Deux boloss qui cassent un truc | Near

(deux boloss qui cassent un truc)

«Non mais c’est ridicule ce que tu avances est ridicule, je ne peux pas croire que des écrivains feraient ça!»
‘Les écrivains font ce qu’ils veulent de leurs romans.’
Tu clignes des yeux, une, deux, fois, avant de grogner et de secouer la tête, d’attraper ton livre sur la régularité des verbes grecs et de foncer tête baissée dans le couloir en plantant tes yeux dans ce dernier. C’est pas que la conversation n’avait pas de sens mais que tu détestes assez avoir tort. Puis, même si tu avais eu raison, une conversation avec un autre word au sujet de sa matière de prédilection, c’est la même chose que de parler à un mur.

Ceci dit, un mur, tu en es littéralement devenu un maintenant, les yeux plantés dans ce bouquin, à traîner dans les couloirs comme une âme en peine, t’entends encore Abbey crier qu’il ne faut pas courir dans les couloirs. Elle a raison. Ce n’est cependant pas une raison pour laquelle tu ne vas pas le faire. Tu prétends connaître les couloirs comme ta poche, que comme tes chaussures sont plutôt neuves tu sais que tu dérapes plutôt bien sur le sol. Erreur. Tu crois savoir des choses sans en être vraiment sûr et tu dérapes oui, mais tu dérapes bien trop.

Tu viens glisser sur le sol du couloir et avec un petit cri que tu ne questionneras pas, ta jambe heurte le socle d’un vase d’un pays quelconque, beaucoup trop cher pour que tu puisses le repayer et avec une valeur sentimentale aussi énorme que le nombre d’enfants dans le coin. T’as envie de fermer les yeux mais tu le regardes tomber au ralenti et c’est seulement là, à cet instant que tu remarques la présence de quelqu’un d’autre dans le couloir. Near, au visage si sobre et aux bras tendus qui essaie désespérément de rattraper tes erreurs. T’aurais pas pensé croisé le numéro 1 ou 2, t’es pas spécialement sûr, dans une situation comme celle là où t’essaies même pas de faire bonne figure.

Fracas qui n’annonce rien de bon quand le vase se détruit littéralement sur le sol et tu ne peux que regarder en clignant des yeux quelques sombres instants.

«Oh oh.»

Tu tires la grimace un court instant en te jetant sur tes pieds de nouveau et attrape les morceaux les plus gros.

«Okay, pas de soucis, c’est totalement rattrapable. C’est comme du puzzle non? De la mosaïque? C’est du puzzle en 3D, pas vrai? Mais oui. Au pire, je l’offre à Roger pour la fête des père. C’est totalement rattrapable...» Tu récupères un autre morceau avant de venir jeter un regard dépassé à Near. «C’est pas du tout rattrapable.»

Vous allez vous faire attraper en un rien de temps et déjà que tu marches sur une ligne assez fine entre punitions et délits, t’as pas besoin de ça. Saute sur tes pieds de nouveau après avoir récupérer les morceaux récupérables sur le sol, avant d’attraper la main du jeune garçon et de le tirer derrière toi. «Je suis désolé de t’embarquer là dedans! J’ai pas envie que tu te retrouves tout seul face à la direction!» Et puis le regard d’Abbey fait beaucoup trop peur. Tu t’arrêtes pas avant de débouler dans le jardin et de disparaître dans les potagers ou finalement l’effort physique te rattrape et tu laisses tomber tes fesses sur le sol avec un grognement.

Il faut encore quelques secondes avant que tu tournes la tête vers le garçon à côté de toi. Visage aussi fatigué que le tien tu lui offres un petit sourire encourageant. «Coucou Near! Comment tu vas aujourd’hui?»

( Pando )

Jinx s'était approché à une vitesse très inquiétante de lui. Le tout s'était passé en quelques secondes. Ses bras tendus furent d'une inutilité affligeante face à l'énergie de toute la masse de l'autre orphelin qui fonçait sur le décor au lieu de marcher comme un être humain normalement constitué, c'est à dire tout droit et en regardant où on va.

Ce n'est pas n'importe quel vase qui se fracasse en centaines de morceaux sur le sol en parquet du couloir : c'est une œuvre de Roger Capron, d'une valeur estimée à probablement 4000£, sans doute rapporté par Vin ou sur ses conseils. Un objet luxueux qui n'aurait jamais dû se trouver dans un couloir accessible à des enfants.

Les confettis de céramique par terre sont un océan de toutes les couleurs. Un joli puzzle au demeurant que Near fixe avec un désappointement inexpressif. Il est déjà en train de visualiser dans sa tête quels morceaux peuvent être réassemblés, mais inutile de se leurrer : on ne répare pas un objet de ce genre. Il est foutu.

Jinx : «Okay, pas de soucis, c’est totalement rattrapable. C’est comme du puzzle non? De la mosaïque? C’est du puzzle en 3D, pas vrai? Mais oui. Au pire, je l’offre à Roger pour la fête des père. C’est totalement rattrapable...C’est pas du tout rattrapable.»

Near : "Ce n'est pas du tout rattrapable."

La froide répétition de cette affirmation fataliste ne rend la situation que plus navrante. Si sa première pensée est qu'il va malheureusement devoir dénoncer à Roger le responsable de cette tragédie (vraiment, ça lui brise le coeur.... ou pas), Jinx ne le voit pas de cet oeil : dans un élan de mansuétude, le Word décide qu'ils sont coupables tous les deux (????) et l'entraîne à sa suite pour une course folle à travers l'orphelinat et jusqu'au bout du jardin.

Si Near préfère les touchers profonds et francs aux effleurements qui l'irritent prodigieusement, il n'est pas non plus forcément prêt à être agrippé pour courir de façon impromptue, sans aucune préparation ni échauffement, et surtout sans aucune bonne raison. Mais la poigne du criminel en herbe est impressionnante, et le petit génie tient le coup de son mieux pour suivre son rythme. C'est pathétique l'état dans lequel il arrive dans le potager, quand Jinx s'affale par terre, et que le numéro un est obligé de faire de même, dans les légumes et la boue, en respirant fort, les joues roses.

Jinx : «Coucou Near! Comment tu vas aujourd’hui?»

Question enjouée et solaire à laquelle répond un regard sinistre.
Maintenant, sa complicité au forfait de Jinx ne fait plus aucun doute.

Near : "Abbey ne doit pas découvrir ce que tu as fait."

Enfin, ce que Jinx a fait, mais ce que lui a été incapable d'empêcher. S'il avait fourni ne serait-ce qu'un effort minimum il aurait pu essayer de bondir et rattraper l'objet, mais non, il l'avait regardé s'éclater par terre. C'était un accident mais ils sont coupables tous les deux, finalement. Les cours de sport de Théa ne seront probablement pas du temps perdu...

Il lève un peu les mains pour constater le désastre de la boue sur ses vêtements blancs et son expression se renfrogne encore un peu plus, mais il reste assis le temps de reprendre son souffle et essaye de réfléchir à la suite des événements.

Near : "Il vaudrait mieux que tu te débarrasse des morceaux que tu as emporté..."

(deux boloss qui cassent un truc)

Dans une autre situation, si la panique n’avait pas fait tout son chemin jusqu’en haut de ton corps, t’aurais rigolé aux simples mots de Near, de la façon dont il prend le temps d’enfoncer le clou de la situation comme si de rien n’était. (he speaks the truth.) Ce qui ne te rassure pas. T’es pas particulièrement sûr s’il va rester calme et stoïque aussi longtemps et ne pas lancer ton nom à la foule le premier moment voulu. Alors tu te décides de faire ce que tu n’aurais peut-être pas du, à attraper sa main et à courir à ses côtés. (if we go down, then we go down together?)

Laisse toi tomber dans la boue, bouseux. Les quelques morceaux que tu as pu récupérer, les plus gros, tu vois encore les poussières et les particules qui flottent là-bas dans le couloir, tu viens les déposer au sol. Tu jettes un regard au garçon, ses joues rosies et un peu de terrer sur la joue, tu lui offres ton plus grand sourire, comme si tu ne venais pas tout simplement de ruiner sa journée. Le sourire se fane quand tu vois à quel point son visage est celui d’une personne en colère. Ou troublé peut-être simplement? Pas content en tout cas.

«Tu ne comptes pas me vendre Near, pas vrai? Non parce que je veux dire, quelque part tu m’as suivi. Bon, okay, j’ai pris ta main et t’ai possiblement tiré contre ton gré mais- Mais tu ferais pas ça? J’ai déjà pris une punition la dernière fois et c’était sincèrement la première fois que je voyais Roger sur une teinte de rouge qui devrait même pas être possible d’atteindre! Je n’ai pas envie de faire de peine à Abbey. Ou a qui que ce soit.»

Fronce les sourcils, réfléchit en regardant les morceaux sur le sol avant de relever la tête vers Near de nouveau, geste affectif tandis que tu te penches pour venir le débarrasser d’une trace de bout qui traînait sur sa joue et qui lui enlevait le peu de sérieux qui lui restait maintenant que ses vêtements sont couverts de terre. T’offres de nouveau un sourire qui se veut encourageant mais t’as presque peur qu’il ai envie d’enfoncer ta tête dans la boue.

«Ne t’en fais pas pour tes vêtements, si tu as peur de tâcher ta chambre je te porterais!»

Comme ci c’était vraiment la raison qui rend le garçon énervé contre toi. Mais tu prends pas le temps de réellement penser à pourquoi il est énervé envers toi, tu dois d’abord penser à quoi faire de ces morceaux. Quand il émet l’idée tu étires un grand sourire sur tes lèvres, tends une main vers lui dans l’espoir qu’il la claque.

«Hey! Crois tu vraiment que j’ai couru au hasard dans le jardin? Je connais cet endroit comme ma poche! On va enterrer les morceaux de vase dans le potager, je doute que ça soit très remarquable.»

Saute sur tes jambes, évite d’entendre l’autre te dire à quelle point l’idée est ridicule, t’en es pour le moment, très très fier. Tends lui la main avec un grand sourire.

( Pando )

Pourquoi cet énergumène surexcité et bourré d'énergie se retrouvait-il là, comme un petit papillon de nuit surexcité, avec le petit albinos dans le rôle de la lampe blanche et froide qui n'en demandait pas tant ?

Jinx : "Tu ne comptes pas me vendre Near, pas vrai? Non parce que je veux dire, quelque part tu m’as suivi. Bon, okay, j’ai pris ta main et t’ai possiblement tiré contre ton gré mais-"

Near : "Bien sûr que si, je devrais te dénoncer. Ne pas le faire m'imposerait de mentir."

Jinx ne s'interrompt même pas.

Jinx : "Mais tu ferais pas ça? J’ai déjà pris une punition la dernière fois et c’était sincèrement la première fois que je voyais Roger sur une teinte de rouge qui devrait même pas être possible d’atteindre! Je n’ai pas envie de faire de peine à Abbey. Ou a qui que ce soit.»

Near : "..."

Son premier instinct aurait évidemment été d'aller le dénoncer sans aucun état d'âme et sans le moindre cas de conscience. Mais quelque chose dans l'intonation absolument sincère du garçon en face de lui le désarçonne. Ses doigts qui frôlent son visage comme l'auraient fait ceux d'un grand frère pour retirer la terre d'une chiquenaude achève de le perturber. Mentir à une autorité supérieure serait moralement critiquable. Mais peut-être qu'il est possible de faire des exceptions. Il va... y réfléchir.

Jinx : "Hey! Crois tu vraiment que j’ai couru au hasard dans le jardin? Je connais cet endroit comme ma poche! On va enterrer les morceaux de vase dans le potager, je doute que ça soit très remarquable."

La main que Jinx tend dans l'espoir d'un high five n'obtiendra jamais le contact espéré, car Near s'est relevé et il observe le potager.

Near : "En effet. Les jeter à la poubelle permettrait d'en retrouver les traces facilement. Les autres morceaux plus petits sont sous le tapis et ne seront pas repérés avant un moment. Mais si nous les enterrons, il faut trouver une zone fraîchement retournée pour ne pas attirer l'attention. Je te fais confiance si tu dis connaître les lieux. "

La situation est burlesque mais ce sont des enfants et ce vase coûtait probablement plus cher que deux ans à les entretenir à l'orphelinat.

Mais soudain la réalité le rattrape : les sensations l'assaillent et le dégoûtent. La boue sous ses pieds en chaussette est molle, humide et froide. Ses vêtements sont déjà fichus, tâchés d'herbe et de terre. Ils lui collent à la peau, ça l'agace et le tend. S'ils ne sont pas punis pour le vase brisé ils le seront de toutes façons pour l'état dans lequel ils vont revenir et pour la crasse qu'ils laisseront sur les tapis du couloir.

Near : "Impossible de retourner à l'intérieur dans cet état. Même en me portant. Il faut trouver une solution."

Ses petits sourcils se froncent dans une expression concentrée. Passer par la laverie et y chaparder des vêtements ? Il ne pourra jamais courir assez vite. Son petit cœur peine encore à se remettre de la course. Et c'est sans parler du fait qu'il ne supporte la sensation que d'un nombre très limité de tissus sur sa peau et qu'il n'est absolument pas question d'enfiler les vêtements de quelqu'un d'autre, à moins de n'avoir absolument aucun autre choix.

Il supporte très mal la sensation d'être un hors la loi. Jinx au contraire semble dans son élément. Near ne sait pas s'il doit s'en inquiéter ou s'en amuser.