Accueil
faire semblant que les baleines ne pleurent pas, héphaïstos
Page 1 sur 1
faire semblant que les baleines ne pleurent pas, héphaïstos, posté le Lun 7 Juin 2021 - 23:53.
Il est seize heures. Le ciel est bleu, très bleu - et l'herbe est verte, très verte. Bone dans son uniforme de coton, est agenouillée dans la terre. Le noir sera entachée de tâches humides mais imperceptibles quand elle les frottera de ses deux paumes jusqu'à se les irriter et elle sentira la verdure grasse et printanière jusqu'à dans ses cheveux fous. Elle a retiré sa veste de costume qu'elle a posé à ses côtés, pliée vaguement sans effort. Il y a plus important ! Elle a retroussé sa chemise blanche jusqu'aux coudes et s'est affairée à recueillir un oiseau tombé de son nid. A défaut de pouvoir proprement le soigner, elle peut identifier le mal : le fait de connaître par coeur les anatomies permet de distinguer leurs anomalies. Un instant, elle pense à son frère - se dit immédiatement qu'il saurait s'en occuper - et se renfrogne aussitôt.
L'oisillon tout contre la paume, elle relève son aile du bout du doigt. Il est faible, n'a sûrement pas été nourri depuis un moment par sa mère. Un oiseau tombé du nid est sûrement un oiseau qui ne retrouvera plus ses parents. Elle relève son nez pour observer les branches, casque isolant vissé sur les oreilles, Supermassive Black Hole agressant ses tympans, et distingue le nid. Elle n'abandonne pas le bébé qu'elle garde contre sa peau et envisage toutes les possibilités, silencieuse et immobile.
Très concentrée, visage fermé dans une réflexion intense, elle se fait interrompre par deux chaussures crasseuses dans son champ de vision, dont la semelle écrase les manches de sa veste. Elle relève immédiatement son crâne, profondément heurtée, piquée à vif, visage crispé - son coeur se gonfle et sa main libre se serre : TU ES FOLLE ! Elle crie et s'entend à peine avec son casque. A vrai dire, elle n'imagine pas un instant qu'au-delà de s'exclamer, elle hurle : Je vais te tuer - Je vais te tuer - JE VAIS TE TUER ARRÊTE DE SALIR MES AFFAIRES JE TE DETESTE HEPHAISTOS TU M'ENTENDS JE TE DETESTE TU GACHES MA VIE - Elle respire à peine tout le long, s'étant redressée debout pour lui faire face, la colère explosant d'un coup contre la plus jeune. Elle retire rageusement son casque, rougie par l'effort de ses cris et toujours le presque fœtus avec elle, rajoutant du ridicule à la situation.
L'oisillon tout contre la paume, elle relève son aile du bout du doigt. Il est faible, n'a sûrement pas été nourri depuis un moment par sa mère. Un oiseau tombé du nid est sûrement un oiseau qui ne retrouvera plus ses parents. Elle relève son nez pour observer les branches, casque isolant vissé sur les oreilles, Supermassive Black Hole agressant ses tympans, et distingue le nid. Elle n'abandonne pas le bébé qu'elle garde contre sa peau et envisage toutes les possibilités, silencieuse et immobile.
Très concentrée, visage fermé dans une réflexion intense, elle se fait interrompre par deux chaussures crasseuses dans son champ de vision, dont la semelle écrase les manches de sa veste. Elle relève immédiatement son crâne, profondément heurtée, piquée à vif, visage crispé - son coeur se gonfle et sa main libre se serre : TU ES FOLLE ! Elle crie et s'entend à peine avec son casque. A vrai dire, elle n'imagine pas un instant qu'au-delà de s'exclamer, elle hurle : Je vais te tuer - Je vais te tuer - JE VAIS TE TUER ARRÊTE DE SALIR MES AFFAIRES JE TE DETESTE HEPHAISTOS TU M'ENTENDS JE TE DETESTE TU GACHES MA VIE - Elle respire à peine tout le long, s'étant redressée debout pour lui faire face, la colère explosant d'un coup contre la plus jeune. Elle retire rageusement son casque, rougie par l'effort de ses cris et toujours le presque fœtus avec elle, rajoutant du ridicule à la situation.
Messages : 61
Luxons : 83
Autres comptes : citronnelle
Re: faire semblant que les baleines ne pleurent pas, héphaïstos, posté le Ven 25 Juin 2021 - 23:08.
Au début elle ne décèle pas grand chose.
Ni la paume protectrice de Bone contre l'oisillon blessé, ni le casque pesant qui orne ses oreilles, ni le vêtement candidement déposé sur la pelouse. Seule la tignasse écarlate lui est perceptible : elle jure tant avec le paysage.
Héphaïstos s'avance avec mesure, du pas pesant qu'ont les créatures que rien n'ébranle.
Elle n'explique pas sa présence ici. Sans raison aucune, ses jambes l'ont extirpé du laboratoire pour déambuler aléatoirement jusqu'au jardin, certainement attirées par le désastre que bientôt elles provoqueraient.
Il est si simple de détériorer. C'en est presque désolant.
Tant de soin ont été porté à cette petite veste bien propre, fraîchement repassée, pliée sur un carré d'herbe à l'écart de toute salissure potentielle. Puis un pied, médiocre pied, quelle extrémité ridicule et laide qu'est le pied, qui par mégarde s'aventure.
La catastrophe s'abat en une fraction de seconde.
A l'évidence, Héphaïstos n'a rien remarqué.
Bone si.
Le hurlement la prend par surprise. C'est le sursaut de la bête sauvage ahurie par un coup de feu. Les épaules brusques s'élèvent et la peau a un frémissement qui remonte depuis la voûte plantaire traîtresse jusqu'au cuir chevelu.
Ses globes oculaires ont enflé tout d'un coup et la bouche s'entrouvre, laisse tomber un bout grotesque de langue accompagné de sa bave molle.
Bone, elle, a le visage criard et la hait. Depuis son maigre corps détenu dans sa verve assourdissante, elle la hait. La hait comme Héphaïstos n'a jamais senti personne la haïr.
Le silence retombe, dur comme du diamant.
Alors la folie malade s'empare du ventre de Dora et d'un souffle il s'en expulse un rire abominable. Celui qui prend aux côtes et fait suinter les paupières. Un rire semblable à un crachas, un qui compresse l'air autour d'elle, la suffoque presque.
La rage est le langage premier d'Héphaïstos. Elle ne connaît aucun autre champ lexical pour définir l'affection.
« MOI AUSSI ! MOI AUSSI JE HAIS BONE ! » entre deux hoquets fiévreux, elle aboie et rit et rit et rit « MOI AUSSI JE TE HAIS ! ».
Elle n'avait jamais dit à quiconque qu'elle l'aimait.
Ni la paume protectrice de Bone contre l'oisillon blessé, ni le casque pesant qui orne ses oreilles, ni le vêtement candidement déposé sur la pelouse. Seule la tignasse écarlate lui est perceptible : elle jure tant avec le paysage.
Héphaïstos s'avance avec mesure, du pas pesant qu'ont les créatures que rien n'ébranle.
Elle n'explique pas sa présence ici. Sans raison aucune, ses jambes l'ont extirpé du laboratoire pour déambuler aléatoirement jusqu'au jardin, certainement attirées par le désastre que bientôt elles provoqueraient.
Il est si simple de détériorer. C'en est presque désolant.
Tant de soin ont été porté à cette petite veste bien propre, fraîchement repassée, pliée sur un carré d'herbe à l'écart de toute salissure potentielle. Puis un pied, médiocre pied, quelle extrémité ridicule et laide qu'est le pied, qui par mégarde s'aventure.
La catastrophe s'abat en une fraction de seconde.
A l'évidence, Héphaïstos n'a rien remarqué.
Bone si.
Le hurlement la prend par surprise. C'est le sursaut de la bête sauvage ahurie par un coup de feu. Les épaules brusques s'élèvent et la peau a un frémissement qui remonte depuis la voûte plantaire traîtresse jusqu'au cuir chevelu.
Ses globes oculaires ont enflé tout d'un coup et la bouche s'entrouvre, laisse tomber un bout grotesque de langue accompagné de sa bave molle.
Bone, elle, a le visage criard et la hait. Depuis son maigre corps détenu dans sa verve assourdissante, elle la hait. La hait comme Héphaïstos n'a jamais senti personne la haïr.
Le silence retombe, dur comme du diamant.
Alors la folie malade s'empare du ventre de Dora et d'un souffle il s'en expulse un rire abominable. Celui qui prend aux côtes et fait suinter les paupières. Un rire semblable à un crachas, un qui compresse l'air autour d'elle, la suffoque presque.
La rage est le langage premier d'Héphaïstos. Elle ne connaît aucun autre champ lexical pour définir l'affection.
« MOI AUSSI ! MOI AUSSI JE HAIS BONE ! » entre deux hoquets fiévreux, elle aboie et rit et rit et rit « MOI AUSSI JE TE HAIS ! ».
Elle n'avait jamais dit à quiconque qu'elle l'aimait.
Re: faire semblant que les baleines ne pleurent pas, héphaïstos, posté le Mar 3 Aoû 2021 - 18:30.
Et pendant qu'elle rit, Bone se met à pleurer. Héphaïstos rit, elle rit comme une folle, hystérique car c'est une femme, bruyante car c'est une femme, elle rit, insensible car c'est ce qu'on dit des femmes qui rient du malheur des autres, surtout des autres filles, car Héphaïstos n'est pas vraiment une femme c'est encore une fille elle aussi, par ailleurs une très mauvaise fille qui ne fait rien convenablement. Et pendant qu'Héphaïstos rit comme les filles ne devraient jamais rire, en criant qu'elle la haït si fort qu'elle en rit, Bone pleure avant tant de virulence et de hargne comme ne doivent pas faire les femmes, qu'elle n'en est plus vraiment une, de femme. Ou de fille. Peu importe à cet âge.
Alors, pendant que les rires montent, les sanglots montent aussi, et c'est un concerto d'émotions trop exprimées, la scène est grotesque ! Les filles ne rient pas la langue pendue, et les filles ne pleurent pas la morve au nez - rougies et bouffies - presque suantes - par réflexe elle se met à serrer ce qu'il y a dans ses mains puis hurle en sentant le petit oiseau être compressé entre ses doigts. Elle est si horrifiée, si larmoyante, si dégoulinante de tout, qu'elle n'arrive même pas à savoir si Héphaïstos rit encore. Elle n'arrive plus à savoir si elle pleure encore mais c'est bien le cas. Elle se déverse en grandes cascades excessives en hurlant : MA VESTE ! MA VESTE ! C'est terrible. Tout bonnement terrible car Héphaïstos lui fait devenir ce qu'il ne faut pas : un monstre qui parle trop, et qui pleure trop. MA VESTE ! Elle hurle et c'est à peine articulé, car elle ne s'arrête pas. Elle pleure comme une enfant capricieuse. Son ventre aussi, sous la large chemise, s'agite de soubresauts. Un drôle de miroir de gamines malpolies, qui crient et qui hurlent !
TOUT LE MONDE - TOUT LE MONDE - Cela met du temps à venir. TOUT LE MONDE TE - C'est un effort surhumain d'exprimer ce que l'on ressent. TOUT LE MONDE TE DETESTE HEPH - Elle a le surnom sur le bout de la langue ! Et pourtant, il n'est pas encore sorti. HEPHAISTOS ! Elle n'a plus de larmes tant ses joues sont inondés. MA VESTE ! Elle crie encore, tendant une main vers le sol, où elle se trouve, plus proche d'Héphaïstos - elle tonne pour qu'elle fasse quelque chose, qu'elle la lui tende ou qu'au moins elle la lui jette, agitant ses doigts vers sa cible.
Alors, pendant que les rires montent, les sanglots montent aussi, et c'est un concerto d'émotions trop exprimées, la scène est grotesque ! Les filles ne rient pas la langue pendue, et les filles ne pleurent pas la morve au nez - rougies et bouffies - presque suantes - par réflexe elle se met à serrer ce qu'il y a dans ses mains puis hurle en sentant le petit oiseau être compressé entre ses doigts. Elle est si horrifiée, si larmoyante, si dégoulinante de tout, qu'elle n'arrive même pas à savoir si Héphaïstos rit encore. Elle n'arrive plus à savoir si elle pleure encore mais c'est bien le cas. Elle se déverse en grandes cascades excessives en hurlant : MA VESTE ! MA VESTE ! C'est terrible. Tout bonnement terrible car Héphaïstos lui fait devenir ce qu'il ne faut pas : un monstre qui parle trop, et qui pleure trop. MA VESTE ! Elle hurle et c'est à peine articulé, car elle ne s'arrête pas. Elle pleure comme une enfant capricieuse. Son ventre aussi, sous la large chemise, s'agite de soubresauts. Un drôle de miroir de gamines malpolies, qui crient et qui hurlent !
TOUT LE MONDE - TOUT LE MONDE - Cela met du temps à venir. TOUT LE MONDE TE - C'est un effort surhumain d'exprimer ce que l'on ressent. TOUT LE MONDE TE DETESTE HEPH - Elle a le surnom sur le bout de la langue ! Et pourtant, il n'est pas encore sorti. HEPHAISTOS ! Elle n'a plus de larmes tant ses joues sont inondés. MA VESTE ! Elle crie encore, tendant une main vers le sol, où elle se trouve, plus proche d'Héphaïstos - elle tonne pour qu'elle fasse quelque chose, qu'elle la lui tende ou qu'au moins elle la lui jette, agitant ses doigts vers sa cible.
Messages : 61
Luxons : 83
Autres comptes : citronnelle
Re: faire semblant que les baleines ne pleurent pas, héphaïstos, posté le Mer 8 Sep 2021 - 12:28.
Et les paupières débordent de larmes, ce sont des ruisseaux qui sillonnent les joues gonflées et se mêlent à la morve des narines, se répandent sur les lèvres qui vocifèrent. Héphaïstos ne rit plus : l'éclat infernal s'est anéantit sous les pleurs. Le bruit et la fureur de Bone ont réduit le dieu du feu au silence.
Tout le monde déteste Héphaïstos. Sa sale gueule puante dont dépassent des chicos dégueulasses encore pleines de la bouffe pour son estomac d'affamé. Tout le monde a horreur des empreintes à la crasse intemporelle déposées partout où traîne sa pestilence, partout où s'enserrent ses vieux ongles rognés et noirs. Sa rage de crétine hystérique vomit sur chacune et chacun, dont tout le monde se contrefout parce qu'elle est juste folle et conne.
Tout le monde déteste les enfants et leur impunité. Tout le monde déteste les femmes, si cruelles.
La chair a blêmi. Seules les phalanges tremblent en derniers survivants d'un corps frappé par la stupeur.
A ses pieds, elle distingue enfin l'objet de la tourmente. C'est médiocre, pense Héphaïstos. Des larmes grandiloquentes pour ce bout de chiffon flaccide sans valeur : est-ce donc pourquoi Bone l'abhorre si grotesquement ?
Alors, vicieuse et bête, sa chaussure pleine de boue se soulève et vient à nouveau s'écraser sur le tissu, essuie cruellement sa terre, insiste dans les profondeurs du gazon. Puisque Bone la transperce, il faut bien transpercer en retour.
« Tout monde me déteste ? »
Deux enjambées pour se planter contre Bone, leurs deux visages prêts à s'effleurer.
« Arrête de pleurer chacal. »
D'une main elle vient empoigner le col immaculé de son adversaire. Mais quelque chose attire soudain son attention : ses yeux viennent d'apercevoir l'oisillon entre les doigts de l'autre.
Tout le monde déteste Héphaïstos. Sa sale gueule puante dont dépassent des chicos dégueulasses encore pleines de la bouffe pour son estomac d'affamé. Tout le monde a horreur des empreintes à la crasse intemporelle déposées partout où traîne sa pestilence, partout où s'enserrent ses vieux ongles rognés et noirs. Sa rage de crétine hystérique vomit sur chacune et chacun, dont tout le monde se contrefout parce qu'elle est juste folle et conne.
Tout le monde déteste les enfants et leur impunité. Tout le monde déteste les femmes, si cruelles.
La chair a blêmi. Seules les phalanges tremblent en derniers survivants d'un corps frappé par la stupeur.
A ses pieds, elle distingue enfin l'objet de la tourmente. C'est médiocre, pense Héphaïstos. Des larmes grandiloquentes pour ce bout de chiffon flaccide sans valeur : est-ce donc pourquoi Bone l'abhorre si grotesquement ?
Alors, vicieuse et bête, sa chaussure pleine de boue se soulève et vient à nouveau s'écraser sur le tissu, essuie cruellement sa terre, insiste dans les profondeurs du gazon. Puisque Bone la transperce, il faut bien transpercer en retour.
« Tout monde me déteste ? »
Deux enjambées pour se planter contre Bone, leurs deux visages prêts à s'effleurer.
« Arrête de pleurer chacal. »
D'une main elle vient empoigner le col immaculé de son adversaire. Mais quelque chose attire soudain son attention : ses yeux viennent d'apercevoir l'oisillon entre les doigts de l'autre.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum|
|
|