06. Les informations sur l'établissement

Bien des guides touristiques, employés de l’Office du Tourisme et universitaires de Winchester soupirent d’envie et de regret en direction du vaste domaine de plusieurs hectares qu’est la Wammy’s House. Car son histoire est intrinsèquement liée à celle de Winchester et serait un bel objet de patrimoine à visiter si Quilish Wammy ne l’avait acheté - grâce à ses nombreux brevets - à son dernier propriétaire en 1987.

L’origine du bâtiment commence en 992 lorsque des Bénédictins décident de poser la première pierre d’un monastère à l’extérieur des remparts de Winchester, dans le village d’Abbotts Barton. Troisième bien de l’Ordre bénédictin à Winchester, avec Old Minster et New Minster ; le Monastère Abbotts joue un rôle actif pour l’évêché. Excentré à trois kilomètres du cœur de la ville médiévale, le monastère accueille des ateliers d’art, spécialisés dans la peinture et le tissage.
Détruit une première fois durant la conquête normande d’Angleterre (1066 - 1075), le monastère est reconstruit en 1092 et nommé en l’honneur  d’un grand évêque de Winchester, Æthelwold (904 - 984). Le monastère s’agrandit et se diversifie avec la construction d’une métairie et d’un moulin.  

Hélas, pendant le siège de Winchester (1141), le monastère est encore détruit et brûlé. Cependant, la création de deux souterrains entre les différentes invasions permettent aux moines de sauver plusieurs ouvrages et œuvres d’arts de l’incendie. Dix ans plus tard, le monastère se dresse de nouveau flambant neuf à Abbotts Barton, prêt à accueillir l’un des plus grands ateliers de reliure de livres.

En effet, la bibliothèque du monastère d’Æthelwold est en 1430 l’une des plus riches de la région avec celle de l'abbaye de Hyde. S'il est un lieu de pèlerinage plus discret que son confrère, le monastère accueille en son sein nombre de fils de nobles et même un membre de la dynastie Plantagenêts, enterré en ses murs. Hélas, le monastère d’Æthelwold disparaît en 1539, suite à la dissolution des monastères ordonnée par le roi Henri VIII. Du souvenir de son passé monastique ne reste que le cimetière, le bâtiment principal et les pierres mousseuses du moulin au fond de l’étang. Aucune trace ne demeure de la tombe du prince Plantagenêts et des biens de la bibliothèque bénédictine. Bien que l’on chuchote que son fantôme hante les murs et que les passages secrets abriteraient peut-être des cartulaires soigneusement cachés par les moines avant leur expropriation.

Pendant près de deux cent, les murs du monastère sont laissés à l’abandon. Utilisés parfois par les villageois comme prison ou grenier à blé. Jusqu’à ce qu’un grand propriétaire foncier acquiert le domaine au XVIIIe siècle et en fasse le plus beau manoir d’Abbotts Barton : Hunsford Park. Outre les vitraux restaurés de l’ancien monastère, le domaine se pare d’un magnifique jardin dont le bois avec son étang et son kiosque font le bonheur des nombreux invités venus piétiner les dalles et allés en réception et bals au fil des décennies.

Les affres du début du XXe siècle frappent malheureusement les propriétaires qui se battent vainement pour l’héritage d’un manoir devenu trop coûteux à entretenir après la Grande dépression et la Seconde Guerre Mondiale. Hunsford Park, comme le monastère d’Æthelwold, se trouve de nouveau délaissé pendant trente ans. Seul avec sa poussière et ses fantômes.

Pourtant.
Un jour de printemps 1987.
La grille rouillée grince plaintivement de nouveau et trois silhouettes marchent entre les hautes herbes. Deux hommes et une femme.
Sur le perron, l’un d’eux sort une clef et la fait tourner dans la serrure.
Puis, il y a eu des coups de balai, de marteau et de pinceau. Ensuite, il y a eu des rires d'enfants, des jeux dans le grand parc, des souvenirs immortalisés sur papier glacé.

Wammy’s House est née.