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Abbey •• Don't be such a snob [FINIE]

Abbey
Abbey
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Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Sam 3 Avr 2021 - 13:38.
Abbey
Abigail Lucy Lawford, née Harris •• 66 ans •• anglaise

affinité •• tous sauf ceux qui marchent sur le sol mouillé.
poste à la WH •• Gouvernante
ancienneté •• 34 ans, depuis que la première pierre de l'orphelinat a été posée en 1987.
spécialité •• l'intendance, le ménage, concierge, râler, consoler les chagrins, McGuyver des produits d'entretien, figure maternelle de substitution...bref elle gère dans l'ombre en même temps qu'elle passe la serpillère.
statut marital •• Veuve
diplôme(s) •• celui de l'école de la vie
opinion sur la WH •• Jusqu'à ce que L apparaisse elle n'avait pas d'opinion particulier sur la WH puis il y a eu le petit L et l'étrange lubie de Quillsh d'en faire le plus grand détective du monde et lui trouver un successeur. Alors il y a eu des mots, violents, de quoi à rendre amer leur relation, jusqu'à même ternir un peu sa complicité avec Roger. Elle en aurait claqué la porte et jeté son tablier si il n'y avait pas les enfants. Elle reste pour eux. Que L et Watari aillent se faire foutre.

Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] WateryElegantIndianjackal-size_restricted
Distinguée •• Débrouillarde •• Altruiste •• Organisée •• Gentille  ••  Humble
Sarcastique •• Maniaque •• Rancunière •• Grincheuse •• Malicieuse •• Curieuse

There's a rhythm in rush these days
Where the lights don't move and the colors don't fade

Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] 6hr

Anglaise pur souche avec l’art étonnant d’être distinguée dans ses gestes alors qu’elle est en salopette armée d’une serpillère ;
Grand-mère grincheuse à la rancune tenace mais au cœur sur la main, presque cliché de son âge ;
Ancienne Mod, Génération Swinging London et The Who, Amatrice de croquet et de foot ;
Experte en Agatha Christie, Beatrix Potter et Sherlock imparable pour débusquer les frasques des orphelins ;

Abbey. La vieille. Mamie Abbey. Momie. M’dame Abbey. La vioque. Nanny. Boomer. Maman.

Les surnoms d’affection et de médisances ne manquent pas pour définir la vieille gouvernante de l’orphelinat. Les rumeurs vont bon train à dire qu’elle serait aussi vieille que ces murs - de l’ère du monastère à celui du jurassic -, à la prétendre un peu sorcière vu comment son sens de la débrouille trouve toujours solution à ses obstacles ou les vôtres, jusqu’à être une vieille bique guindée parce qu’elle a l’obsession de l’ordre, en horreur la poussière et tout juron. Certains disent qu’elle est la mère de L, d’autres qu’elle a une relation avec Roger - bien qu’elle l’envoie souvent sur les roses de sa verve économe - et encore d’autres que même en fantôme elle continuera de passer le balai et quémander à tout le monde de se déchausser pour sauver le parquet ciré.
Mais tout orphelin ou adulte qui vagabonde depuis trente-quatre ans entre ces murs sait juste qu’elle est cette figure de mère, de grand-mère, de comparse et d’ancre dans cette nouvelle vie. Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, Abbey c’est cette présence dont l’absence laisse un goût étrange.

Elle est partout. A repasser votre linge, repriser vos affaires, vérifier l’emploi du temps du personnel, laver les carreaux, tricoter des écharpes, maroufler le toit, donner les câlins du soir et de toujours, chercher l’imperfection dans l’organisation, chasser les cauchemars, garder les clefs, faire des chocolats chauds, ranger les chambres, lire des contes, grimper aux échelles pour retaper cette fichue poutre, accompagner aux sorties scolaires, remettre la grille en place, guider les nouveaux orphelins et adultes, laver les sols, gronder les impertinents, récurer les toilettes, faire une folie avec ses « petits monstres », repasser, brumiser les insolents, passer le plumeau, moucher le directeur et tout ceux osant la limiter, passer l’aspirateur, toujours trop donner plus qu’elle ne reçoit.

Elle est toujours là, Abbey.

Alors parfois les ingrats, les insolents, les adolescents avec leurs fêlures et leurs évidences défient l’autorité qu’elle incarne. Après tout qui est-elle pour donner des leçons et faire loi, elle qui n’a pas leur génie et plus leur jeunesse ? Mais Abbey plisse le nez avec ce flegme un peu roublard, un peu sec, jamais dupe de vos entourloupes avant de vous lâcher un sarcasme des plus britanniques. Aussi surdoué et diplômé que vous soyez, Abbey se moque de ces artifices, du mépris ou de la condescendance qu’ils peuvent éveiller à l’égard d’elle la vieille femme de ménage, concierge, gouvernante qui n’a jamais cessé de remonter ses manches pour essuyer la crasse des autres. De leur parquet à leur indécence.

Elle est ce roc dans l'adversité. Et avec suffisamment de force dans ses bras pour porter le monde et les autres.
Sa vie, elle l'a vécue, la vit encore et vous enterrera tous.

Abbey.
Abbaye.
Déformation d’Abbie, ce surnom que seuls Quillsh et Roger lui ont un jour donné dans cette jeunesse désormais plus que sur papier glacé et l’amer des souvenirs.

A une passion pour les services en porcelaine et collectionne des tasses. •• Cliché britannique "tea is life" •• My Fair Lady est son film préféré. •• Adore les films musicaux de toute façon (de La joyeuse divorcée à Quadrophenia par exemple) •• Ses amours secrets sont Sidney Poitiers, Alain Delon, Mademoiselle Hiroko et Colleen Corby. •• Si elle ne devait choisir qu’un genre littéraire, ça serait le policier mais elle adore les contes de fées et les livres de jeunesse, surtout pour les lire aux enfants. •• Aucun jeu de société ne reste mystérieux bien longtemps pour elle, merci les enfants •• Passion football et main sur le cœur pour God Save the Queen (surtout version Sex Pistols),•• Mère officielle de MadMax, Théa et Nox •• Marraine du fils de MadMax •• Grand-mère de cœur de Clara et amie complice de Crésus et son cher et tendre •• Sans doute mère/grand-mère d'une centaine de rejetons passés entre les murs de l'orphelinat •• Faites leur mal et elle vous caillasse avec son balai •• Et autant de liens complices ou vaches avec les adultes •• Connaît tout le monde de toute façon •• Poivre trop ses plats quand elle cuisine.•• Garde toujours des boites avec les cadeaux et objets que tous les orphelins lui ont fait •• Inscrite au club des "vieux de la vieille" avec Mhing, Reha et David •• N'ose regarder sur l'étagère les plaques militaires à côté de sa photo de mariage •• Adore hydrater ses mains et l'odeur du savon •• Amour pour le Earl Grey (surtout avec des madeleines, amour sur le parfum des madeleines).•• Sainte horreur de la saleté et du désordre. •• Aime les potins mais ne les partage pas. C’est mal de commérer. Même si parfois elle médit un peu. •• Sa rancune peut être puérile et sarcastique. •• A plus d’une fois failli claquer la porte de cet orphelinat de fou.(et prendre sa retraite aux Bahamas) •• Si elle avait du temps, elle tricoterait et broderait (peut-être pour ses petits monstres)...mais elle n’en a pas. La faute aux petits monstres. •• A en horreur les jurons et peut vous laver la bouche avec du savon. Donc, si elle jure, c’est qu’elle est vraiment en colère. Fuyez. •• Dans sa jeunesse, elle était une mods et une adepte des Who.•• Elle a chauffé plus d’une piste de danse. Le Mashed Potato ou le Watusi n’ont aucun secret pour elle. •• Vous n’avez pas idée des folies qu’elle a faites avec Roger et Watari dans leur jeunesse seventies. Et vous ne le saurez pas.

I will stay with you tonight
Hold you close 'til the morning light

Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] Original

i.
People try to put us d-down
Just because we g-g-get around
Things they do look awful c-c-cold
Yeah, I hope I die before I get old

My Generation - The Who

1955 - 1971.

Au départ il y avait maman, infirmière de profession, et papa, routier par mont et par vaux.
Ensuite il y a eu Abigail. Puis Ronald. Puis Wendy. Enfin, Christopher.

Six à grandir dans ce petit quartier ouvrier aux maisons typiquement anglaises, complètement collées et étroites d’apparence. Entre les braillements des bambins, le rock américain grésillant sur les ondes de la radio et les débuts de la société de consommation pendant qu’Abigail coiffait Wendy, jouait au foot avec Ronald et tissait des contes en jeux d’ombres à Christopher. Parfois on allait au cinéma. D’autres fois on montait dans le camion cahin-caha du père pour aller manger des glaces face aux embruns.

Et un jour, dans la brume matinale d’un terne mois de septembre, Abigail avait hurlé et supplié son père de ne pas les abandonner. Dressée devant le véhicule,  yeux gonflés de larmes et nez plein de morve, elle avait vaillamment refusé de plier  aux ordres du père pour taper avec plus de violence le capot. Quelques voisins jetèrent un œil avide de commérage à leur fenêtre, bien cachés derrière leur rideau et leur curiosité malsaine. Mais Abigail se moquait bien de ce qu’ils diraient, des moqueries des enfants à l’école, de se donner en spectacle...seul comptait son énergie désespérée à empêcher l’abandon et la trahison de l’adulte.
La voiture disparut de son cahot branlant au coin de la rue, ne laissant que quatre enfants abandonnés avec des trous au cœur et des regrets mais il restait Maman. Alors on avait essuyé les larmes et on avait continué à vivre.

Les radios avaient laissées les chansons des Beatles et des Who s'envoler dans l'air et le grésillement des vinyles. Les murs des chambres s'étaient recouverts d’affiches de My Fair Lady et de photos d’Alain Delon (à lui les premiers rêves fiévreux et honteux dans l’obscurité de la chambre et sous les draps), de Colleen Corby et de Mademoiselle Hiroko (à elles les rougissements troubles et l’imitation à travers le miroir, les pages de magazines de mode déchirées et les pièces durement économisées pour courir Carnaby Street).
L’amertume de l’abandon et l’injustice des difficultés financières se métamorphosèrent en une colère sourde et insouciante dans les veines d’Abigail. Un feu de jeunesse alimenté par la société de consommation et l’adrénaline d’appartenir à un groupe avec ses codes vestimentaires, ses rites et ses ennemis. Swinging London baby. Talk to my generation. Beatlemania.

Et du haut de ses 14 ans, Abigail sauta fièrement sur les vespas des Mods de sa petite ville anglaise, avec ses mini-jupes colorées, ses yeux de chat maquillés pour avoir quelques années de plus et les paroles des Small Faces au Rolling Stones hurlées à plein poumon dans l’air du soir ou contre le vent marin de Brighton.
Ah ! Elle en avait fait quelques bêtises, la coquine Abigail mais rien qui n'aurait pu briser le cœur de sa chère Maman. Derrière ses instants d'insouciance, les débuts du Flower Power et les baisers au goût de lait concentré et de tabac, la demoiselle était la première levée dès l'aube pour repasser les affaires de Christopher, Wendy et Ronald, faire le petit-déjeuner, réparer les accrocs, soigner les bleus et cuisiner alors que Maman sauvait des vies à l'hôpital.

On bataillait parfois à joindre les deux bouts mais ils étaient tous les cinq et jamais elle ne laisserait ce précieux cocon pour ses frères et sa sœur être de nouveau menacé. Alors qu'importe ce que la vie promettait, Abigail ne se laisserait jamais abattre.

Alors quand maman était tombée malade, d’une de ces maladies qui ronge les familles et les économies, Abigail avait remonté ses manches, quitté l’école et pris le chemin de l’indépendance. Pour récupérer toutes les oboles du monde pour la santé de sa mère et l’avenir de ses frères et soeur.

Elle, elle ne fuirait pas.

No Future ? My ass !

ii.
Out here in the fields
I farm for my meals
I get my back into my living
I don't need to fight
To prove I'm right
No, I don't need to be forgiven

Baba O'Riley - The Who

1973 - 1982.

C’était à Cambridge qu’elle l’avait rencontré. Lui et ses fossettes. Son nez aquilin et ses lunettes de repos. Ses mèches brunes en fatras et son doctorat déjà auréolé d’un brevet. Lui et ce sourire en coin déjà un peu trop pour son cœur. Il en avait 23, elle 17.
Il était un inventeur de génie, elle la femme de ménage de sa tante fortunée chez qui il était blanchi, logé et nourri. Elle avait eu le toupet de jurer qu’elle était majeure mais lui n’était pas dupe malgré son curriculum vitae déjà bien rempli. C’était mal connaître l’aplomb de cette fille d’1m63 - chignon brun tiré à quatre épingles mais ne tenant jamais et autant de tâches de son que de poussière sur le nez - et ses bras essorant le linge comme personne. Elle y était allée au bluff, garantissant qu’il pourrait la renvoyer parce qu’elle était mineure mais sa tante l’avait déjà dans sa poche - parce que jamais le sol et le plafond n’avaient autant brillé - et inventeur peut-être mais pour repasser, même son frère de 11 ans savait mieux utiliser le fer.
C’était la première rencontre de Quillsh Wammy et Abigail Harris.

Dès l’aurore, elle se levait pour prendre le bus, traverser la campagne anglaise et arriver dans la ville universitaire et cette immense maison aux briques grises et dévorée par les plantes. Elle astiquait, repassait, jardinait en fredonnant des Who au Pink Floyd puis servait thé et compagnie à Callandra Wammy. La vieille avait manière, élégance et l’inculqua à une Abigail qui finit par avoir l’orgueil de maîtriser le service pour dresser une table du manoir d’un Lord. Etrange Cendrillon.

Quant à Quillsh, elle bouleversa son désordre en même temps qu’il s’introduit plus dans sa vie. De l’avis sur ses inventions (pratiques comme inattendues), de ses plaisanteries à ses frères et sa soeur jusqu'à l’aide fugitive pour les soins de sa mère. De son altruisme à vouloir aider tout le monde, apporter l'éducation partout où il le pouvait jusqu'à payer les études de Christopher et financer une école au Pérou avec l'un de ses brevets. De ses taquineries et ses sourires jusqu’à l’entraîner dans l’effervescence nocturne de Cambridge à Londres pour faire les quatre cents coups et danser jusqu’à l’aube. Intégrée dans sa bande d’amis tous universitaires parce qu’elle avait toujours cette débrouille pour se frayer son chemin. Qu’importe si elle n’avait les longues études ou les connaissances, elle savait comment moucher le pédant. Et plus encore pour voir cette lueur dans le regard de Quillsh glisser sur sa peau et la brûler doucement de l’intérieur. Dans ces moments-là, elle se sentait unique.
Mais ils restaient en funambule dans ce « presque » trouble. Leur amitié comme « assez » et leur jeunesse pour « toujours ».

Elle avait 20 ans quand un jeune étudiant en zoologie, amoureux des insectes, un peu timide, guère doué avec les enfants mais au regard tendre derrière sa moue revêche, vint rejoindre leur duo. Roger Ruvie avait un an de moins qu’elle, des défauts qui lui faisaient plisser le nez mais des rires communs dans les aurores à Cadmen Town.
Pourtant, une ombre se dessina dans ce tableau. Celui d’être laissée derrière eux. Derrière leurs études, leur passion et ces projets universitaires et humanitaires qui les faisaient vibrer à deux. Derrière sa fortune et ses brevets toujours plus incroyables. Derrière les indécisions de Quillsh et ce « assez » qu’était leur relation. Elle avait ravalé son chagrin, entretenu sa rancœur puis consolé son cœur auprès d’un Joseph Lawford.

A peine une année à l’université, engagé dans l’armée, ayant une moto pour la faire vibrer vers de nouveaux horizons et la nostalgie de son adolescence. Il était beau. Dans les lettres pleines d’amour qu’il lui envoyait, éprises de cette maladresse tendre, de son affection pour la poésie, le scrabble, les verres polis sur les plages, ses dents de travers, ses deux pieds gauches sur une piste de danse, ce nez cassé, ses désirs d’enfants (un de chaque sexe : fille, garçon et potiron), son impatience, sa cuisine (bien moins poivrée que la sienne), ses ronflements, cette fierté qu’elle moussait juste pour le voir rougir jusqu’aux oreilles, son admiration pour Bowie et Star Wars, leurs promesses et leur vie à deux. Tout cet imparfait plus tangible que ce « presque ».

Ils se marièrent un jour d’été 1980 dans l’église de Ronald - si beau dans ses habits de pasteur- avec Christopher et son compagnon, Wendy et son premier bébé, tante Callandra, Roger et la mine sombre de Quillsh parmi les invités. Elle avait feint d’ignorer l’expression renfrogné, les verres accumulés, la frustration de son « presque ». Puis à l’ombre du saule dans le jardin du cottage-restaurant, il avait lâché son incompréhension à leur raté.

Elle, elle avait simplement dit que Joseph lui écrivait des poèmes.
Parce qu’il n’avait rien d’autres à dire.

Ils avaient espéré des enfants. Un de chaque sexe (fille, garçon et potiron). Qu’il quitterait l’armée à la fin de l’année 1982 pour qu’ils vivent de ils ne savaient quoi mais ça serait à deux.

La Guerre des Malouines faucha leurs espérances.

iii.
Oh, when I go there
I go there with you
It's all I can do

Where the Streets Have No Name - U2

1986 - 1994.

Elle travaillait depuis quatre ans comme gouvernante dans un hôtel quand Quillsh vint l’enlever pour lui « offrir » une maison. Surprise, elle se laissa porter par sa malice jusqu’à la vieille capitale d’Angleterre. Entrainée dans la campagne par un printemps un peu  frais entre leurs chamailleries de toujours et le point sur leur vie. Evasive, sur ce « presque » entre l’effleurement de leurs doigts et le récent divorce de Quillsh. Le manoir dévoré par la végétation lui rappela vaguement la maison de tante Callandra. L’immense jardin aux herbes folles semblaient ne pas avoir de fin. Sur un des murs autour, rongé par la mousse, « Hundson Park » gravé. Et elle qui se retourna le regard pétillant, l’envie de fronder avec la vie, un sourire dépareillé de l’ombre du deuil à son vieil ami.

On rentre ?

Il fallut attendre encore un an pour faire tourner la clef dans le vieux portail rouillé avec Roger. Cet après-midi là, ils crièrent dans les pièces poussiéreuses et au bois moulu, jouèrent à chat dans les bois, escaladèrent la colline. Puis passé l’euphorie et les semaines à redonner allure au lieu, les premiers orphelins arrivèrent.  A peine une dizaine mais Abigail avait le quintuple d’amour à donner à chacun.
Elle ne comprenait pas bien pourquoi chacun avait un surnom, pourquoi spécifiquement des surdoués que souhaitait Quillsh dans cet ancien manoir et ancien monastère trop gigantesque pour eux tous. Elle haussait les épaules pour chanter la comptine que Miffy, Nox et Théa lui réclamaient en se bousculant.

Je ferme les volets (touche les paupières enfantines)
Je ferme la porte (ferme la bouche)
Je fais le tour de la maison (tourne son doigt autour du visage, rire de l’enfant garanti)
Et je tourne la clef (tord le nez, « encore ! » piaillé, « à mon tour ! » scandalisé)

Parmi ces bambins qui la suivaient comme une maman canard, il y en avait un plus réservé. Plus secret. Plus isolé. D’une intelligence si palpable que même elle en était intimidé. Pour lui elle avait toujours un bonbon même si elle houspillait sa trop grande gourmandise parfois (mais elle l’avait accompagné jusqu’au dentiste en récitant la comptine). Il disparaissait souvent dans les recoins de l’orphelinat, revenait parfois avec un butin et s’enfermait dans sa chambre pour analyser chiffres et faits divers.

Elle n’aimait guère, la réaction de Quillsh autour de cet enfant un peu trop fier, un peu trop joueur et trop bon détective. Adulte trop tôt qui s’amusait parfois à donner des coups de pouce à la police ou se prendre d’intérêt pour les affaires au tribunal local. Abbie soufflait du nez mais serrait les dents et lavait les carreaux.
Puis un jour, Quillsh annonça que plus qu’élever des prodiges qui sauraient faire changer le monde - ce nouveau monde d’après Guerre Froide - il le façonnerait avec l’aide d’un grand détective élevé en ces murs. Un était tout désigné.

Abigail avait vu rouge. Des mots horribles étaient sortis de sa bouche, de rancoeur comme de chagrin d’amour et pire d’une admiration écornée. L'impression poisseuse d'avoir elle aussi était manipulée depuis leur première rencontre et que tout n'avait été que faux semblants. Jusqu'aux étreintes. Ils avaient tenté d’entendre raison à chacun mais rien n’y fit. Elle claqua la porte furieuse après l’avoir insulté de « connard nombriliste ».

iv.
In the space of a human face,
There's infinite variation
Life is people, life is people, life is people

Cosmic Concerto - Bill Fay

1995.

Le temps des cerises était passé. Les rossignols et les merles nichaient dans les bois et les jardins entre les rires des orphelins. La fondation continuait de prospérer amenant parfois des enfants des orphelinats disséminés aux quatre coins du monde dans les murs de l'ancien manoir. De professeur de sciences naturelles et entomologiste, Roger Ruvie était devenu le nouveau directeur de la Wammy's House.

Un an que ce génie aimant les bonbons était parti.
De son ancien surnom ne restait qu'une consonne liquide qu'on commençait à murmurer dans les institutions judiciaires du monde entier comme un détective d'exception.

Un an que Quillsh Wammy était parti.
De ce départ ne restait qu'un adieu malhabile et ce suspend de leur « presque ».

Nous vivions tous les deux ensemble
Toi qui m'aimais, moi qui t'aimais
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi

Pour Abbey



2021.

— Ne pleure plus Yavin. C’est rien, trésor. C’est rien.

La voix d’Abbey froisse le silence de la petite chambre des jumeaux. Tendrement, la gouvernante frotte le dos de Yavin sanglotant de honte sur ses genoux et mouillant de larmes le cou un peu plus ridé au fil des années. À côté, Endor s’est aussi délesté de son flegme et renifle contre le bras de la vieille femme. L’odeur d’urine dans le lit et sur le pyjama de Yavin s’imprègnent un peu partout autour d’eux.
Mais Abbey s’en moque. Elle prend le temps qu’il faut pour chasser la honte et la peur des épaules des deux nouveaux orphelins. Embrasser leur peau sombre dans l'air du soir. Fredonner la comptine. Panser leurs maux.
Puis, une fois le chagrin apaisé, elle se redresse et enlève les draps. Yavin continue encore de renifler un peu piteusement, son silence suppliant l’ancienne Mods de ne jamais révéler sa faiblesse. Pour toute réponse, la femme de ménage se contente de marmonner :

— Ne reste pas planter là, Endor. Emmène ton frère aux douches. N'oublie pas de prendre des affaires de rechanges. Et toi, Yavin, laisse-moi devant le pas de la porte ton pyjama. Demain je le laverai et séchez-moi vos larmes. Allez, dépêchez-vous et ne réveillez pas les autres. Zouk, Lucifer !

La douceur enveloppée de rudesse fait disparaître, dans des petits trottinements, les deux Riddles. Plus tard; ou demain, elle viendra leur déposer un lait chaud avec des madeleines. La gouvernante sort avec son linge et traverse le couloir.

Elle perçoit les chuchotements, les ronflements, les stylos qui terminent les devoirs du lendemain ou couchent des émotions sur le papier, les lumières de lampes de chevet ou de jeux vidéos sous les rainures des portes. Le dortoir des filles semble receler les mêmes échos. D’un ânonnement dû à son dos fourbu de toujours courir après Hyper ou Indiana et les tâches incessantes que chaque petit monstre - enfants comme adultes - lui imposent, elle récupère le pyjama de Yavin. Et une vieille chanson des Beatles coincée entre les lèvres, elle descend à la buanderie.
.
.
.
.

Si il y a bien une chose qu’Abbey n’oublie jamais c’est l’arrivée de chaque orphelin. Ces imperceptibles riens toujours signe de blessures visibles et invisibles que les tourments de la vie impriment à vif dans la chair de ces gosses.
Toujours son cœur se serre, ronge sa douleur, ressasse une violente injustice de voir ces traces et ces séquelles dans la vie déraillée de ces surdoués laissés sur le quai de gare des Sans-Famille. Même après trente ans. Même dans cinquante ans.

Jamais ses os ne s’habituent à cette douleur.
Jamais elle n’oublie leur premier jour.

Car, désormais elle les a dans la chair. Ils la rendront chèvre, seront des petits diables, des crèmes, des problèmes, des pleurs, des colères, des paumés, des souffrances...mais toujours des enfants, des espoirs et des promesses. Pour eux, elle aura toujours assez de sermons, de conseils, d’histoires du soir, de colère, d’inquiétude, d’attention, d’écoute. D’amour.

Abbey ne reste pas pour son amitié cabossée avec Quillsh et Roger. Encore moins pour L et cette infâme histoire succession. Elle reste pour ses orphelins, aux anciens et à tous les futurs. Parce que les abandonner serait mourir un peu.

Jamais, elle ne sera l'adulte qui part. C'est sa promesse à l'enfant de dix ans en elle qui continue d'hurler sur l'asphalte et contre cette voiture s'estompant au coin de la rue.

To feel your heart as it's keeping time
We'll do whatever just to stay alive

Tinu, une des doyennes de la WH premier du nom qui a décidé de prouver que la vieillesse c'était badass.
ft. Maggie Smith et pourquoi pas Tante May de Spiderverse
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Sam 3 Avr 2021 - 18:22.
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Abbey a écrit:diplôme(s) •• celui de l'école de la vie

je suis morte

Bienvenue ♥
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Dim 4 Avr 2021 - 22:02.
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Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] 1817653468 Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] 103585380
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Mer 7 Avr 2021 - 22:35.
Vous n’avez pas idée des folies qu’elle a faite avec Roger et Watari dans leur jeunesse seventies. Et vous ne le saurez pas.

on veut le THÉ on a soiffff

j'imagine Abbey jeune à la croisée entre une Emma Peel et une Jenny de Forrest Gump. j'imagine que son histoire sera aussi riche que celles de ces dames !!!!
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Jeu 1 Juil 2021 - 4:10.
Neuf ans de page blanche, pour enfin dire "j'ai fini"
Et avec Gandalf pour animal totem, je dirais que j'arrive précisément à l'heure prévue.
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Ven 2 Juil 2021 - 0:49.
Abbey a écrit:Parce que les abandonner serait mourir un peu.

Abbey •• Don't be such a snob [FINIE] 1601288385

merci pour cette fiche, ça a bien valu les 9 ans d'attente
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Re: Abbey •• Don't be such a snob [FINIE], posté le Dim 4 Juil 2021 - 20:38.
(j'ai eu les larmes aux yeux en lisant cette fiche, c'est tellement sensible, le backstory de wh....encore une fois tes persos me donnent mille et une émotions, je crois que wh serait vraiment fade sans Abbey, sérieux)

Downtown abbey



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