L'étoile et le renard [Pv Kismet]

Une étoile est une boule massive et lumineuse de plasma liée par sa propre gravité dont le diamètre et la densité sont tels que la région centrale, le cœur, atteint la température nécessaire à l'amorçage de réactions de fusion nucléaire, c'est-à-dire de l'ordre de plusieurs millions de degrés.
Les doigts délicats de l’alter caressèrent la page de droite, entièrement recouverte de photos et autres schémas. Les yeux d’un bleu azur parcouraient les lignes étroites et denses de la page de gauche du magasine scientifique. Loin d’être son sujet de prédilection, elle restait fascinée par tout ce qu’elle ne connaissait pas encore et qui pouvait enrichir sa culture générale pourtant variée.
Parfaite mademoiselle touche-à-tout, la jolie lolita dans sa robe pâle aux couleurs pastels ne se lassait jamais de parcourir les allées remplies de livres et autres contenus ludiques à la recherche de titres, récents comme anciens, qu’elle n’avait pas encore dévoré, véritable ogresse livresque qu’elle était.
Pourtant, les revues scientifiques n’avaient pas sa préférence. Pleine de rêve et de poésie, elle préférait – et de loin – les ouvrages pouvant la faire voyager loin de son quotidien, loin de son passé, loin de ses blessures.
Reposant le magazine, elle secoua négativement la tête, murmurant pour elle seule quelques paroles qui n’avaient que peu de sens.

« Ca ne conviendra pas. C’est beaucoup trop simple. »

Alors elle était retournée flâner dans un autre rayon, y rencontrant un ami lui-même en quête d’une aventure croustillante à se mettre sous la dent pour mieux s’évader de leur prison dorée. Quelques mots échangés, des sourires, un rire à demi-tu pour ne pas déranger les autres lecteurs et la voilà qui s’évade et divague, fredonnant en sourdine un air gai à son image.

Quelques heures plus tard, il la trouverait assoupie dans l’un des confortables fauteuils mis à disposition, un livre de contes ouvert sur les genoux, ses mains délicates échouées pour l’une sur le grain du papier, le long de sa cuisse pour l’autre sous l’épais volume. Une illustration représentait une étoile tombée du ciel, petite fée de lumière, créature multimillénaire perdue hors de son monde, et un renard, animal malicieux, sage et patient qui semblaient deviser de la vie sur une planète bien plus arborée que la Terre.
Et sur le visage de l’adolescente, un sourire paisible. De quoi pouvait-elle bien rêver, à s’être endormie sur une histoire qui semblait porter en elle toute la poésie de son auteur ?
S’en souviendrait-elle elle-même, une fois qu’un impudent l’aurait tirée de sa sieste…

Codage par Libella sur Graphiorum