son corps et autres célébrations, bone

La dédication, chez elle, est l'ultime preuve d'amour profane. Sa fascination, béante et avide, s'entiche de toutes les fébrilités inexprimées de ce monde, de toutes ses faiblesses étrangères, de tous les flous inexpliqués. Bone est absorbée par l'idée de l'invisible présence des nombres autour d'elle et s'enquiert de la curiosité des profondeurs évidentes et absentes à la fois. Chez elle, rien n'est évident et tout pourtant coule de source, elle comprend et rejette à la fois, examine mais est incapable d'estimer l'immensité numérique du coeur des hommes.
Bone est en extase timide face à l'homme. C'est un amour chéri qu'elle peine à exprimer et qu'elle sait défait de toutes conventions, et craint, tout simplement de ne rien faire correctement dans ses affections ; c'est-à-dire qu'elle ne trouve aucune logique à ses propres sentiments, que ses larmes ne s'expliquent à peine et que le tambourinement tachycardique de son coeur quand elle est amoureuse est honteux d'irrégularités. A quinze ans, Bone découvre à peine le plaisir de ressentir et de se laisser surprendre par ses propres rires pincés et qui manquent de souffle ; elle s'émeut de ses éclats et éclate en gros sanglots de ses colères. Il y a quelque chose de magnifique dans la faiblesse des autres et cette beauté, elle la trouve seulement maintenant en elle - comme jusque là privée de la vitalité de connaître son reflet dans les miroirs.

Le savoir n'est plus la fatalité d'une infinie solitude et son cerveau absorbé de milles besoins curieux a toujours été apte à ressentir et recevoir : elle n'était seulement pas certaine de réussir à faire coexister la théorie du monde et sa pratique, plus cruelle et drainante pour les esprits comme le sien. Bone voue un véritable culte à l'amour et sa culture, cherche toujours à s'améliorer pour entretenir l'excitation simplette causée par ses hormones ; en saisissant qu'elle valait la peine d'être aimée, Bone a aussi appris à aimer.

"Alors seulement, j'ai compris. Alors seulement, j'ai vu le contour en cristal de mon passé et de mon futur, j'ai appréhendé ce qui était au-dessus de moi (les étoiles innombrables, le ciel démesuré) et ce qui était en dessous (des kilomètres de terre et de pierres dépourvues de cerveau). J'ai compris que le savoir écrase, détruit et dévore, que le posséder est à la fois un bonheur et une grande souffrance. J'étais une créature infime, coincée dans une crevasse d'un univers différent. Je le savais, désormais."


— Blenda est l'aînée sans l'être tout-à-fait - c'est à dire qu'elle est la première des deux à être né-es, mais qu'il n'y a, en réalité, que peu de différence entre la naissance de son frère et la sienne.
— Diagnostiquée autiste des années après son frère : difficulté à reconnaître l'autisme féminin, Blenda est seulement reconnue comme enfant HPI et fait, dès son plus âge, ce qui appelé du masking, ce qui est courant chez les jeunes filles autistes. Elle a moins de difficultés à sociabiliser qu'Ingram et ne va pas dans la même école que lui.
— Blenda est effacée derrière le génie de son frère et occupe une seconde place chez elleux quand il est question du domaine intellectuel : cela fait d'elle une jeune fille profondément timorée assez vite, qui passe en arrière-plan. Elle nourrit une profonde et grande affection pour son petit frère qu'elle admire et protège avant tout.
— Naturellement attirée par les chiffres, elle s'éloignera de ce domaine en tant que "fierté" et dit talent car son frère s'avère rapidement meilleur qu'elle. Elle s'intéressera plutôt d'abord à l'anatomie des animaux (ramassant d'abord des petits cadavres dans leur jardin, incapable de tuer un être vivant de toute manière) puis se lancera dans des lectures fastidieuses autour du corps humain.
— A la mort de ses parents, elle s'enferme dans cette bulle qu'elle créera autour de la lecture et l'apprentissage précoce de technicités autour de l'anatomie. Blenda s'isole profondément en miroitant le comportement de son frère alors qu'elle est plutôt sociable de nature. Elle fera le pont entre lui et le monde extérieur, sans jamais s'éloigner de lui.
— L'arrivée à la Wammy's house est une des plus grandes réalisations de sa vie : elle apprend à apprécier son goût pour les sciences plus qu'à le subir et désacralise violemment la figure de son frère en voyant la richesse des enfants présents ici qui dépasse ce qu'elle a pu connaître ici. Elle possède encore beaucoup de difficultés à se faire une place, se sentant illégitime, mais est toujours enjouée de réussir et surtout d'interagir.