hiraeth - a homesickness for a home that never was (100%)

On le dit isolé, on le dit prisonnier du chemin de ses propres pensées ; il se dit réfléchi, il se dit simplement introverti. Sur le papier, poser les quelques pensées, reproduire ce qui est vu, de quelques coups de crayon, en faire une réalité - dessiner l'a toujours aidé à réfléchir.
On dit qu'il correspondrait davantage à la classe Expert, qu'il en est le cliché parfait : calme et muet et lui rétorque que les mots ont une valeur qu'on ne peut se permettre de souiller et que dans les paroles excessives, on en perd de vue l'essentiel. On oublie de faire attention aux détails, aux raisonnements, à la logique.
On dit que s'il aimait tant les mots, il aurait dû être un Word ; mais il n'a d'affinité avec les mots que la reconnaissance de leur importance. Ne sait pas les manier comme il manie le crayon; pas plus qu'il n'a d'utilité à s'engager dans maintes discours et débats - son point, une fois démontré par les lois de ce monde, n'avait de mérite qu'à être accepté... ou refusé.
Il n'avait jamais démontré une quelconque tendance à savoir s'exprimer; davantage dans les reformulations constantes parce que ce qu'il s'est retrouvé à dire ne représentait aucunement le message qu'il tentait de faire passer.
Il est cet individu bien attaché à son unicité; bien ancré dans les concepts d'individualisme; appréciant davantage la compagnie de son crayon et les livres riches en savoir; que celles des gens autour de lui;
Davantage enfoncé dans le "débrouille-toi" que dans l'aide pour le suivant - davantage dans l'égoïsme que la serviabilité.

On lui dit d'apprendre à connaître ceux qui l'entourent, leur demander comment ils se prénomment, ou plutôt se surnomment ; il ne comprend pas en quoi un âge, un prénom ou un surnom peut être indicateur réel de qui on se trouve à être. Hiraeth ne fait pas dans la superficialité; la tien même en horreur, peine à soutenir les « little talks ».
Et quand on lui parle de succéder à L ; habilement, il choisit le silence, déduisant que cette bataille n'était pas à livrée. Il allait pour toujours évoluer dans l'ombre d'un détective, comme tous les autres ici. Mais il n'avait pas pour ambition de prendre la relève; préférait encore comprendre tous les mystères de la vie, trouver la clé des problèmes, déchiffrer tout ce qui avait à l'être. Son ambition ne résidait pas là où pourrait l'espérer.

Néanmoins, il ne s'en soucie pas.
Il est calme, il est studieux - il n'hésite jamais, malgré tout, à offrir un coup de main quand on le lui demande pour les travaux scolaires. Bien qu'il soit celui qu'on voit dans le fond de classe, qui, à tous les coups, ne donne pas l'impression d'écouter. Il est perfectionniste, il est persistant. Les erreurs lui donnent un sentiment d'échec profond et violent, et la colère peut parfois briller dans ses yeux.
Celui qui a déterminé que les yeux étaient le reflet de l'âme avait dû prédire plonger son regard dans celui d'Hiraeth. Ses émotions passent toutes au travers de ses prunelles - alors même qu'il ne les communique pas. De mauvaise foi, capable même de les nier.

On lui répète sans cesse de faire attention aux autres ; mais lui ne comprend pas l'intérêt de filtrer ce qui sort, lorsqu'il s'exprime. Blesser ne lui provoque pas le moindre regret; et l'empathie est aux abonnées absentes (ou plus exactement, totalement inhibée et intériorisée). Et sa capacité à rationnaliser s'impose également lors de ses relations. On peut au moins le considérer franc,
Hiraeth n'éprouve pas de remords; ne considère même pas l'intérêt de respecter les règles, mais concède à s'y plier temporairement. Le temps d'un instant. Le temps de quelques temps.

De sa logique bien présente en découle - par contradiction - une tendance à étrangement ne jamais prendre en considération les risques pour la sécurité. La sienne et celles des autres. La mépriser presque.
Il lui arrive, à Hiraeth, de mentir et manipuler pour parvenir à ses fins - manipuler la vérité à ses désirs, pour obtenir l'objet de sa convoitise. Mais Hiraeth n'est pas méchant, pas fondamentalement cruel; simple décalé. Capable d'avoir conscience du bien et du mal; selon les autres - sans pour autant en saisir les nuances.

Patience sans limite et soif d'apprendre au-delà du possible, connaissances générales constamment revisitées; mises à l'épreuve. Adepte profond des défis, toujours prêt à les relever. Hiraeth désire être le premier de la classe et aucune note n'est jamais suffisante tant qu'elle n'est pas celle maximale.
On lui dit d'être réaliste; mais ça ne lui a jamais suffit.
Hiraeth est un éternel insatisfait.  

En bref/en vrac : égoïste ✘ éternel insatisfait ✘ patient ✘ empathie inhibée/absente ✘ ne cherche pas à succéder à L ✘ veut être le premier de la classe ✘ aime être mis au défi ✘ soif d'apprendre insatiable ✘ toujours quelque chose à boire ✘ rat de bibliothèque ✘ calme ✘ silencieux ✘ observateur ✘ pas méchant, mais décalé ✘ peut mentir et manipuler ✘ ne le fait pas forcément ✘ n'a pas tendance à prendre en considérant la santé des autres et la sienne ✘ pas de regrets ou remords ✘ studieux ✘ ses yeux disent ses émotions ✘ dessinateur ✘ réfléchi ✘ attentif aux détails ✘ considère les mots comme sacrés ✘ sensible aux échecs ✘ perfectionniste ✘ cherche toujours à s'améliorer ✘ susceptible ✘ intériorise tout ✘ mauvaise foi ✘ 1m60 ✘ cheveux blonds ✘ yeux gris qui change selon la luminosité (paraisse tantôt bleu, tantôt gris, tantôt presque mauve) ✘ cheveux rebelles

TW : violence sur enfants et toxicomanie / alcoolisme (majoritairement sous formes de métaphores ou sous-entendu)

i just wanted you to love for free

Les souvenirs brumeux d'une enfance tumultueuse;  
pourtant inscrits au fer rouge quand les paupières se ferment.

Se souvenir du verre crissant sous la semelle de ses chaussures, de cette figure maternelle qui n'en était pas une, de la négligence. Des journées passées sans qu'il ne soit lavé, ni nourri - il se devait de trouver la nourriture dans les armoires. Il se souvenait des éclats de colère; de sa propre peur quand il devait se cacher - des tendances destructrices et des bouteilles traînant un peu partout.
Il se souvenait d'un corps inanimé, endormi - enfoncé trop loin dans un sommeil artificiel pour être réveillé. Et le lendemain, tout recommençait.

Esra avait toujours dû se débrouiller par lui-même;
n'avait pu compter que sur ses propres capacités.

i'm so sick of being on my own, now the devil won't leave me alone

Les premières années de sa vie ont été les mêmes; c'était un quotidien qui ressemblait davantage à l'enfer qu'à une véritable existence sur terre. Le forçant si jeune à encaisser quelques responsabilités, dont il n'en avait jamais mesuré le poids. Comme celle de se nourrir par lui-même quand il fut en mesure de marcher.
Ses pleurs avaient longuement résonnés jusqu'à ne laisser que le silence. Toutes les larmes avaient été écoulées.

Ensuite,
Le monde s'est précipité.

Lorsqu'une plainte aux services sociaux fut déposée par leur voisine - lorsqu'Esra s'était enfui dehors sans porter de veste, pour une fois, profiter de l'air frais. Jouer loin des reproches et du danger. Subtilisé à sa mère, Esra fut placé dans un foyer d'accueil surchargé à ses quatre ans. Beaucoup d'enfants se trouvait là-bas, si bien qu'il n'était point aisé de trouver le moyen de s'occuper de tous et Esra, il ne faisait pas de vagues.
Il volait, parfois.
Rarement, se faisait prendre.

Rapidement, néanmoins, il fut transféré dans un orphelinat pour permettre une meilleure gestion. À son âge, les chances d'adoption étaient plus élevées. À quel moment les soupçons se sont posés sur lui ? Certains diront que dès son arrivée, il y avait des doutes survolant sa tête; d'autres diront qu'ils n'avaient pas fait attention, tant il se démontrait discret. Mais quand à quatre ans, sans d'aide supplémentaire de la part des adultes, Esra se retrouvait à prendre sans demander des livres pour les dévorer dans son coin.
Peut-être était-ce aussi parce qu'il cherchait toujours à tout comprendre, posait tant de questions qu'on pouvait parfois lui demander se taire parce qu'il interrompait les autres. Ou peut-être était-ce qu'il semblait toujours s'ennuyer devant les travaux donnés et ne comprenait même pas l'intérêt de les faire. Franchement, mettre un bloc en forme de triangle dans le trou en forme de triangle ?
Très peu pour lui.

Quoiqu'il en soit, lorsqu'il eut cinq ans, on lui fit passer un examen pour confirmer les soupçons et on put définitivement affirmer que sa place n'était pas là, mais bien... à la Wammy's House. Au milieu d'autres enfants surdoués.
Il a évolué dans cet endroit sans trop de problèmes, ne cherchant pas spécialement à se faire d'amis, prenant ses marques dans la bibliothèque, là où il finissait plus souvent qu'autrement; oubliant parfois même de prendre ses repas pour s'y réfugier et explorer tous les sujets - surtout scientifiques - sur lesquels il pouvait mettre la main.
Hiraeth.
Le terme est venu, suite à des recherches sur internet.

Il n'avait jamais eu de chez soi, de maison, de foyer.
a homesickness for a home that never was
C'était l'identité qui avait été choisie - son anonymat.

Il n'a pas spécialement fait de vagues pendant son éducation; a simplement tout tenté constamment pour être le meilleur, le premier de la classe. Tout fait constamment pour se démarquer des autres. C'est une routine et un quotidien qui se sont inscrits depuis ses cinq ans et qui se poursuivent aujourd'hui encore.