ϟ rainy day - stormy

Les gouttes de pluie tombaient régulièrement sur la fenêtre de la chambre;
Symphonie douce aux oreilles de l’orphelin somnolent – journée qui s’annonçait tant grisâtre et pourtant, agréable. Les souvenirs d’une époque lointaine, perdus dans une brume pourtant mince, des matins où la pluie était remplacée par les cris ou les sanglots d’une mère qui ne s’était jamais vraiment préoccupée du rôle qu’elle s’était imposée.
broken bottles and slammin’ doors
Il lui arrivait, à l’illuminé – comme elle se plaisait de l’appeler autrefois – de se demander si cette mère avait déjà essayé de le retrouver. Quand on l’avait arraché à ses bras, ils n’avaient opposé aucune résistance; avaient préféré le réconfort des substances. Son enfant n’avait jamais représenté de priorité dans une existence de débauche et de choix regrettés.

Hiraeth rejoignait ceux qui n’espéraient pas retourner, qui ne souhaitait pas retrouver cette famille délaissée. Pas de parents envolés dans une dimension chimérique non-prouvée par la science qu’ils étudiaient. Simplement une négligence marquée qui le poussait à s’enfermer dans un silence incompris. Mais il ne souhaitait pas qu’on tente de percer les mystères de son passé – ni du nom qui lui a été donné à sa naissance.
Il était chez lui dans cet étrange orphelinat, ne chercherait jamais à retrouver quelconque membre de cette lignée qui l’avait abandonné.
Les paupières se soulèvent et le solitaire se lève, met de côté la chaleur des couvertures pour affronter la froideur ambiante; la chaleur incompréhensible des autres par comparaison à la température.

Il n’avait pas la capacité émotionnelle de leur adresser un intérêt particulier; pas la possibilité de laisser poser trop longtemps ses prunelles sur les autres. Rapidement épuisé et vidé, il isolait son cœur pour en préserver les fragments possédés. À son esprit s’échappait les désirs d’une compagnie, d’une personne partageant le même lit. Peut-être que les murmures affirmeraient qu’il est encore trop jeune pour y penser, de ses treize-ans, trop jeune pour réfléchir à ce qu’on appelle « l’amour »; ce concept abstrait qui lui semble bien trop complexe.
Un code à déchiffrer;
Le seul dont il ne se soucie point.

cause you love, love, love
when you know i can’t love

Les livres entassés dans ses bras, dans une étreinte pour ne pas les laisser tomber sur le sol – Hiraeth s’était dirigé vers la cafétéria. Samedi rayonnait par l’orage qui se profilait. La cacophonie extérieure était toujours en mesure d’apaiser le chaos intérieur – se suspendait au souffle du tonnerre pour respirer adéquatement. Hiraeth n’avait jamais fait de vague dans cet endroit, toujours en tentant d’être le meilleur; toujours en espérant les surpasser. Ce qui n’empêchait pas l’enfant d’être dépassé, de voir les émotions se mélanger et se perdre sans jamais qu’il ne puisse les attraper; les identifier. Les explosions se passaient dans le silence et le secret; puisqu’elles n’avaient lieu que dans l’esprit.
Installé sur la table, insensible au bruit ambiant, Hiraeth avait ouvert ses cahiers. Des exercices supplémentaires lui avaient été fournis à sa demande. À ses côtés ? Rien de plus qu’un chocolat chaud qu’il pouvait tranquillement siroter.