muettement ses parents, alors qu'elle n'était encore qu'une infime petite chose recroquevillée dans le ventre de sa mère. Cette dernière s'efforçait de rassurer comme elle pouvait son mari. Nous aurons un fils la prochaine fois, je te le promets, assurait-elle avec une certitude vacillante – après tout, elle-même ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Que lui arriverait-il si elle s'avérait incapable de tenir cette promesse ?
Née au lendemain de la nouvelle année, à New Delhi, Atia sut cependant se démarquer de son aînée.
Ses grands yeux cérulés, illuminant sa figure d'une douceur d'azur, ne manquèrent pas d'émerveiller père et mère. Et toute la famille, qui y vit un bienheureux présage.
Mais elle était toujours de trop.
Il aurait fallu qu'elle soit
un
garçon.

Dès son plus jeune âge, Atia le savait – qu'elle était de trop. On ne lui a jamais rien dit, pourtant – il n'y avait pas besoin. Ce que l'on tait, parfois, s'entend plus clairement, plus puissamment, que ce que l'on dit. Elle savait qu'elle prenait une place qui ne lui était pas destinée, et qu'elle devrait, toute sa vie durant, la mériter.
Alors c'est ce qu'elle a fait.
Avec une patience et une intelligence exceptionnelles, elle apprit et appliqua tout ce que l'on peut attendre d'une gentille fille de bonne famille. Elle exerça jusqu'à la perfection la droiture altière de sa posture, la majestueuse légèreté de sa démarche, la charmante habileté de sa parlure...
Tout ce que son aînée faisait, elle devait le faire aussi bien. Au moins.

a lower-case letter, lost. »

Atia a bientôt six ans lorsque le travail de son père, affecté à la High Commission of India, les oblige à quitter l'Inde. C'est peut-être la première fois, dans sa courte vie, qu'elle se sent vraiment, vraiment triste. Mais, malgré son jeune âge, elle sait déjà dissimuler et réprimer ses colères et ses chagrins, tout effacer d'un sourire gracile ; alors, c'est
ce qu'elle a
fait.
Père et Mère souvent absents ou occupés, la valetaille devient comme une famille de substitution. Varshini, la cuisinière, leur prépare mille et une douceurs safranées – les fragrances sucrées et épicées des gulab jamun, l'onctuosité lactée du khir sont un véritable réconfort pour les deux filles, déracinées et isolées. Drishya, la femme de chambre, consent secrètement à les laisser dormir ensemble malgré les remontrances de Mrs Charlotte, leur gouvernante anglaise. Cette dernière, sévère et cinglante, veille à leur bonne conduite ; c'est aussi elle qui assure leur apprentissage des règles d'étiquette.

Et c'est elle qui dira, un jour : « Madame, Monsieur, il me semble qu'Atia montre des capacités intellectuelles bien supérieures à ce que l'on pourrait espérer d'une enfant de son âge. »

in the literate circus
she is just a striptease
artist, [...] »

Les doigts d'Atia courent sur les marches et les feintes du piano – elle a les mains tremblantes, le souffle court ; elle sait toutefois se montrer parfaitement calme. D'une gravité paisible – princière. Autour d'elle on loue sa virtuosité – la tendre vivacité, la gracieuse sensibilité avec laquelle elle joue la Rêverie de Debussy. On remarque, bien sûr, qu'elle n'a presque jamais regardé sa partition – oh, quelle mémoire exceptionnelle ! Elle n'ose relever les yeux – tant qu'elle ne voit que les touches du piano, le monde autour d'elle n'existe pas.
Et quel bonheur que de se
libérer du monde.
Car si elle échappe au monde, ne serait-ce que quelques minutes,
quelques secondes,
le temps de
quelques notes,
alors elle n'est plus cette bête de foire ce
singe savant
qu'on admire et qu'on applaudit.
Le temps de quelques notes elle a l'impression l'illusion de n'appartenir qu'à elle-même,
de n'exister que par
et pour
elle-même.

Quand elle se redresse, c'est le presqu'imperceptible sourire de son père qu'elle aperçoit en tout premier. Aussi maigre, aussi infinitésimal ce sourire soit-il, il remplit Atia d'une fierté lumineuse. Il lui semble, souvent, qu'elle ne vit que pour gagner, par d'inlassables efforts, cette brève torsion de lèvres qui éclaire la figure paternelle.

Elle en oublie,
au moins le temps d'un
silence,
que son existence n'est qu'une
perpétuelle
performance.

Condamnée à se taire quand on le lui ordonne, à ne parler que si elle y est invitée. A chanter, danser dès qu'on le lui demande.
Bénie des divinités, qui lui ont fait don de cette inestimable intelligence ; mais jamais assez pour que ses parents la jugent digne de sa naissance.

[…] but when she speaks
her poems bite, ferocious. »

C'est un soir comme tant d'autres,
ce soir-là.

Père et Mère lui paraissent si beaux,
ce soir-là.
Père a fait tailler sa moustache avec une précision soigneuse, il a revêtu son plus beau costume. Mère est d'une grâce surréelle dans cette longue robe d'un vert profond, rehaussé de broderies iridescentes ; un épais chignon haut, dont s'échappent quelques ondulations brunes, dégage la courbe altière de sa nuque...

Atia n'imagine pas,
ce soir-là.
Qu'elle ne les reverra plus.

Elle n'a pas su pleurer,
ce matin-là.
Zoya, elle, a pleuré. Beaucoup. Bruyamment.
Mais pas Atia.
Elle, elle a écrit.
Et puis elle a
dit.
Lors des funérailles, face à cette pléthore d'hommes et de femmes dont la moitié lui est parfaitement inconnue. Pour la toute première fois de sa vie, elle parle sans y être invitée.
Pour la toute première fois, elle prend la parole, sans attendre qu'on veuille bien la lui concéder.

C'est une délivrance.
Et une souffrance.

On lui dit ensuite, à elle, Atia, qu'il existe un endroit destiné à affiner et enrichir les esprits les plus brillants ;
on lui dit, à elle, Atia,
pas à Zoya,
qu'elle y aurait sa place.
Si elle le voulait bien, évidemment, et si elle acceptait de se séparer de son aînée.

Zoya lui dit : « Vas-y, c'est à toi de briller. » Et la cadette n'a jamais pensé ni même souhaité lui faire ombrage mais l'idée d'irradier pleinement, éhontément ; la perspective d'être plus qu'une seconde silencieuse et servile...
Atia ne sait pas y résister.

rhyme and shape, primitive
beasts, come tamed to her »

Prudente comme elle l'a toujours été, elle commence par se faire discrète. Depuis le mutisme songeur des coins et recoins qu'elle occupe, elle observe l'environnement, les comportements des uns et des autres – elle n'envisage pas d'intervenir ou d'agir dans ce microcosme sans en saisir pleinement les règles et enjeux. Elle comprend d'ailleurs vite les dynamiques sociales, les hiérarchies tacites et les batailles qui rythment le quotidien de l'orphelinat.

Elle ne tarde pas à réaliser, toutefois, que si elle observe,
elle est aussi
observée.

La sensation lui est
douloureusement
familière.

Alors Atia s'efface – s'oublie méticuleusement. Encore une fois.
Une dernière fois.
Et Diana entre au monde.

endangered species, they
recognise her desperation. »

La main de Diana court sur le papier – son regard, lui, va et vient régulièrement de sa copie à ses nombreux brouillons. Ces derniers, recouverts de mots-clés et de noms gracieusement griffonnés, détaillent avec une précision et une organisation méticuleuses le développement de sa dissertation. Elle termine de rédiger sa conclusion lorsque l'enseignant qui les surveille annonce : « Il vous reste dix minutes. » Un mince sourire satisfait fleurit sur ses lèvres – elle est dans les temps à la seconde près, si bien qu'elle ose même relever la tête quelques instants, parcourant la salle de son regard. Il n'y a plus personne, quasiment – parmi cette foultitude de génies, rares sont celles et ceux qui s'acharnent au point d'user l'entièreté des quatre heures allouées à l'examen de psychologie. Elle reconnaît d'ailleurs la plupart de ses camarades – toujours les mêmes.

La jeune fille relit attentivement l'ensemble. Accoudée au pupitre, elle guide ses yeux de la pointe de son stylo – marque parfois une pause sur un mot, un morceau de phrase qu'elle barre d'un trait soigneux... Elle ne peut pas se retenir de corriger et réviser–
de rechercher
inépuisablement
la perfection.
Et puis, s'efforçant de ne pas céder à la tentation d'une énième relecture – elle fait fi de l'anxiété qui lui noue douloureusement le ventre –, elle rassemble ses stylos, crayons à papier et surligneurs, les range dans sa trousse, qu'elle referme d'un geste précautionneux...

« C'est terminé. Je vous demanderais d'arrêter d'écrire et de venir rendre vos copies à mon bureau. »

Diana se lève – ses doigts s'affairent instinctivement à lisser les pliures de sa jupe. Elle n'oublie évidemment pas de replacer sa chaise sous la table avant d'aller déposer son travail sur le bureau du professeur.

« Non mais attendez, j'ai oublié de mettre mon nom ! »

Elle se retourne et, tout en se dirigeant vers la sortie, elle regarde l'adulte lutter avec Mello, qui s'accroche férocement à sa copie.

« Ne t'inquiète pas, je le rajouterai moi-même. Maintenant je te conseille de lâcher, parce que si je tire et que la feuille se déchire... »

L'éternel second finit par céder. Il récupère rageusement ses affaires et rattrape Diana, sous l’œil vaguement intrigué de l'enseignant. Il est si habituel de les voir se quereller, ces deux-là, qu'on peine à imaginer qu'ils pourraient bien s'entendre – encore que « bien s'entendre » tient sans doute de l'exagération. Il sort et, tandis qu'elle marche à sa suite d'un pas flegmatique, il lui lance :

« Alors, t'as répondu comment à la question, lady Di ? »

Cette dernière pince les lèvres, irritée. Elle ressort néanmoins ses brouillons de son sac, les relisant rapidement en même temps qu'elle synthétise la progression de la réflexion qu'elle a proposée.
(C'est amusant. Avant, elle ne ressentait pas ce besoin compulsif de s'appuyer sur un support écrit.)

« T'en veux ? »

Elle considère la tablette tendue vers elle d'un air dédaigneux – fronce les narines de manière presqu'imperceptible.

« Tu réalises que les carrés sont pré-découpés pour une raison ?
Personne me dit comment manger.
… C'est ridicule. »

A vrai dire, elle a le sentiment de l'être, elle aussi. Ridicule. Comme si, malgré tout, elle ne pouvait t'empêcher de rechercher une ombre, une furtive noirceur dans laquelle elle pourrait t'enfouir – une gloire qui ne lui appartient pas, derrière laquelle elle pourrait
t'effacer.

Mais, se rappelle-t-elle, je n'ai pas quitté ma sœur, renoncé à mon identité,
pour être la seconde silencieuse et servile
de qui que ce soit.

Il lui faut, maintenant,
briller
par elle-même.

she wants, she badly wants
not a fresh lover, strongman 
or clown, [...] »

Ma Zoya adorée,

Je suis navrée, vraiment, d'avoir tant tardé à te répondre. J'ai été follement occupée ces derniers temps avec les examens, les devoirs à rendre... Néanmoins j'ai beaucoup pensé à toi. (Mais tu sais que je pense toujours à toi, n'est-ce pas ?)

Comment vas-tu ? J'imagine que toi aussi, tu as dû beaucoup travailler en cette fin d'année... Tout se passe bien avec Zevesh ? Je me souviens que, la dernière fois, tu étais fâchée contre lui, j'espère que ça s'est arrangé entre-temps.


Restée à Londres, son aînée semble mener une vie plus simple, que Diana se surprend parfois à lui envier. Zoya lui raconte tout dans de longs mails : l'excellence de ses résultats au lycée, sa volonté de s'engager dans des études de médecine, mais surtout les sorties qu'elle fait avec ses ami.e.s et son petit-copain, les chicanes et les racontars qui agitent son quotidien de jeune fille bientôt majeure...

De mon côté, reprend-elle, je...

Ses mains s'interrompent en plein mouvement, suspendues au-dessus du clavier.

... je lis beaucoup – comme d'habitude, me diras-tu. Et plus je lis, plus je doute. De tout. De ce qu'on nous a appris, de ce que la société nous inculque et nous impose...
Et de moi.
J'ai l'impression de n'être qu'un concentré de constructions sociales, d'injonctions parentales... Tu n'as jamais ressenti quelque chose de semblable ? Tu ne t'es jamais demandée si...


… si nos parents avaient tort ? Elle ne trouve pas la force de taper ces mots.

... si les règles selon lesquelles nous vivons sont légitimes ? Et si nous nous trompions, depuis le début ? Je ne sais pas. Je suis désolée de t'embêter avec ces réflexions décousues.

As-tu eu le temps de lire
A Room of One's Own de Virginia Woolf ? J'ai hâte que tu me dises ce que tu en as pensé. Depuis que j'ai terminé cette lecture, je me demande souvent si j'ai vraiment su m'approprier une « chambre à soi »... Autrement, je m'apprête à commencer Ain't I a Woman? de Bell Hooks.

La jeune fille se mordille la lèvre, rouvre le brouillon qu'elle a préalablement tapé dans son logiciel de traitement de texte – se relit afin de s'assurer qu'elle n'a rien oublié de tout ce qu'elle souhaitait évoquer...

Je t'embrasse, ma sœur adorée, en te promettant de reprendre un rythme de réponse plus régulier à partir de maintenant.
Prends soin de toi,


Elle croise les bras, réprime un soupir. Elle n'y arrive pas.
A exprimer ce qui tiraille son cœur, occupe ses pensées – à partager ce qu'elle a de plus enfoui.
Elle n'y
arrive pas.
A construire les mots, les phrases qui lui permettraient de dire ce qu'elle
ressent.
Avec sa propre sœur elle ne sait que
paraître.

Diana, signe-t-elle après une longue hésitation.

[...] but a new language
in which to hold her own. »

hrp

oui bonjour moi et un certain rageux blond on a déjà posé nos valises par ici 👼
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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Mer 12 Mai 2021 - 7:59.
AAAAAAAAAAAAAAAAA


J’aime déjà si fort.
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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Mer 12 Mai 2021 - 10:22.
YEAY UNE DIANA  « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana. 2971112816  « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana. 2971112816  « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana. 2971112816  « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana. 2971112816

rebienvenue!!
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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Mer 12 Mai 2021 - 11:57.
quel flow elle a cette Diana wow  « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana. 6236008
Diana
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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Jeu 13 Mai 2021 - 0:38.
hihihihi merci à vous 💜 ✨ ✨ j'espère qu'elle vous plaira toujours autant quand j'en aurai fini avec cette fiche 😭
Roger
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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le Jeu 27 Mai 2021 - 18:23.
(juste. merci.)

a room of one's own



Bienvenue Diana ! C'est avec plaisir que le Staff t'annonce que tu as été validé ! Nous déplaçons désormais ta fiche dans ton espace gestion de personnage. Tu y trouveras également ton espace personnel si tu souhaites partager des actualités concernant ton personnage, ainsi que ton tableau de bord qui répertorie des objectifs. N'hésite pas à aller regarder la liste des objectifs si tu désires te lancer dans l'aventure. Tu peux également poster dans ton espace gestion de personnage ta fiche de relations afin que les autres membres puissent y poster.


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Re: « mémoires d'une jeune fille rangée. » – diana., posté le .


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